🍀 Ne soyez pas amnésique



5 fĂ©vrier 2021 /// L’actu des labos
Star system
(solaire)

La controverse scientifique s’invite encore une fois dans les mĂ©dias grand public avec Oumuamua, premier objet en provenance de l’extĂ©rieur du système solaire. Il serait la preuve d’une vie extraterrestre pour l’astrophysicien Avi Loeb, qui vient de sortir un livre et fait la tournĂ©e des mĂ©dias.
Un argument d’autoritĂ© qui ne tient pas, rĂ©torque ses collègue. Il n’y a aucune preuve scientifique ce qu’avance le chercheur d’Harvard, dont ce n’est d’ailleurs pas la spĂ©cialitĂ©, comme l’analysait AurĂ©lie Guilbert Lepoutre et Eric Lagadec dans la Terre au carrĂ© mardi.
Avi Loeb reconnaĂ®t d’ailleurs Ă  demi-mots qu’il ne s’appuie pas sur des preuves solides mais que pour en obtenir, il faudrait renforcer les recherches dans le domaine. Un appel du pied pour ĂŞtre financĂ© ?

Bonne lecture,
Lucile de TMN
 PS  Médias encore, deux chercheurs de l’institut Curie ont parlé de leur métier sur le plateau de Quotidien mercredi. Alors, faut-il devenir en chercheur en 2020 ? Après les débats sur la conclusion de cet échange, je vous invite à visionnerz leur interview en entier.


Si vous n’avez que 30 secondes



Six minutes de lecture délibérée



Attention aux amnésiques de la citation


On a “oublié” de vous citer ? Le phénomène n’est vraiment pas nouveau. 


Un parfum d’amnesia dans l’air.
Primo scopritore. Tiens, ce papier aborde exactement le même sujet que votre dernière publication. Sauf que les auteurs – vous les connaissez d’ailleurs peut-être – ne vous citent pas. Dans un milieu où les honneurs reviennent prioritairement aux premiers “découvreurs”, voir son travail oublié s’avère frustrant.
Exemples en articles. Un sentiment d’outrage, de dĂ©possession face Ă  votre travail s’insinue en vous. Vous n’êtes pas seul, les exemples sont frĂ©quents, comme le rapporte cette Ă©tude dans le domaine de la santĂ©. Et les consĂ©quences peuvent ĂŞtre graves.
Back in the 70’s. Pour justement ne pas ĂŞtre amnĂ©sique, retournons dans le passĂ©. Cette question a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e dès les annĂ©es 70 par plusieurs chercheurs. Eugene Garfield estimait qu’il s’agit d’une sorte de plagiat car il y a appropriation des idĂ©es. On peut donc parler de “plagiarism by omission”, “bibliographic plagiarism” ou “citation plagiarism”…
Refaire, c’est toujours faire. Ce type de pratique occulte des références utiles, perturbe la compréhension et, au final, le développement des connaissances. Mais il peut également conduire à la duplication inutile de certains travaux, comme le prouvait cette étude de 1964.
DĂ©libĂ©rĂ© ou non ? Dans une autre Ă©tude menĂ©e par en 1974 sur 1300 chercheurs, la moitiĂ© affirmait avoir Ă©tĂ© victime de “citation amnesia” et, dans la moitiĂ© de ces cas, ils pensaient que c’était volontaire. Plus rĂ©cemment, environ 20% des rĂ©pondants Ă  Retraction Watch estimaient que le phĂ©nomène avait lieu dans plus d’un papier sur deux.
Insaisissables idées. Au-delà de la malhonnêteté, Eugene Garfield avançait quelques explications. Les idées circulent dans les conférences lors de discussions informelles… Certains scientifiques oublient qu’ils les ont déjà entendues ou attribuent une découverte à la personne qui leur en a parlé en dernier. Vous avez dit amnésie ?


Que faire si vous êtes victime de l’amnésie d’un de vos confrères ? Le gouvernement n’a pas encore créé de numéro vert mais vous pouvez :
  1.  Contacter les auteurs en premier lieu , bien sûr. Ils accepteront peut-être de rectifier leur erreur.
  2.  Contacter l’Ă©diteur si l’article est publiĂ©  S’il est seulement dĂ©posĂ© sur une archive ouverte, vous pouvez prier qu’une version suivante vous citera.
  3.  Commenter l’article sur Pubpeer  si aucun compromis n’est trouvĂ© (voici un exemple)


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3 questions Ă … Gildas Bregain
« Venant d’une institution qui promeut les droits de l’homme… »


Chercheur auto-entrepreneur ? Scandalisé, l’historien Gildas Bregain s’est mobilisé pour moins de précarité pour les jeunes chercheurs.


Il aurait pu lui-mĂŞme postuler Ă  cette mission, mais …
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mobiliser ? 
La commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) souhaitait recruter un sociologue pour réaliser une enquête sur les préjugés du handicap en France. J’étais content que le sujet apparaisse – je suis très intéressé par la thématique – mais j’ai été marqué par le statut d’auto-entrepreneur qui était requis dans la première version de l’annonce. J’avais peur que certains jeunes collègues soient tentés d’y répondre en tant qu’auto-entrepreneur.

En quoi le statut d’auto-entrepreneur pose problème ? 
Ce statut ne bĂ©nĂ©ficie pas des mĂŞmes droits sociaux, comme la retraite ou le chĂ´mage [voir encadrĂ© ]. De plus, la rĂ©munĂ©ration ne tient pas compte de la charge de travail – le travail est Ă©talĂ© sur plus de six mois mais est estimĂ© Ă  deux mois et demi d’équivalent temps plein. Les jeunes chercheurs sont perfectionnistes, dans l’espoir d’avoir un poste un jour, et vont beaucoup s’investir. Enfin, venant d’une institution qui promeut les droits de l’homme…


D’ailleurs, comment a réagi la commission ? 

La CNCDH a compris le problème et a réagi rapidement. Cependant, elle a atteint son plafond d’emploi et ne peut plus proposer de CDD. La priorité était de proposer une alternative : celle de se faire embaucher par une organisation ou une association a été choisie. Je sais qu’en pratique ce sera compliqué à mettre en place mais on peut imaginer une convention de recherche avec une université pour créer un CDD d’un ou même deux ans sur ce sujet.


 Le statut d’auto-entrepreneur   Il est somme toute assez simple de crĂ©er son auto-entreprise et les revenus proposĂ©s sont parfois allĂ©chants. Mais c’est sans compter les charges qui seront dĂ©duites, ni la paperasse administrative qui suit… De plus, les cotisations Ă  la retraite dĂ©pendent des montants touchĂ©s – pas de “chiffre d’affaires”, pas de cotisations – et les auto-entrepreneurs ne cotisent en aucun cas Ă  PĂ´le Emploi.  


Un chiffre genré
 30% 
des scientifiques interrogĂ©s dans les mĂ©dias en janvier 2021 Ă©taient des femmes. C’est le rĂ©sultat d’une Ă©tude rĂ©alisĂ©e et prĂ©sentĂ©e Ă  la journĂ©e Sciences & MĂ©dias par la journaliste CĂ©cile Michaut – LibĂ©ration en parle Ă©galement. Cela correspond malheureusement Ă  la proportion de chercheuses dans l’acadĂ©mie, qu’on aimerait voir augmenter… en donnant plus de places aux femmes par exemple ! Chez TheMetaNews, on fait mieux que la moyenne : 42% des interviews que nous avons menĂ©es l’ont Ă©tĂ© auprès de femmes.


Un outil dans la boîte
Le temple de l’intĂ©gritĂ©
Le projet européen SOPs4RI dont le but est d’offrir une boîte à outil pour l’intégrité scientifique en proposent les premières briques en ligne. Trois grands axes sont mis en avant : soutien, organisation et communication.


 Des infos en passant   Des délais trop courts dans les appels à projet sont nocifs à la fois pour les chercheurs mais aussi pour la recherche, clame un “research manager” //////// Appel à projet du Fonds National pour la Science Ouverte (deuxième édition, axée sur les publications), ouvert jusqu’au 31 mars //////// Porter des pyjamas ne réduit pas votre productivité mais nuit à votre santé mentale. Vous en avez peut-être entendu parler, c’est une étude australienne conduite pendant le premier confinement sur une centaine de chercheurs dans le domaine médical qui le dit ////////


//////// Des portraits de femmes scientifiques seront exposés à la mairie de Paris en février dans le cadre du festival Science Taille XX elles //////// Le rapport sur les dispositifs de prévention pour améliorer l’intégrité scientifique dans les établissements vient de sortir, on vous en reparle bientôt //////// La division des tâches au sein des collaborations scientifiques est néfaste pour certains scientifiques qui voient leur carrière stagner, analysent des chercheurs dans Impact of Social Sciences //////// Etudiants, chercheurs, il est possible d’accéder aux données de Twitter pour un projet de recherche (à partir du master) ////////


Votre revue
de presse express



Et pour finir…
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XNOR. Et si la mascotte d’Android était en fait une porte logique ? C’est ce qu’a découvert l’informaticien Olivier Bournez !