
31.10.2025 • N° 542 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Dites-moi comment vous encadrez…
Unique. Le doctorat, c’est pour la vie. Trois ans à travailler d’arrache-pied sur un sujet, pour le meilleur comme pour le pire. Avec la consécration d’imprimer son manuscrit et de le présenter devant ses pairs mais aussi sa famille et ses amis.
Rêve et réalité. Passage obligé pour accéder au monde académique, la thèse reste encore fantasmée, tel un rite initiatique. Mais après moult évolutions, elle est en réalité en passe de devenir une expérience professionnelle comme une autre.
Dans le concret. Quelles conséquences pour les directeurs et directrices de thèse ? Nous revenons cette semaine sur les échanges d’une après-midi organisée sur ce sujet par TheMetaNews et l’INSTN (CEA Saclay).

Bonne lecture,
— Lucile de TheMetaNews
PS. En novembre 2024, la physicienne Jessica Lévêque (CNRS) avait rejoint pour une semaine l’équipe de TheMetaNews, dans le cadre d’un échange organisé par l’Association de journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI). Nous publions cette semaine son “rapport de stage”, plutôt élogieux pour nous, on vous rassure.
Sommaire
→ ANALYSE L’encadrement doctoral mis à nu
→ OUTIL Tout sur les tableurs
→ EXPRESS Un procès sans fin et l’impact environnemental hors CO2
→ CHIFFRE Des doctorants plutôt happy
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR La doudoune antiscience
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ANALYSE
L’encadrement doctoral mis à nu
L’encadrement est au cœur de l’expérience doctorale, un sujet de plus en plus discuté… et étudié. Retour sur le débat que la rédaction de TMN a mené au CEA le 15 octobre dernier.

Trois années ou plus à travailler sur un même sujet dans un laboratoire, sous la direction d’un ou plusieurs encadrant·es, pour finalement rédiger son manuscrit et le présenter devant ses pairs… Chaque docteur·e ressort marqué·e à jamais par son doctorat. Une expérience qui conditionnera sa poursuite dans le monde de la recherche… et, plus tard, sa façon d’encadrer (…)
OUTIL
Tout sur les tableurs
Case départ. Certains puristes jugeront que les tableurs – notamment sous Excel – ne sont pas les meilleurs outils pour la recherche mais, tout de même, il peut être utile de les maîtriser car ils recèlent de nombreuses fonctions. Des graphiques aux diagrammes de Gantt, en passant par les fonctions de tri ou conditionnelles… grâce à ce tutoriel sous forme de tableur Google sheet concocté par WeDoData, vous apprendrez forcément quelque chose.
EXPRESS
Pendant ce temps dans les labos
● Histoire sans fin. La décision est tombée mardi 21 octobre à Istanbul : le procès de la sociologue franco-turque Pınar Selek – relire notre interview – est (encore une fois) reporté au 2 avril 2026 et son mandat d’arrêt international est maintenu. « Il faut mettre un terme à l’insupportable persécution de Pınar Selek », réclamaient dans un communiqué plusieurs collectifs dont l’Association pour la Liberté Académique (Alia).
● Research B. La recherche a-t-elle d’autres impacts environnementaux que les émissions de gaz à effet de serre ? À partir des données d’une centaine de labos en France, des chercheurs ont mis au point une méthode inédite pour estimer leurs effets sur la santé humaine et les écosystèmes. Des résultats dans le prolongement de ceux déjà obtenus via les bilans carbone : les achats génèrent le plus de dommages, notamment par l’émission de particules fines et de produits toxiques pour les humains mais aussi à cause de l’occupation des sols et de l’acidification des sols et des mers. Dans leur preprint déposé sur Zenodo, les auteurs ont étudié un scénario de décarbonation, avec une bonne nouvelle : il serait possible de diminuer de près de 30% les émissions de CO2 sans trop aggraver d’autres impacts. « La sobriété reste le meilleur moyen de réduire sur tous les plans », rappelle Philippe Loubet, l’un des auteurs que nous avons interrogé.
● Mais aussi… ● Les coûts parfois bien cachés de l’open access – nous vous en parlions – retombent sur les bibliothèques, analyse celle de l’École polytechnique fédérale de Lausanne ● Jusqu’où utiliser l’IA dans vos publications ? Wiley publie un guide à destination des chercheurs, éditeurs et reviewers et EDP Sciences met à jour sa politique en la matière ● Une nouvelle revue « profanée » – relire notre analyse – a été identifiée par des collègues espagnols, il s’agit de Revista Electrónica de Ciencia Penal y Criminología. Un article sur CrimRxiv détaille l’affaire ● Le programme PAUSE demande toujours à l’État de tout mettre en œuvre pour que les 25 lauréats bloqués à Gaza puissent venir en France et lance un appel aux dons pour répondre à la centaine de demandes urgentes d’ici le 15 novembre ●
CHIFFRE
75%
Au niveau mondial, trois doctorant·es sur quatre se disent satisfait·es de leur doctorat, révèle une enquête menée par Nature auprès de près de 4000 d’entre eux à travers plus de 100 pays. Le Brésil, l’Australie et l’Italie ressortent comme les endroits où le doctorat serait le plus agréable. Satisfaits, certes mais pas forcément en bonne santé mentale : une étude suédoise pointe l’augmentation significative – jusqu’à +40% – de la prise de médicaments psychotropes durant le doctorat. Comment être un happy PhD ? Le psychiatre Joeri Tijdink nous donnait ses conseils.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ À la chaine. Plus de 30 articles par semaine générés à l’aide de l’IA : voici l’objectif des employés des paper mills, ces entreprises vendant à des chercheurs des articles déjà acceptées dans des revues. Une entreprise située à Wuhan en écoulerait ainsi 40 000 par an à des tarifs allant de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars, révèle une investigation menée par la télévision publique chinoise et reprise dans les colonnes du South China Morning Post.
→ Bankable. La recherche française, championne des brevets ? Le CNRS et le CEA occupent les deux premières places du podium européen des organismes de recherche en termes de demandes de brevets, selon le rapport de l’Office européen des brevets. Les hôpitaux universitaires seraient également des acteurs de premier plan, selon Le Monde avec l’AFP.
→ Fake radio. Plus de 500 « mésinformations climatiques » ont été détectées en huit mois au sein des principaux médias audiovisuels, analyse le média Vert d’après une enquête réalisée par plusieurs associations. La palme revient à Sud radio suivie par Cnews alors que l’audiovisuel public s’en sort mieux.
→ Factuel. En août dernier, le ministre de la Santé états-unien réclamait la rétractation d’un article montrant l’innocuité des vaccins. Le jeune chercheur et détective scientifique Lonni Besançon revient dans sa chronique au Point sur cette façon de transformer la science en champ de bataille politique.
→ Ok boomer. Décerner des prix Nobel est-il encore pertinent en 2025 ? Entretenant le mythe du génie solitaire comme Einstein, offrant peu de diversité – géographique ou de genre –, les prix Nobel incitent-ils réellement le grand public et les jeunes à s’intéresser aux sciences ? Éléments de réponse par la radio internationale allemande Deutsche Welle. Le New York Times estime quant à lui que les lauréats 2025 offrent de beaux exemples de “slow science” ↯.
→ Pas cher, pas cher. Entre 11 500 et 50 000 dirhams pour une « thèse clé en main », de 500 à 1 400 dirhams pour une publication dans une revue internationale, voici les tarifs du marché noir scientifique au Maroc, accessible sur Facebook ou Whatsapp. Le quotidien Le Matin a mené l’enquête dans un contexte de désengagement des universités et de l’État.
→ Case départ. Elles et ils étaient chercheurs en Éthiopie, au Soudan. Suite aux conflits qui menaçaient directement leur métier, ils ont dû fuir aux États-Unis ou en Europe. Aidés par les programmes d’accueil – nous vous parlions de PAUSE en France –, ils restent confrontés au grand défi de redémarrer leur carrière, rappelle Nature.
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