« L’Etat doit montrer l’exemple »
Le petit monde du doctorat est en ébullition. Journée nationale, Forum Biotech, Conférence Le Monde / Pasteur… Clément Courvoisier, président de l’Association nationale des docteurs (Andes) fait le point sur l’état du PhD pour [TMN].
TMN. Le doctorat a récemment été inscrit au RNCP : qu’est-ce que cela changera en pratique ?
CC. Cet outil institutionnel permet à tous les établissements d’envoyer un message fort au secteur privé : les docteurs ont un certain nombre de compétences transverses qui sont utiles aux employeurs. Cela permet de resserrer les liens entre la recherche académique et l’entreprise. Nous nous félicitons de l’inscription du doctorat au RNCP qui était attendue par les docteurs depuis une quinzaine d’années. Maintenant, l’ensemble des acteurs du doctorat doivent s’en emparer et l’utiliser, que ce soit les doctorants et nouveaux docteurs eux-mêmes, mais aussi leurs encadrants ou encore les écoles doctorales et collèges doctoraux. Il ne faut pas hésiter à utiliser les éléments de langage des fiches doctorat RNCP qui peuvent être très utiles lors d’un entretien d’embauche, par exemple. Réciproquement, les recruteurs bénéficieront aussi de cet outil pour identifier la pertinence de l’apport des docteurs et savoir les attirer.
TMN. La reconnaissance du doctorat passera-t-elle par une diminution du poids des grandes écoles en France ?
CC. Les docteurs et les ingénieurs sont complémentaires dans les équipes. Les entreprises ont à identifier ce qu’apportent les uns et les autres, tout en ayant conscience que les docteurs ont déjà réalisé une expérience professionnelle. Le niveau master offre une formation collective alors que le doctorat permet, à travers une expérience professionnelle individuelle, de développer des compétences transverses non spécifiques à un domaine de recherche en particulier.
TMN. Projetons-nous dans une dizaine d’années : que reste-t-il à faire ?
CC. Beaucoup de choses ! Par exemple, il faut maintenant que l’Etat donne l’exemple en attirant les docteurs au sein des fonctions publiques hors de la recherche académique. Malgré quelques signes d’ouverture conformément à la loi de 2013, on s’aperçoit qu’un certain nombre de concours de la fonction publique ne sont dans les faits toujours pas ouverts de manière spécifique aux docteurs. Nous attendons d’ailleurs toujours le rapport du gouvernement au Parlement sur le sujet, afin de faire le point et se projeter vers l’avenir. La construction de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche ainsi que la mission confiée à Frédéric Thiriez pour une réforme de la haute fonction publique constituent un contexte propice pour une action pro-active de l’Etat sur ce sujet.
NDLR La retranscription de l’entretien a été relue et amendée par l’Andes. |