
22.01.2025 • N° 477 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Guess who’s back ?
Back again. C’est chose faite. Ce 20 janvier, au sein d’un Capitole rempli de figures politiques — dont certains représentants de l’extrême droite française — et de géants de la tech, Donald Trump a prêté serment pour la seconde fois, devenant ainsi le 47ème président des États-Unis
Guess who’s back. Dans ce même lieu où il y a maintenant quatre ans ses partisans tentaient un coup de force, le nouveau locataire de la Maison Blanche n’a pas attendu longtemps avant d’annoncer ses premières mesures. Et sans surprise, les sciences n’ont pas été épargnées.
Shady’s back. S’il se rêve déjà à planter un drapeau sur Mars aux côtés d’Elon Musk, Donald Trump a surtout acté le retrait des États-Unis de l’accord de Paris pour le climat ainsi que de l’Organisation mondiale de la santé. De quoi attiser les craintes déjà nombreuses de la communauté scientifique.
Tell a friend. Nous vous l’avions promis la semaine dernière, à TMN cette semaine sera consacrée à sa réélection. Et pour analyser ses potentielles répercussions sur la recherche, nous avons rencontré Erica Goldman, spécialiste des questions de politique scientifique à la Fédération des scientifiques américains (FAS).
Bonne lecture,

— Noémie de TheMetaNews.
Sommaire
→ INTERVIEW Erica Goldman analyse Trump, la science and so on
→ BRÈVES Budget contraint, Keylabs critiques et autres news
→ LA VIE DE L’ESR Cabinet au complet, les collègues à la Légion
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Les ramens au banc d’essai
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 8 MINUTES |
℗ Contenu réservé à nos abonné·es
INTERVIEW
« Personne n’avait vraiment réalisé l’influence des géants de la tech »
Erica Goldman est spécialiste des questions de politique scientifique à la Fédération des scientifiques américains (FAS) : elle analyse sans concessions — mais avec un peu d’espoir — la seconde investiture de Donald Trump.

↳ Quelles ont été les réactions du monde académique à l’annonce de la réélection de Donald Trump ?
Le sentiment général est que ce nouveau mandat sera très difficile pour les scientifiques. Les sujets inquiétudes sont nombreux du point de vue de la culture et des initiatives liées à la diversité, à l’équité, à l’inclusion dans les universités ainsi qu’en ce qui concerne l’immigration (…)
BRÈVES
Pendant ce temps dans la recherche
→ Coucou, c’est nous. Un ministre de la Recherche mis au pied du mur, des présidents d’université prévenus seulement à la dernière minute par mail… les Keylabs (nous vous en parlons la semaine dernière) continuent de faire parler d’eux. Cette annonce surprise d’Antoine Petit le 12 décembre dernier consistant à concentrer les forces du CNRS sur un quart de ses unités n’a toujours pas convaincu France Universités, qui maintient son moratoire sur le sujet, et s’attire d’autres foudres du côté des syndicats (comme le Snesup/SNCS) ou de collectifs de chercheurs comme RogueESR, qui part en campagne d’affichage et diffuse une motion de défiance à l’encontre de la mesure. La liste des Keylabs est toujours classée secret défense en interne.
→ Rabot aux abois. Le projet de loi de finances pour 2025 est très en retard, vous l’avez compris. Pour sa première intervention devant les sénateurs, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Philippe Baptiste est venu défendre un amendement gouvernemental rabotant de 630 millions d’euros le budget de l’ESR — le volet recherche étant tout particulièrement touché — pour 2025 : 100 millions environ uniquement pour le CNRS, l’un des opérateurs ciblés par le mot d’ordre gouvernemental de réaliser 5% d’économies sur leur budget. Le ministre incite également les chercheurs à aller décrocher plus de fonds européens et promet des incitations. Les promesses de la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) semblent bien loin même si un autre amendement adopté du sénateur Pierre Ouzoulias (groupe CRCE – Kanaky) remet au goût du jour un bilan de cette même LPR.
→ Infos en vitesse. L’Ademe (Agence de la transition écologique) est au premier rang d’une polémique dont elle se serait bien passée : des voix, dont celle de Valérie Pécresse à l’antenne de France Inter le 13 janvier et de Gérard Larcher, président du Sénat, se sont élevées pour plaider sa suppression. Le Premier ministre François Bayrou n’a pas clôt le débat • Paris Cité inaugure l’Institut de Santé Globale de Paris ; un institut « hors les murs » consacré à « la prévention, à la recherche et à l’enseignement sur les maladies non transmissibles » • L’Académie des sciences annonce qu’elle cessera elle aussi de publier sur le réseau social X • Le CNRS lance CNRS alumni « pour toutes celles et tous ceux qui ont eu une expérience professionnelle » dans l’organisme de recherche •
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le JO au pas de course. Concours pour commencer : on recrute 77 ingénieurs de recherche en interne au CNRS, 92 assistants ingénieurs, 2 techniciens de la recherche de classe normale, 119 ingénieurs de recherche • Concours toujours : 17 postes de bibliothécaire assistant spécialisé de classe supérieure sont offerts à l’avancement, 24 postes de bibliothécaire assistant spécialisé de classe exceptionnelle, 16 postes de bibliothécaire hors classe •
→ Ils réimpriment leur carte de visite. Sont nommés au cabinet de Philippe Baptiste ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : Guillaume Clédière (directeur adjoint du cabinet), François Germinet (conseiller spécial), Thibaut Duchêne (conseiller formation), Thomas Delœil (conseiller budgétaire), Emmanuel Touzé (conseiller spécial santé), Delphine Pagès – El Karoui (conseillère sciences humaines et sociales), Justine Rousse (conseillère parlementaire) • On connait également la composition du cabinet d’Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, qui a l’ESR dans son portefeuille • Thibault Cantat est nommé au poste de Directeur des opérations scientifiques de l’Agence nationale de la recherche (ANR) • Voici également l’intégralité des nominations de la nouvelle année à la Légion d’honneur et à l’Ordre du mérite. Pour voir qui de vos collègues en sont les heureux·ses récipiendiaires, cliquez ici ou sur le bouton ci-dessous •
→ Et si c’était pour vous ? Le collectif Nos services publics recrute : un ou une chargé·e de préfiguration de son institut de recherche et de formation •
EXPRESS
Votre revue de presse
↯ : articles protégés par un paywall
→ 🇺🇸 Déjà reparti ? Premier jour du nouveau mandat de Donald Trump et au moins trois recours déposés lundi devant la justice américaine. Plusieurs organisations, dont le principal syndicat de fonctionnaires américains, contestent ainsi la légalité du département de « l’efficacité gouvernementale » que Donald Trump veut créer et placer sous la direction du milliardaire Elon Musk, explique Le Figaro avec l’AFP.
→ 🇺🇸 Sans surprise. Il l’avait promis et n’aura pas attendu longtemps avant de mettre ses plans en actions : Donald Trump a engagé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat ↯ compromettant ainsi les objectifs du pays en la matière, explique Le Monde. Autre grande annonce de ce début de mandat : le retrait des États-Unis de l’Organisation Mondiale de la Santé ↯, explique Le Parisien. Science revenait il y a quelques jours sur les impacts catastrophiques de cette sortie. Son prédécesseur Joe Biden a, en revanche, accordé sa grâce présidentielle en prévention à Anthony Fauci, scientifique de premier plan et grand antagoniste de Donald Trump durant la crise du Covid, rappelle Stat News.
→ 🇺🇸 La roue de la fortune. Qui seront les potentiels grands gagnants et perdants en science sous l’administration Trump 2.0 ? Nature revient sur les différents impacts que pourrait avoir le second mandat du nouveau président. Certains domaines — quantique, spatial, technologies — semblant plus avantagés que d’autres — climat, biomédecine, sciences sociales… Et fait également le point sur les nominations aux postes-clés dans la science.
→ 🇺🇸 Effet papillon. Le premier mandat de Donald Trump aura poussé la chercheuse Camille Parmesan à s’exiler en France pour y poursuivre ses recherches. Avec cette réélection, la spécialiste du changement climatique et des papillons exclut de retravailler un jour aux États-Unis. Le Monde revient sur son parcours et ses choix ↯.
→ Entre les mailles. Si de l’autre côté de l’Atlantique, les actualités affluent, nous ne sommes pas non plus en reste au sein de l’Hexagone. Le 16 janvier dernier, le premier ministre François Bayrou a échappé à la motion de censure déposée par LFI, explique Libération. Le Sénat puis l’Assemblée nationale reprendront donc au plus vite l’examen du budget 2025.
→ Instagramers en herbe ? On reste du côté de l’Assemblée nationale qui devient cette fois un objet d’étude, explique France Info. Des chercheurs en sciences sociales de l’Université Paris 1, d’HEC et de l’Université de Zurich ont analysé les prises de paroles au cœur de l’hémicycle depuis 2007. Conclusions : la transformation progressive de l’hémicycle en scène de spectacle avec une “tiktokisation” des prises de parole des députés.
RAMENS AU BANC D’ESSAI
Et pour finir…
Les nouilles instantanées sont une chose sérieuse, y compris pour le New York Times.