Une histoire de vieux couple

22.06.2022 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Quatre vingt neuf

Terrain connu. On sait (en substance) ce que pense Ensemble ! de la recherche en France, grâce au quinquennat écoulé et au discours programmatique d’Emmanuel Macron le 13 janvier dernier devant France Universités (ex-CPU).

Prononcer Nupes. On sait (en substance) ce que pense la Nupes de la recherche en France, grâce aux propositions détaillées de son programme mis en ligne avant les législatives (dont nous détaillons les résultats plus bas)

Dans l’inconnu. Mais ces élections ont fait la place à un troisième larron, le Rassemblement national, avec 89 député·es élu·es. Alors, que pense le RN de la recherche en France ? Le mystère est plus épais.

Boule de cristal. Il faudra pourtant compter sur le Rassemblement national — qui dispose maintenant d’un groupe parlementaire — dans les années à venir. Car si le RN n’a pas de programme, il a des opinions, notamment sur la liberté académique (et la manière de la restreindre).

Frères ennemis. En attendant de plus amples analyses, nous suspendons le temps pour une analyse historique des relations parfois orageuses entre le CNRS et les universités, grâce au chercheur Julien Barrier.


A très vite, 
— Laurent de TheMetaNews.

PS

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Sommaire

→  INTERVIEW CNRS/universités, c’était mieux avant ?
→  LA VIE DE L’ESR Le Journal officiel passé au crible
→  BRÈVES Le « i » de Mesri, les députés chercheurs, etc
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Avec Lady marmelade

TEMPS DE LECTURE : 7 MINUTES

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INTERVIEW

« Les chercheurs CNRS sont indispensables aux universités »


Julien Barrier (ENS Lyon, UMR Triangle, Labo de l’éducation) décrypte les relations historiquement tendues entre le CNRS et les universités.

Mettons qu’on supprime le CNRS du jour au lendemain…  

    ↳ Cela poserait problème, parce que le système actuel s’est construit sur la complémentarité entre chercheurs et enseignants-chercheurs. Par exemple, en sciences expérimentales, où la recherche est un travail très collectif, la présence de chercheurs à plein temps est un pilier pour le fonctionnement quotidien des équipes. Ils ont cette vocation structurelle.

◆ QUESTION DE RÉPARTITION ◆

« Je sais ce que nous devons les uns aux autres », déclarait le PDG du CNRS, Antoine Petit, lors de la remise des médailles du CNRS le 16 juin dernier (voir plus bas) devant Sylvie Retailleau et Michel Deneken (président de l’université de Strabourg et d’Udice). Passées cette petite phrase et les accolades officielles, le ton était moins amène récemment entre le CNRS et les universités, les secondes reprochant au premier une révision unilatérale des frais de gestion des Unités mixtes de recherche (UMR) par courriers interposés mi-mai. « J’aurais aimé que nous en parlions avant », signait ainsi de sa main Manuel Tunon de Lara, président de France Universités dans une lettre adressée à Antoine Petit que nous nous sommes procurés.

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


→ Le Journal officiel au pas de course.  C’est un aréopage dirigé par Alain Beretz (ex président de l’université de Strasbourg, entre autres) et composé de nombreux universitaires qui va juger les candidats au concours internes de l’Institut national du service public (INSP, ex ENA) ainsi que du deuxième et du troisième concours • On recrute à l’Inrae : 41 directeurs de recherche de 2e classe • On recrute également à l’Inria (pardon : Inria) : 9 assistants ingénieurs, 14 ingénieurs d’études de classe normale, 17 ingénieurs de recherche de classe normale, 7 techniciens de la recherche de classe normale • L’Académie des beaux-arts est autorisée à accepter la donation de LVMH / Moët Hennessy – Louis Vuitton (on ne saura pas combien) • Les sélections sont ouvertes pour 34 postes d’ingénieurs de recherche au ministère de la Recherche mais aussi 150 ingénieurs d’étude362 assistants ingénieurs • L’Inserm se dote de commissions administratives compétentes pour ses personnels •

→ Ils changent leur carte de visite.  Olivier Laboux est nommé conseiller spécial santé au cabinet de Sylvie Retailleau • Panayotis Constantinou est nommé membre du Comité éthique et scientifique pour les recherches, les études et les évaluations dans le domaine de la santé • ​​Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF), annonce la reconduction de Marc Rumeau à sa présidence à compter du 13 juin 2022 • Et trois nominations à l’Académie des inscriptions et des belles lettres : Jean-Marie MoeglinAndré CoutureGábor Klaniczay •

EXPRESS

Pendant ce temps dans la recherche


→ Question de voyelle. On était à la remise des médailles de l’innovation du CNRS jeudi 16 juin en marge du salon Vivatech (bravo aux impétrants !). Sylvie Retailleau, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) en a profité pour rappeler que non, l’innovation n’a pas disparu de son ministère malgré l’oblitération du « i » de Mesri. Toute à sa mission de réconciliation, elle a également rappelé (lire l’interview de Julien Barrier sur ce sujet) la communauté de destins du CNRS et des universités.

→ Mission réconciliation. Transition parfaite avec ce qui précède : c’était la première prise de parole devant les journalistes de Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg et nouveau président d’Udice, le 15 juin dernier. Udice, « qui n’est pas un lobby », représente les universités de recherche (les Idex, en gros). S’il s’est évidemment félicité de la nomination de Sylvie Retailleau (issue de leurs rangs), il a également appelé à la constitution d’une « feuille de route » sur les relations avec le CNRS.

→ Western sur le plateau. Les élections pour la présidence de Paris Saclay – laissée vacante par Sylvie Retailleau, si vous n’aviez pas suivi – auront lieu la semaine prochaine. En face d’Estelle Iacona, actuelle présidente par intérim, ingénieure de formation et professeure à CentraleSupélec, se présente Brigitte Gauthier, une « américaniste », linguiste mais aussi autrice et spécialiste de l’histoire des classiques d’Hollywood. Fumée blanche le 28 juin.

→ Cinq ans sur le banc. Nous vous dressions la semaine dernière la liste des des candidats chercheurs présents au second tour des législatives. Après écrémage démocratique, voici ceux qui fouleront effectivement les bancs du palais Bourbon : Hadrien Clouet (Nupes), Hendrik Davi (Nupes), Aurélie Trouvé (Nupes), Sandrine Rousseau (Nupes), Patrick Hetzel (Les Républicains), Yannick Neuder (LR), Philippe Berta (Ensemble !), Marc Ferracci (Ensemble !), Estelle Folest (Ensemble !), Jean-Luc Fugit (Ensemble !), Fabrice Le Vigoureux (Ensemble !). Sont écartés : Arnaud Saint-Martin (Nupes), Cédric Villani (Nupes) à 19 voix près face au candidat Ensemble ! Paul Midy soutenu par Sylvie Retailleau, Valérie Gomez-Bassac (Ensemble !).

EXPRESS

Votre revue de presse


→ Mépris de classe. Intéressante enquête de Soazig Le Névé dans Le Monde sur les difficultés de recrutement de personnels hors chercheurs dans les universités. Jugées peu attractives, ces carrières n’attirent plus malgré la sécurité de l’emploi. En cause, le manque de moyens… et parfois un certain dédain des enseignants chercheurs pour les fonctions support.

→ Génération non non. Science|Business relaie l‘appel à sauver la « génération perdue des jeunes chercheurs », lancé entre autres par Jean-Pierre Bourguignon, ancien président de l’European research council (ERC) que vous pouvez consulter ici.

→ Un brin d’optimisme. Pour Alain Duprey, le président des Instituts Carnot (un des nombreux outils français structurant l’innovation), « la recherche publique française est désormais perçue comme une source d’attractivité économique ». Et il le dit dans une tribune à L’Usine nouvelle.

→ Et la moustache. Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Éducation nationale, écarté dès le premier tour des législatives, n’a pas tardé à se trouver un terrain d’atterrissage. En l’occurrence un poste de professeur à l’Université Panthéon-Assas qui fait nécessairement jaser sur fond de pénurie de recrutement, révèle Mediapart.

LADY MARMELADE

Et pour finir…


Vous l’ignoriez certainement mais il n’existe que trois disciplines scientifiques en tout et pour tout : la chimie, la biologie et… ?