Retour sur une folle après-midi

06.12.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Statut de bronze

Concours. Une bonne partie du monde de la recherche bénéficie encore du statut de fonctionnaire. Nombreux rêvent de le devenir, comme en témoignent les jeunes chercheur·ses qui ont participé à notre événement « No Future ? »

Menacé. Un statut pourtant régulièrement remis en question, le dernier exemple étant le plan contre l’“absentéisme” des fonctionnaires, porté par le ministre démissionnaire de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian.

Jaloux. Des attaques contre les “privilèges” des fonctionnaires, qui en réalité compensent des conditions de travail parfois difficiles et des salaires bien inférieurs au privé – peu d’entre vous me contrediront sur ce point.

Verdict. En ce lendemain de mobilisation pour les services publics, dont la recherche fait bien entendu partie, nous revenons en détail sur « No Future ? », le Grand Oral de la recherche que nous avons organisé le 28 novembre.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  « No Future ? », une folle après midi en détail
→  OUTIL  Les logiciels incontournables pour votre thèse
→  CHIFFRE  Des frais de publication bien élevés
→  ÇA VOUS A FAIT RÉAGIR  Jean-Nicolas Dumez précise les choses
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Mbappé au Smic

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

℗ Contenu réservé à nos abonné·es

ANALYSE

« No Future ? », retour sur une folle demi-journée

Trois heures durant, jeunes chercheurs et dirigeants de la recherche ont débattu — et se sont parfois opposés — sur l’avenir de la recherche.

     ↳ La recherche fait-elle toujours rêver les jeunes chercheuses et chercheurs ? TheMetaNews a tenté d’y répondre lors d’un événement intitulé No Future ? et qui s’est tenu jeudi 28 novembre 2024 à Paris. Six d’entre eux étaient sur scène. Quatre hommes, deux femmes. Deux doctorants, quatre jeunes docteurs avec leurs interrogations, leurs dilemmes quant à la poursuite d’une carrière académique. Face à eux, quatre grands intervenants ont défilé (…)

OUTIL

Le kit de démarrage pour la thèse

Incontournable. Doctorant·e, avez-vous tous les outils pour mener votre thèse à bien ? Voici cinq logiciels de base, présentés dans une vidéo Youtube par le Décodeur du doctorat, qui balayent pratiquement tous les aspects de la thèse :

  • Pour gérer votre bibliographie et citer proprement : Zotero
  • Pour avoir la plus belle mise en page sans prise de tête : l’éditeur Latex en ligne Overleaf
  • Pour organiser vos notes et désengorger votre navigateur web : Notion
  • Pour suivre l’avancement de vos projets et ne pas perdre le fil : Trello
  • Pour gérer au mieux votre temps et minuter vos différentes tâches : Toggl

Ces recos sont valables également pour les plus avancés·es ! Et pour vous, quel est votre logiciel de prédilection ? Dites le nous en répondant à ce mail !

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● #HelloESR. Scientifiques ou non, le constat est sans appel : les utilisateurs de X en partent massivement. Nous vous en parlions, le phénomène avait débuté dès le rachat de Twitter par Elon Musk mais son soutien à Donald Trump lors des dernières élections l’a largement accéléré. Des utilisateurs inquiets des dérives qui arrivent aujourd’hui en nombre sur Mastodon et/ou Bluesky (suivez-nous). Avec toujours les mêmes dilemmes pour les chercheurs : abandonner une bonne partie de ses followers et laisser le champ libre aux fake news sur X, souligne Nature. Voici sur le blog LSE Impact of social sciences quelques bons conseils pour démarrer sur Bluesky, très similaire à Twitter mais avec de petites différences.

● Oscars de l’open. Les prix Science ouverte du logiciel libre de la recherche ont été remis à huit logiciels, ceux mettant à l’honneur les données récompensent sept projets de recherche. Si vous cherchez des arguments, un preprint déposé sur arxiv montre que l’open access augmente les citations interdisciplinaires, notamment en chimie, informatique et médecine.

  Mais aussi…   Vous avez été recruté·e en 2021 ou postérieurement ? Ce questionnaire lancé par un sociologue est pour vous, avec pour objectif de documenter d’éventuels écarts de traitements Clap de fin pour la Confédération des jeunes chercheurs ? Celle-ci organise samedi 14 décembre 2024 une journée pour préparer la suite Le MOOC Doctorat et Poursuite de Carrière démarrera le 14 janvier, à destination des doctorant·es de toutes disciplines et des docteur·es en recherche d’emploi ou insérés

CHIFFRE

8,3 milliards

Entre 2019 et 2023, les chercheurs du monde entier ont dépensé 8,3 milliards de dollars en frais de publication pour publier parmi les six grands éditeurs (Elsevier, Frontiers, PLOS, MDPI, Springer Nature and Wiley), révèle un preprint déposé sur arxiv, à la suite d’une étude publiée l’an dernier dans Quantitative Science Studies. Le montant annuel a presque triplé en quatre ans et en en 2023, les sommes les plus élevées étaient raflés par MDPI (680 millions de dollars), suivis de près par Elsevier et Springer Nature (plus de 500 millions de dollars). Et vous, vous feriez quoi de cet argent ?

ÇA VOUS A FAIT RÉAGIR

« Votre article sur le prix Nobel remis à Google pour AlphaFold était passionnant, comme toujours, merci ! Mais je ne résiste pas au souhait de signaler que c’est la spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN) et non l’imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM) qui permet de déterminer la structure des protéines. L’IRM n’a vraiment pas une résolution spatiale suffisante pour cela, tandis qu’en RMN on exploite des mesures de distances interatomiques pour en déduire une structure, mais en moyenne sur un très grand nombre de molécules.»

Jean-Nicolas Dumez | Chercheur CNRS exerçant dans un labo sous la cotutelle de Nantes Université et spécialiste… de RMN !

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Patient zéro. Après deux ans d’enquête et des dizaines d’auditions de scientifiques, un comité composé d’élus républicains à la Chambre des représentants des États-Unis publie un rapport concluant à la fuite d’un labo de Wuhan du virus SARS-CoV-2, rapporte ScienceInsider. Mais leurs opposants démocrates ne sont pas du même avis et d’autres études se montrent beaucoup plus prudentes, pointe Nature.

→ Comme un prince. En pleine transition, eLife se voit retirer son facteur d’impact. Bien qu’elle n’ait jamais soutenu le concept, la revue devra rester attentive aux conséquences de cette décision sur la quantité de soumission et sur ses financements, souligne Retraction Watch.

→ Greta en blouse. Vos collègues continuent de se mobiliser hors des labos sur les enjeux écologiques. Sept d’entre eux dont Wolfgang Cramer étaient sur le plateau de l’émission À l’air libre de Mediapart. Les membres de l’Atelier d’Écologie politique de Toulouse signent quant à eux une tribune dans Le Nouvel Obs plaidant pour l’arrêt du projet d’autoroute A69.

→ Objectif Lune. Ils se feraient certainement qualifier de “technosolutionnistes” par les précédents : deux membres de l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT, qui attribue notamment les financements de thèse Cifre) tentent d’imaginer comment continuer l’exploration spatiale dans un monde à 4°C. À lire dans Le Monde.

→ Identité volée. L’écologue Michael Bertram a vu son nom apparaître sur plus de vingt publications à son insu… La revue Science of the Total Environment d’Elsevier a finalement rétracté les faux articles, apparemment acceptés grâce à de fausses reviews. ScienceInsider interviewe le chercheur usurpé.

→ Double face. L’Université Aix-Marseille va surveiller ce que ses chercheurs publient sur les réseaux sociaux et envisage de lancer une procédure disciplinaire contre l’un d’eux (Éric Chabrière pour ne pas le citer), révèle L’Express. Le même média publie également un portrait du chercheur indépendant Fabrice Frank qui traque ces dérives.

→ Big deal. Troisième mondial en termes de publication, l’Inde a finalisé un accord avec une trentaine d’éditeurs dont les géants Elsevier, Springer Nature et Wiley. S’élevant à plus de 700 millions de dollars sur trois ans, la facture totale dépasse les précédentes mais permet l’accès à un plus grand nombre de revues, souligne ScienceInsider.

↯ : liens menant à des articles protégés par un paywall

MBAPPÉ AU SMIC

Et pour finir…

Et si on payait les scientifiques mieux que les footballeurs ?