Toutes des Matilda ?

25.10.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Femmes et hommes, même combat ?

Génération Z. Travailler jour et nuit, ne pas voir sa famille, voyager à l’autre bout du monde tous les trois jours, enchaîner les postdocs… les jeunes chercheurs ne veulent plus de cette vie, nous confiait l’un d’entre vous.

Chromosome X. Qui ça ? L’un des membres du jury que nous avons constitué pour l’événement No Future qui se tiendra le 28 novembre à Paris. On ne vous révèle pas lequel, vous viendrez (on l’espère) l’écouter, mais il s’agit d’un homme.

Clamer. Car oui, certains hommes revendiquent le droit de ne pas être totalement disponible pour la recherche et de réserver du temps pour leur vie privée. Une chose que la plupart des femmes font depuis toujours, sans oser le dire.

Win-win. Beaucoup d’entre vous gagneraient donc à casser le mythe du chercheur dévoué corps et âme, semble-t-il. Mais l’historienne Hélène Gispert vous en parle beaucoup mieux que moi, je lui laisse donc la parole dans notre interview de la semaine.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  INTERVIEW  L’historienne Hélène Gispert revient sur l’effet Matilda
→  OUTIL  Les données de l’INA
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Formule magique

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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INTERVIEW

« L’absence des femmes aux Nobel n’est que la partie émergée de l’iceberg »

Historienne des sciences et notamment des mathématiques, Hélène Gispert (Université Paris-Saclay) a analysé avec son collègue Daniel Egret (PSL) les biais de genre dans la reconnaissance scientifique, les carrières, les publications mais aussi les prix prestigieux.

Les femmes sont encore une fois les grandes perdantes de cette série de Nobel 2024. Faut-il s’en indigner ?

     ↳ En effet, si l’on regarde les cinq dernières années, sur les trois prix de médecine, physique et chimie, 29 hommes et seulement six femmes ont été récompensés. En économie, dix hommes et une seule femme – c’est une discipline les plus rudes en terme de discrimination, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Les choses ne s’améliorent pas : en 2024, aucune lauréate en dehors du prix de littérature. Si l’on peut s’en indigner, l’important est surtout de comprendre (…)

OUTIL

Les données de l’INA

Zapping. Combien de fois votre sujet de recherche a-t-il été abordé dans les médias ces dernières années ? Vous pouvez maintenant le savoir grâce à data.ina qui permet de visualiser les données de centaines de milliers d’heures de programmes. Une manière d’illustrer vos prochaines présentations ?

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Zone grise. À quel moment franchit-on la ligne rouge ? L’Office français de l’intégrité scientifique fait le point sur ce qu’est un manquement à l’intégrité. Son équivalent étasunien, l’Office of Research Integrity, possède plus de prérogatives, notamment celle de mener des investigations. Retraction Watch s’interroge sur les changements induits par sa création il y a déjà 32 ans. A-t-on assez de données sur le sujet ? Non, répond via ce point de vue publié dans Journal of Economic Surveys le chercheur John Ioannidis qui prêche pour sa paroisse : la méta-recherche.

● The Final Countdown. La science ouverte se pratique aussi ailleurs en Europe et ça peut vous éclairer. Les plateformes institutionnelles de dépôt en accès ouvert sont-elles bien référencées par Google ? Pas assez, conclut une étude espagnole publiée dans Scientometrics qui donne des pistes pour améliorer leur visibilité. Conséquence des politiques publiques au Royaume-Uni, les éditeurs privés, notamment des sociétés savantes, sont en déclin, alerte cette publication dans Insights.

● Fossé génétique. Les bases de données génétiques ne permettent pas de décrire correctement la biodiversité des pays du Sud global, alertent deux chercheurs dans la revue Molecular ecology. Les espèces de l’hémisphère nord restent bien mieux référencées que celles des latitudes négatives, montre en graphique le magazine Science qui interviewe les auteurs de l’étude.

  Mais aussi…   L’éditeur Plos veut révolutionner le monde de l’édition scientifique, en accordant plus de place aux autres formats que l’article standard et en mettant fin aux frais de publication. Le tout en 18 mois (Open Science Pasteur l’explique plus en détails● Appel à contribution pour un colloque sur les Conditions et contraintes de réalisation des doctorats en sciences humaines et sociales qui aura lieu les 13 et 14 janvier 2025 ● Un colloque Sciences ouvertes aura lieu le 28 novembre à l’Université de Lorraine (le même jour que notre événement No Future ?) ●

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Sanctions. Suite aux révélations sur les pratiques plus que limites, notamment de manipulation de citations, du président de l’université de Salamanque Juan Manuel Corchado, Springer Nature a rétracté 75 publications, révèle Science.

→ Name and shame. Avec l’explosion des rétractations et des faux articles, comment savoir à quelle revue faire confiance ? Plusieurs entreprises lancent des outils mesurant le taux de papiers à risque (signés par des auteurs ayant rétractés d’autres articles) parmi les publications, rapporte Nature.

→ Toxique. Tragique nouvelle : une employée de 27 ans est décédée dans les bureaux de la maison d’édition MDPI (relire notre enquête sur cet éditeur) en Roumanie. Bien qu’elle ait fait un malaise, ses supérieurs n’auraient pas appelé les secours, le tout dans une ambiance de travail sous pression, rapporte Retraction Watch.

→ Peau de banane. Vous le savez (et encore plus après avoir lu l’interview d’Hélène Gispert), la parité homme-femme est loin d’être atteinte dans les sciences dites “dures”. La physicienne Hélène Bouchiat revient sur les obstacles rencontrées par les chercheuses dans les colonnes de l’Humanité ↯.

→ Compromis. Comment écrire une lettre de recommandation pour une personne que vous ne recommanderiez justement pas ? Nature a interrogé trois chercheurs et vous livre leurs conseils. Spoiler : essayez d’être constructif et présentez ses défauts comme des voies d’amélioration.

→ À nu. Son cerveau ne s’arrête jamais, sautant d’un sujet à l’autre, qu’il exprime parfois à haute voix, blessant ses interlocuteurs. Est-ce aussi la clé de son succès ? Le médaillé Fields Hugo Duminil-Copin a découvert son trouble de l’attention il y a peu et se livre dans les colonnes du Parisien ↯. On ne peut s’empêcher de faire le lien avec nos deux épisodes sur vos collègues chercheur·ses et autistes.

↯ : liens menant à des articles protégés par un paywall

FORMULE MAGIQUE

Et pour finir…

Et vous, où notez-vous les choses les plus importantes ?