Qui fait quoi dans vos papiers ?

17.03.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


En haut de l’affiche

Je m’voyais déjà. La bataille pour être premier auteur : n’avez-vous pas toutes et tous vécu cela un jour ? Lorsque vous estimiez mériter cette place de choix, être le nom par lequel le papier sera cité…

Autogestion. Vous en aviez également besoin pour votre CV ! Mais l’un de vos collègues voulait tout autant être en tête, les rôles n’avaient pas été bien définis au départ et le chef d’équipe n’en avait cure…

Iniquité. Alors on négocie et on arrive parfois à ce compromis : apposer un astérisque pour signifier que les deux premiers auteurs ont contribué de manière égale. N’empêche que l’un reste toujours en première position.

Grand déballage. Expliciter voire chiffrer la contribution de chacun permettra-t-il de désamorcer d’éventuels conflits ? Cette transparence permettrait aux seconds, troisièmes, quatrièmes auteurs de faire valoir leur apport. Ça vous intéresse ? Alors lisez notre analyse de la semaine.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

PS. Notrecampagne « Demain, ouvrir TMN » est maintenant finie, voici le résultat définitif (suspense) !

Sommaire

→  ANALYSE  Auteurs : un pour tous, tous pour un
→  UN CHIFFRE  La température de l’ouverture
→  UN OUTIL Rendez vos analyses reproductibles
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Le tango des protons

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Qui fait quoi dans une publi ?

Petit tour des systèmes existants et des propositions permettant d’expliciter les contributions de chaque auteur dans un papier.

   ↳ C’en est-il fini du “nous” académique ? Imaginez que chaque co-auteur de votre prochain papier puisse parler en son nom propre de sa contribution et – pourquoi pas – exprimer son point de vue. Une petite révolution dans nos habitudes d’écriture académique, n’est-ce pas ?

UN CHIFFRE

67%

C’est la part des publications françaises parues en 2021 qui étaient en accès ouvert en décembre 2022, selon la nouvelle édition du baromètre de la science ouverte. Le ministère se félicite d’un gain de 5 points par rapport à l’année précédente et 29 points depuis 2018. Les disparités selon les disciplines restent cependant marquées : 80% d’ouverture en maths contre seulement 55% en sciences humaines et sociales, selon la note de la Sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques (SIES). Cocorico, côté open science, donc : au niveau mondial en 2021, le taux d’ouverture des publications est de 50%. Il était de 38% en Chine, d’après le rapport de l’Association pour les sciences et technologies chinoise. Ce dernier analyse une explosion – comme ailleurs – du modèle de publication avec frais de publication – APC ou gold pour les intimes –, mais également la présence significative d’une autre catégorie de revues : le bronze, qui offre un accès gratuit mais sans fournir de licence. Nous y reviendrons.

UN OUTIL

Analyser, faire reproduire

Rendre ses recherches plus reproductibles, ça vous parle, mais comment faire en pratique ? Intitulé Recherche reproductible : principes méthodologiques pour une science transparente, ce MOOC aborde la prise de notes, le document computationnel et la réplicabilité des analyses. Concocté par trois chercheurs en informatique, bioinformatique et biophysique, ce module propose l’application sur trois outils de notebook différents : Jupyter, RStudio et Emacs/Org-mode. Des bases en Python et/ou en language R sont souhaitables. Pour des profils doctorant, ingénieur ou chercheur, le temps total estimé de 24h et vous avez un an pour le valider. Envie de lire sur le sujet ? Spectrum news raconte le cas précis de l’imagerie du cerveau pour des études sur l’autisme comme illustration du problème de réplicabilité des expériences en recherche biomédicale. Pour comparer différents travaux, l’ouverture des données s’est révélé bénéfique.

EXPRESS

Des infos en passant

● Géopolitique (suite). Ce n’est ni la première, ni la dernière : parue dans Nature Ecology & Evolution, une étude sur plus de 300 000 articles soumis met en évidence le caractère négatif des reviews lorsque les auteurs sont affiliés en Asie, dans des pays non-anglophones ou avec un indice de développement faible. Certainement une des raisons pour lesquelles ils se tournent plus volontiers vers les revues prédatrices, comme l’analysait Emanuel Kulczycki.

● Un chasseur chassant chasser. Quelle est la différence entre un bon accord et un mauvais accord ? Voici un décryptage des accords transformants – mêlant abonnement et frais de publication – par le consortium Couperin, chargé des négociations pour l’ensemble des établissements et organismes de recherche français.

● Point critique. Vingt ans après deux énormes scandales de fabrications de données – les affaires Ninov et Schön –, la Société américaine de physique réitère son enquête sur l’intégrité scientifique. Résultat ? Les physiciens américains sont plus au fait des codes de bonnes conduites institutionnels mais le nombre de jeunes chercheurs déclarant avoir ressenti des pressions pour contrevenir aux bonnes pratiques est en inquiétante augmentation (lu dans la lettre de l’Ofis).

● Rafraîchissements. Les candidatures pour le workshop de vulgarisation scientifique ComSciCon sont ouvertes jusqu’au 26 mars. Gratuit et à destination des doctorants, celui-ci aura lieu du 3 au 5 juillet 2023 à Nancy. Autre candidature possible : celle pour effectuer une résidence dans un musée, ouverte jusqu’au 17 avril. Et on continue avec la création de jeux vidéo scientifiques par des équipes constituées de jeunes chercheurs et de développeurs informatiques. L’événement Scientific Game Jam a démarré mais continue jusqu’au 2 avril. Vous pourrez aussi voter pour votre jeu favori.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Compassion fatale. Culpabilité, anxiété, dépression… C’est le sort réservé à ceux qui prennent soin des animaux dont la recherche biomédicale a besoin – neuf sur dix expérimentent au moins une fois dans leur carrière cette fatigue de la compassion. Le magazine Science dresse le portrait de ces animaliers qui souffrent en silence et raconte l’émergence du programme Dare 2 Care dont l’ambition est de leur venir en aide.

→ Jamais deux sans trois. Ce pourrait être une des plus grandes découvertes du siècle avec d’énormes débouchés à la clé mais la communauté reste sceptique. Le physicien britannique et ses collègues qui affirment avoir trouvé un matériau supraconducteur à température ambiante sont suspectés de fraudes sur plusieurs précédents papiers – dont un rétracté –, rappelle le journaliste pour la revue Physics. 

→ Votre nouveau collègue. Si vous n’êtes pas fatigués d’entendre parler de ChatGPT, voici un nouvel article intéressant par Times Higher Education. Intéressant car il plonge au cœur des pratiques de la recherche – comme l’analyse que nous vous avions préparée – et montre comment certains chercheurs s’en emparent pour effectuer des tâches répétitives. 

→ Alternatif. Malgré un démarrage mitigé, Mastodon s’avère un lieu plus sain pour discuter librement entre scientifiques, au sein de communautés thématiques. Une source d’inspiration pour construire une autre façon de faire de la recherche, d’après le journaliste scientifique Martin Clavey dans les colonnes de NextImpact, toujours très actif sur Twitter cependant.

→ Question de priorité. Jeune chercheuse contractuelle, Delphine se demande si elle sera toujours aussi réactive à 64 ans face aux étudiants. Le magazine Alternatives économiques livre son portrait et expose sa situation précaire qui inquiète aujourd’hui la jeune femme encore plus que la réforme des retraites – dont TMN vous livrait une analyse spéciale recherche


→ Chercheuse recherchée. À l’approche de son énième procès prévu pour le 31 mars en Turquie, plusieurs tribunes de soutien à la chercheuse exilée en France depuis plusieurs années, Pinar Selek, sont publiées : dans le Monde et dans Reporterre. A priori, vous pourrez lire une interview de l’intéressée dans TMN d’ici quelques semaines.

LE TANGO DES PROTONS

Et pour finir…

Comment expliquer votre recherche par la danse ? Ces chercheurs l’ont fait.