PCI va-t-il renverser l’ordre établi ?

09.12.2022 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


David contre Goliath

Entertainment. Vous aussi, vous avez testé ChatGPT, le nouveau modèle d’OpenIA – une entreprise détenue, soit dit en passant, par Elon Musk ? Dans mon entourage, certains sont presque devenus accros et l’utilisent même dans leur travail.

Gloutonnerie. Capable de répondre à nombre de questions, d’écrire des poèmes ou de raconter des histoires, cette intelligence artificielle impressionne. Il faut dire que ce genre de robot a digéré une bonne partie des contenus présents sur le web pour y arriver.

Roulette russe. Mais, nous en parlions en juin 2021 dans notre numéro « Quand les IA parleront comme vous et moi », ces avancées développées principalement par les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) se font aux dépens de la recherche fondamentale et avec le risque de renforcer les biais de nos sociétés. Méfiance, donc.

Alternative. Méfiance également envers les grandes maisons d’édition qui, pour continuer à engranger des profits, ouvrent certes l’accès à nombre de leurs revues mais l’assortissent de frais de publication pour les auteurs. Un système que souhaitent renverser les chercheurs à l’origine de Peer Community In, une initiative à laquelle nous consacrons notre analyse de la semaine.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

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Sommaire

→  ANALYSE  PCI, histoire d’affranchis
→  UN CHIFFRE  La science dans la presse
→  UN OUTIL  La bonne mention pour vos données
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Sur un malentendu…

TEMPS DE LECTURE : 3 ou 7 MINUTES

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ANALYSE

Comment PCI veut affranchir vos publis


Unique en son genre, l’initiative Peer Community In remet en cause l’ordre établi du système de publication et commence à se faire une place chez les biologistes.

Se passer des grandes maisons d’édition et créer des revues gratuites et en accès ouvert, en voilà une belle idée, n’est-ce pas ? Mais, soyons francs, lorsqu’il sera temps de soumettre votre prochain papier, n’irez-vous pas chez Nature ? Les réflexes sont tenaces. Denis Bourguet, Thomas Guillemaud et Benoit Facon, les trois fondateurs de Peer Community In (PCI), l’avaient anticipé (…)

UN CHIFFRE

10%

C’est la part accordée à la science dans la presse, selon le rapport d’un collectif de chercheurs de Toulouse, Neuchâtel et Louvain. Ceux-ci ont analysé 150 000 articles parus dans Le Monde, Le Soir (Belgique) et Le Temps (Suisse) ces vingt dernières années. Si les sujets scientifiques sont généralement traitées au travers d’autres thématiques (géopolitique, économie…), la Covid a propulsé le champ médical en “une” et les papiers liés au climat ont été multipliés par trois en vingt ans. Mais les mauvaises habitudes évoluent lentement : les sciences exactes restent plus présentes que les sciences humaines et sociales et la parole scientifique est  accaparée par des hommes les trois quart du temps.

UN OUTIL

La bonne mention pour vos données

Vous êtes de plus en plus incités à publier vos données, notamment via la plateforme Recherche Data Gouv – pas toujours de manière fluide, comme l’analyse notre confrère Martin Clavey dans les colonnes de Next Impact. Certains d’entre vous publient même des “data papers” décrivant les données, leur méthode d’acquisition et leur potentiel – voici des explications dans une fiche du CoopIST du Cirad – dans des revues appelées “data journals” (dont voici une liste au besoin). Mais dans un papier d’analyse, comment ensuite faire correctement mention des données et distinguer données produites et données citées ? Le service CoopIST propose cette autre fiche consacrée à la question en rappelant les enjeux et présentant plusieurs exemples.

EXPRESS

Des infos en passant


● Publier, publier, publier. Quand la production de connaissance se transforme en marchandise et que les autres aspects de la recherche – conférence ou enseignement – sont délaissés, que les encadrants de thèse ne sont vus que comme des facilitateurs à la publication et les pairs comme des rivaux… Bienvenue dans la peau des doctorants chinois poussés à la publication selon cette étude parue dans Studies in Higher Education. Les auteurs appellent à couper court à l’évaluation centrée sur les publications et l’expliquent sur le blog Impact of Social Science.

● Shine on you, crazy. Souvent questionnées sur leur modèle économique, les revues de type diamant – en accès ouvert et sans frais de publication – mériteraient d’être considérées comme un système de publication plus durable, soutient le sociologue Didier Torny sur son blog. Un exemple parmi d’autres : la création d’une nouvelle revue soutenue par l’IRD et Ifremer, gérée par EDP Sciences.

● Sans trêve ni repos. Deux scientifiques, dont la Française Emilie Gios, ont été arrêtés lundi 05 décembre à Trondheim en Norvège pour avoir bloqué une route. L’action orchestrée par Scientist Rebellion – relire l’épisode un et deux de notre série –, a été retracée sur Twitter et visait à demander l’arrêt de toute nouvelle prospection pétrolière dans les eaux norvégiennes.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Labo accusé. Depuis deux ans, un laboratoire de chimie à Bobigny fait face à une affaire d’inconduite scientifique après que des figures douteuses ont été détectées dans plusieurs publications, révèle une enquête du Monde. À l’origine de ces signalements : le physicien Raphaël Lévy, défenseur de l’autocorrection des sciences, dont TMN avait dressé le portrait.

→ (Stan)fraude. Autre cas d’inconduite scientifique, de l’autre côté de l’océan cette fois. Le président de l’université de Stanford est accusé d’avoir trafiqué les figures dans plusieurs de ses articles, rapporte The Stanford Daily. Et TMN vous a, ici aussi, déjà parlé de la personne à l’origine de ces révélations : Elisabeth Bik.

→ Inspecteur programmé. Comment repérer les fraudes scientifiques ? L’informaticien Guillaume Cabanac revient pour le blog de vulgarisation Binaire, hébergé par le Monde, sur son parcours et sur l’outil algorithmique qu’il a développé pour détecter les articles « bidons » dans les revues les plus prestigieuses.

— Revue de presse rédigée par Noémie Berroir

SUR UN MALENTENDU

Et pour finir…


Pourquoi donc s’embêter à calculer proprement les incertitudes ? Les auteurs de ce papier pensaient peut-être que cela passerait inaperçu