Postdocs contre la montre

30.09.2022 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Sorbonne plage

Témoignez. Au cœur de la côte de granit rose, L’Arcouest est une pointe bretonne connue pour ses paysages découpés et sa proximité avec l’ïle de Bréhat. Mais l’Arcouest est aussi un lieu apprécié des scientifiques.

Nobels en maillots. Marie Curie, Jean Perrin, Frédéric et Irène Joliot-Curie… de grands noms ont fréquenté cet endroit surnommée Sorbonne plage, comme le raconte dans son roman éponyme le journaliste Édouard Launet.

Héritage. Un siècle après, un petit groupe de chercheurs s’y est retrouvé pour s’interroger sur le rôle de la recherche et des scientifiques dans la société, des questions chères aux fondateurs de l’Union Rationaliste.

Save the date. Un documentaire prenant en est né : le Manifeste de l’Arcouest. Il sera projeté lors du festival Pariscience et j’animerai la table ronde qui suivra le 29 octobre. Notez la date et retrouvez toutes les informations dans la rubrique « Des infos en passant » un peu plus bas !

Affaires cessantes. De Sorbonne, il en sera justement question dans notre enquête de la semaine sur les postdocs. Aucunement pour lui jeter la pierre mais en toile de fond de la mise en place du nouveau contrat de postdoc limité à trois ans après la thèse. Vous avez bien lu. 

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE  Des postdocs contre la montre
→  CHIFFRE  Petits arrangements avec la science
→  OUTIL  Trouver Open à son pied
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Des sauts cosmiques
ERRATUM Faute avouée…

TEMPS DE LECTURE : 3 ou 7 MINUTES

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ANALYSE

Postdocs, votre temps est compté


Trois petites années et puis s’en vont, ainsi font les nouveaux contrats de postdoc introduits par la loi Recherche (LPR). Leur mise en place dans les universités n’est pas exempte de difficultés… ni de critiques.

Vous avez fraîchement soutenu votre thèse ? Désormais, il vous faudra trouver un poste dans les trois ou quatre ans qui suivent ! C’est la philosophie du nouveau contrat de postdoc introduit par l’article 7 de la loi recherche fin 2020 et précisé par un décret – et un arrêté pour les rémunérations – de novembre 2021. Si la motivation première était certainement d’avoir un cadre juridique spécifique pour les postdocs (…)

UN CHIFFRE

14%

C’est le pourcentage de chercheurs qui déclarent ne pas tenir compte de certaines observations ou de résultats jugés intuitivement comme non pertinents, d’après une étude menée au sein du Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique de la Sorbonne (Gemass) par Michel Dubois et Catherine Guaspare sur plus de 2000 personnels de recherche du CNRS au printemps dernier. Ces travaux paraissent aujourd’hui même ! Le volet sur l’intégrité scientifique révèle également que 2% d’entre eux évitent de présenter des données qui pourraient contredire leurs hypothèses. Peu ou déjà trop ?

UN OUTIL

Trouver open à son pied

La science ouverte, vous approuvez l’idée mais en pratique, trouver une revue dans laquelle publier n’est pas toujours évident… Ce n’est pas une fatalité ! Premièrement, au lieu de l’impact factor, vous pouvez vous fier au TOP facteur qui mesure l’adéquation entre les pratiques de la revue et les principes de la science ouverte. En 4ème position se trouve par exemple la plateforme Peer Community In avec son système de registered reports – relire notre explication sur ce sujet. Merci au service Open science de Pasteur de l’avoir pointé. Deuxièmement, si vous avez déjà le titre, le résumé et les références de votre article, vous pouvez demander à l’outil B!SON quelle revue en accès ouvert sera la plus pertinente. Développé par des chercheurs et bibliothécaires allemands, le logiciel est basé sur une analyse sémantique et bibliométrique. Vous n’avez maintenant plus d’excuses !

EXPRESS

Des infos en passant


● Septième art. Le festival de documentaire scientifique Pariscience revient comme chaque automne et TheMetaNews en est partenaire. Un film qui vous parlera sûrement, le Manifeste de l’Arcouest, sera projeté samedi 29 octobre suivi d’une table ronde animée par vos journalistes de TMN. Beaucoup d’autres films sont au programme.

● Bercy beaucoup. Autre évènement dont TMN est partenaire : la deeptech voit BIG se tiendra le 05 octobre prochain à Bercy — pardon Accor Arena — à Paris. Au programme : de la deeptech, évidemment. Et si vous vous demandez encore ce que c’est, réécoutez nos podcasts sur le sujet.

● New brother. Le cœur de HAL – nommé en référence à l’intelligence artificielle de 2001 Odyssée de l’espace, relisez l’interview de son créateur Franck Laloë – va être complètement refondu ! C’est ce qu’annonce le CCSD, tout juste lauréat d’un Equipex+.

● Spectre marseillais. La transparence et la complétude des essais cliniques menés pour des traitements contre la Covid laissent à désirer, conclut une étude publiée dans BMC Medecine et menée sur 250 articles. Le peer review ne semble pas avoir amélioré les choses. L’ombre de Didier Raoult plane toujours.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Passage à l’acte. Les scientifiques se mouillent pour sauver la planète. Un collectif exprimait son soutien à la grève mondiale pour la justice climatique dans une première tribune publiée dans le Monde. Trois chercheurs vont plus loin et justifient l’usage de la désobéissance civile dans une seconde.

→ Merle moqueur. Du couple qui faisait trembler l’Élysée, il ne reste aujourd’hui que Monique. Le sociologue Michel Pinçon est décédé et les journaux de gauche le pleurent, comme Libération, ou Daniel Mermet, présentateur de feu l’émission de France Inter Là bas si j’y suis, qui les avait reçus à de nombreuses reprises.   

→ Soupe populaire. Les doctorants sont dans la galère : un quart d’entre eux est sans financement et l’inflation ne fait qu’empirer leurs situations, d’après une enquête conduite par le syndicat étudiant la Fage, interviewé par France Info. Des répercutions aussi pour la recherche : la France compte 10 000 doctorants de moins qu’il y a dix ans.

ENTRE DEUX EAUX

Et pour finir…


Nous sommes bien peu de choses… mais à quelle échelle ?

ERRATUM

Le CNRS soutient bien le modèle subscribe to openet y contribue avec certains éditeurs. Dans notre numéro du 23 septembre 2022, il fallait donc lire : « Par peur d’une dépendance accrue aux gros éditeurs, le CNRS dit ne pas vouloir développer les accords couplant abonnements et frais publications au sein d’un même contrat ». En effet, ceux-ci contribuent à accélérer la hausse des frais de publication en accès ouvert (APC), explique la Direction des données ouvertes de la recherche (DDOR) du CNRS.