Depuis trois ans, je me suis habituée à recevoir par courriel des nouvelles qui concernent mon métier de chercheuse : pas la liste des appels à projets mais des informations administratives, légales, scientifiques, sociologiques voire sociétales, accessibles d’un simple clic. Une sorte de synthèse de PubMed qui concernerait les aspects de mon métier autres que la veille scientifique.
Il y a trois ans, Laurent, à l’initiative du projet TheMetaNews avec Eddie, était venu passer une journée dans notre laboratoire, afin de flairer notre milieu, découvrir les réalités d’une expérience, discuter des us et coutumes de la profession vécus par les jeunes (et moins jeunes) chercheurs français ou étrangers, appréhender le galimatias des affiliations et organismes d’origine de chacun et notre perception de la jungle administrative. En clair, tâter le terrain auprès de nous concernant l’utilité d’un journal qui « parlerait des chercheurs ». Je me souviens être sortie dubitative de notre rencontre, imaginant mal la forme de l’outil qu’ils allaient nous proposer et qui s’avère désormais être une respiration bienvenue offrant une vue d’ensemble sur l’ESR dont nous faisons partie.
« Quel étonnement de voir que le cahier de laboratoire semblait un objet mythique et mystérieux à leurs yeux ! »
Cécile Viollet
Hier, c’est moi qui suis allée rencontrer Laurent, Eddie, Lucile et Léa dans leur biotope. J’avais envie d’observer ceux qui nous mettent ainsi sous leur microscope. J’ai été chaleureusement accueillie au Cargo, grand site de coworking parisien où les quatre journalistes, docteurs pour certains, partagent une table de réunion. Profitant de leur réunion hebdomadaire, je les ai écoutés partager sur un article de vulgarisation, envisager la façon de convaincre de nouvelles institutions pour accroitre leur audience ou de valoriser leur outil de communication par newsletter. Chacun sur son ordinateur portable, tel ou telle lance la discussion, avec en filigrane une évaluation critique des sources, l’utilisation statistique des données du site web, des aspects familiers en somme.
Puis c’est moi qui redeviens souris de laboratoire, répondant à leurs questionnements sur ma carrière, mon environnement, explicitant mes projets de recherche, en apportant un peu de la réalité du laboratoire en exhibant un cahier de laboratoire et un exemple d’expérience sur lesquels je travaillais, à leurs côtés. Quel étonnement de voir que le cahier de laboratoire semblait un objet mythique et mystérieux à leurs yeux ! Papier ou électronique, le débat était lancé. Notes jetées dans un carnet ou sur un clavier, nos discussions alimenteront peut-être d’autres brèves, interviews ou contacts ? Des synthèses que je dégusterai comme ce dernier article sur les colloques, qui cite David Lodge, auteur de prédilection de mes années étudiantes, qui taquinait si bien ce petit monde et nous informait… le premier ! »