05.07.2023 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Usurpation d’hermine
Déguisement. L’affaire pourrait être cocasse si elle ne traduisait pas une forme d’incompréhension hexagonale vis-à-vis de ses docteurs — et plus largement de ses chercheurs ainsi que du milieu universitaire.
Épitoge. Lors de la cérémonie de remise du doctorat honoris causa de l’ex chancelière Angela Merkel, plusieurs personnalités, dont le directeur de Sciences po Mathias Vicherat, avaient en effet fièrement revêtu les atours des docteurs sans l’être. Quelles suites ? On vous en dit plus ci-dessous.
À la barre. Droit toujours mais côté prétoires : Noémie vous a préparé un nouveau numéro de Comparutions consacré au cas d’un enseignant-chercheur qui aurait manqué à son devoir de neutralité lors d’un mouvement estudiantin. Un cas d’école.
À très vite,
— Laurent de TheMetaNews.
Sommaire
→ COMPARUTIONS A-t-il manqué à son devoir de neutralité ?
→ BRÈVES Gillet suite, les toges de la discorde, les vacataires persistent
→ LA VIE DE L’ESR Comment dit-on NIMBY en bon français ?
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Égyptologie express
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COMPARUTIONS #3
« Je n’ai plus la force de me battre »
En s’interposant lors de manifestations étudiantes, un enseignant-chercheur a-t-il manqué à son devoir de neutralité ? Cette affaire vieille de cinq ans arrive à son terme. Nous étions au procès.
↳ En ce 18 mai 2018, la salle d’examen de l’université de Nantes aurait dû être en pleine effervescence. Mais elle est vide. Seuls les cris lointains d’étudiants révoltés viennent perturber le silence. À l’entrée de la salle, près de 200 d’entre eux se bousculent et réclament des explications. Au milieu de cette jeunesse révoltée, deux enseignants-chercheurs tentent tant bien que mal de s’interposer (…)
BRÈVES
Pendant ce temps dans la recherche
→ Lisser les milliards. C’est une des principales propositions du fameux rapport Gillet, dont nous vous avons parlé la semaine dernière. « Ingénieuse » pour les uns, « infaisable » légalement pour les autres, elle consisterait à prélever 20% des investissements non pérennes — comme les milliards de France 2030 —, à « lisser sur 20 ans, et intégrer au budget » du ministère de la Recherche. Rien que ça. Les montants en jeu sont effectivement importants et permettraient de corriger la trajectoire de la Loi de programmation de la recherche (LPR). Il n’en reste pas moins que — si elle est acceptée politiquement au plus haut niveau, ce qui n’a rien d’évident — cette « gabelle » pour la recherche nécessiterait un jeu d’écriture comptable à la légalité discutable. La suite au prochain épisode.
→ Pris en flag’. Faut pas chercher Yann Bisiou sur le port de la toge académique : cet enseignant chercheur en droit privé, grand twittos devant l’éternel, a épinglé les tenues portées par le directeur de Sciences po Mathias Vicherat et tout son aréopage lors d’une cérémonie en l’honneur d’Angela Merkel, elle-même PhD. Si elle a donc le droit de porter l’épitoge des docteurs, ce n’est pas le cas de beaucoup des convives, dont Mathias Vicherat, qui arborait de plus la tenue des recteurs. Yann Bisiou estime tout cela indu, au point de signaler le « fashion faux pas » au Procureur de la République de Paris.
→ Vacataires nec mergitur. Comme nous vous le racontions il y a quelques semaines, les vacataires de l’ESR tentent de prendre leur destin en main. Dans un premier bilan avant l’été, le Collectif se félicite de « victoires localisées, limitées et encore très insuffisantes » ; l’université Clermont-Auvergne a notamment annoncé leur mensualisation à la rentrée. Il veut passer à la vitesse supérieure en proposant un « amendement au projet de loi de finance en septembre » pour augmenter les vacataires, à raison de 200 millions d’euros pour doubler leur taux horaire, 100 millions pour l’augmenter de 50%. Si son adoption est vraiment hypothétique, voilà de quoi occuper le terrain.
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le JO au pas de course. Une fournée de sanctions de collègues et étudiants au tribunal des chercheurs. Vous pouvez aussi lire notre numéro de Comparutions#3 • La commission d’enrichissement de la langue française a tranché : ne dites plus NIMBY (not in my back yard) ou NIABY (not in anydody’s backyard) mais respectivement « non au projet ici » (Napi) et « ni ici, ni ailleurs » (Nina). Et on trouve ça plutôt bien trouvé • Envie d’ailleurs, justement ? Les concours pour les postes à l’étranger des ministères de la Recherche et des Affaires étrangères sont ouverts • Vacances de postes de PU-PH : voici la procédure à suivre, same same pour les MCU-PH, les PU-PH en médecine générale et enfin les MCU-PH en médecine générale ; pour ces derniers, voici d’ailleurs la liste des heureux et heureuses nominé·es, celle des PU-PH de médecine générale, celle des MCU-PH et des PU-PH des autres spécialités •
→ Ils réimpriment leur carte de visite. Jean Labourdette est nommé directeur de l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Bretagne-Sud (de l’université du même nom) • David Landy, professeur des universités, est nommé directeur de l’École d’ingénieurs du Littoral-Côte d’Opale • Nicolas Albin est nommé commissaire du Gouvernement de la fondation reconnue d’utilité publique dite « Fondation Gustave-Roussy » • Johanna Etner et Antonin Cohen sont nommés membres du conseil d’administration de l’établissement public Campus Condorcet • Nicolas Albin est nommé membre de l’assemblée générale et du conseil d’administration de l’Institut national du cancer • Last but not least : Bruno Sportisse est chargé d’exercer par intérim les fonctions de président du CA de l’Inria •
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Entravé•es ? Voilà un article qui ne fera pas plaisir à tout le monde, suite à la sortie du rapport sur les entraves à la recherche du Conseil scientifique du CNRS. L’Express a donné la parole à des chercheurs de l’organisme, qui égrènent les exemples d’imbroglios administratifs.
→ Quoi de neuf docteurs ? Le syndicaliste Boris Gralak témoigne dans le Monde à travers une tribune sur la mauvaise santé du doctorat en France, qu’elle soit pécuniaire ou symbolique, via la baisse du nombre de doctorants. L’affaire de la toge (voir plus haut) en est un exemple parmi d’autres.
→ Queue de manif. Les casserolades passant de mode, les manifestants reviennent au tract : une vingtaine de salarié·es du CEA de Cadarache attendaient la visite de la ministre Sylvie Retailleau fin juin pour alerter sur les conditions de travail au sein de l’établissement, rapporte la Provence.
→ Sombres héros. Le gouvernement mexicain veut réformer la gouvernance de la science et ça ne plait pas aux chercheurs locaux, rapporte Nature. Ces derniers ont déposé près de 200 plaintes pour tenter de ralentir un processus législatif où de nombreuses étapes de concertation ont été zappées par les politiques.
→ La papatte. Comment convaincre les chercheurs de participer à la communication de leur établissement ? Pas facile. Nos confrères de l’AEF résument les débats de l’Association des responsables de communication de l’enseignement supérieur qui s’est tenue récemment. « Un enseignant-chercheur, c’est un chat dans un troupeau de chats », a notamment témoigné le VP d’Aix-Marseille Université.
ÉGYPTOLOGIE EXPRESS
Et pour finir…
Ça y est un twittos a retrouvé la pierre de Rosette de vos publis.