Un peu plus sur son parcours
en pied d’interview
Qu’est-ce qui vous plaît dans la recherche appliquée à la blockchain ?
Les idées autour de la blockchain se sont construites depuis 20 ans et cela m’intéresse de les voir se mettre en pratique. Je me suis toujours senti frustré par des projets de recherche dont la finalité est la publication car les contributions qui prennent la forme de programmes informatiques ne sont pas très reconnues alors que, de mon point de vue, elles ont une grande valeur de validation des théories.
Quel sera l’apport de la blockchain à la société ?
La notion de registre distribué permet de collaborer en toute confiance, sans intermédiaire et de façon décentralisée. On remplace ainsi une partie du travail des notaires par exemple. Quand on dit blockchain, on pense tout de suite à la finance et à la spéculation mais c’est avant tout un outil économique, pas forcément rattaché à une idéologie. Beaucoup de règles peuvent l’encadrer.
Est-ce pour bientĂ´t ?
Ce sera comme Internet : à ses débuts, son usage était cantonné à l’échange d’emails entre chercheurs puis est devenu illimité pour tous. Pour la blockchain, les personnes vont au début l’utiliser sans s’en rendre compte, c’est même déjà le cas dans certains jeux vidéo.
Vous travaillez sur la cryptomonnaie Tezos, quelles sont ses particularités ?
Tout d’abord, Tezos repose sur un algorithme probabiliste qui le rend plus écologique : on peut aujourd’hui faire tourner un nœud Tezos sur un petit ordinateur de quelques dizaines d’euros. Ensuite, Tezos est une blockchain reprogrammable par les utilisateurs eux-mêmes qui votent les évolutions ; nous en sommes à la septième version.
Quel est votre apport en tant que chercheur ?
Renforcer la confiance. Ma spécialité, comme celle des deux tiers des 50 employés de Nomadic Labs, ce sont les méthodes formelles et la programmation fonctionnelle. Nous certifions l’absence de bugs dans les programmes et leur résistance à une panoplie d’attaques. Par ailleurs, nous utilisons deux technologies issues d’INRIA — OCaml et Coq —, qui donnent un avantage à Tezos en termes de productivité et de qualité du logiciel. Ce sont les fruits de 40 ans de recherche dans un domaine où la France est en pointe. |