🔷 Paris sera toujours Paris

12 janvier 2022 | La recherche et sa politique
Cuisine
au woke

Islamogauchisme, acte 2. Vendredi et samedi dernier s’est tenu un colloque pas comme les autres par sa thématique et ses intervenants : un mélange d’universitaires, d’éditorialistes, de penseurs médiatiques, de grands et de petits témoins du “wokisme” (un rappel ?) censément à l’œuvre dans les universités.
Invités de marque. Il a été très largement critiqué pour son programme (là, là ou là), son casting hétéroclite de têtes chenues ou ses jeux de mots WTF (la TR 11 du samedi après-midi). On retiendra l’introduction de Jean-Michel Blanquer himself et la conclusion de Thierry Coulhon, président du Hcéres.
Gramsci pour tous. Plus qu’un colloque, il est raisonnable de parler de soft power à trois mois de la présidentielle. Une sorte de mini Mai 68 inversé en somme (sans la violence physique) où les générations s’opposent : les étudiants à la porte, les édiles tenant l’amphi. L’époque est décidément étrange.

Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews
Vous voulez poser une question aux candidats à la présidentielle ? Il suffit de répondre à ce mail ou de cliquer ici.

Au programme de ce numéro

L’Université de Paris, ancienne du nom
José Miguel Sanchez Perez, candidat à la présidence du CNRS
Pléthore d’infos au Journal officiel
Votre revue de presse pas si express
Qui a rejoint la légion (d’honneur) ? 🎖🎖
Et pour finir… en se gaussant

A partir d’ici 5 minutes sans dithyrambe

La bataille de Paris
Le changement de nom de l’Université de Paris est un casse-tête.

Un conseil, deux avis. C’est une surprise dont les services de l’université de Paris se seraient bien passés : le Conseil d’Etat, entre Noël et jour de l’an, a annulé son décret de baptême (après l’avoir entériné avant sa sortie, rappelons-le), suite à une requête de Paris 2 Panthéon Assas. UP n’est donc plus UP depuis le 29 décembre dernier. Panthéon 2 Assas a également attaqué le dépôt de la marque UP auprès de l’INPI, cette procédure est toujours en cours.

Et maintenant ? L’annulation pure et simple du texte laisse UP dans le flou, même si le logo ne changera a priori pas et qu’elle peut continuer, en attendant, à utiliser son ancienne dénomination pour ses missions de service public. Pour le reste, des nouveaux noms (secrets bien sûr) sont actuellement passés au tamis juridique avant d’être mis au vote en interne, précise-t-on à l’UP.

Crochet du gauche. Un coup dur pour cet établissement expérimental tout neuf issu de la fusion entre Paris-Descartes et Paris-Diderot (plus l’Institut de physique du globe) en 2019. Tout neuf mais déjà à la 73e place du classement de Shanghai et paré dès sa naissance de l’excellent label Idex (lire notre interview d’Audrey Harroche) que le Conseil d’Etat l’autorise à conserver.

Sauver les meubles. Le timing de cette nouvelle, sans réel précédent (à part celui de Paris-Sorbonne), est mauvais : l’élection présidentielle entraîne une vacance du pouvoir politique dans les semaines à venir ; une réunion était néanmoins prévue avec le cabinet de Frédérique Vidal lundi dernier.
Notre analyse Combien de temps pour changer de nom et combien de temps pour faire apparaître le nouveau sur les publis ? L’impact sur le classement de Shanghai, cardinal dans le secteur, est encore mal cerné mais ne « semble pas destructeur », juge un connaisseur du dossier.

Des infos en peu de mots La Cour des comptes a un avis sur l’Inee du CNRS (Institut écologie et environnement) et vous le livre (très positif, on vous rassure) ////////// Vois-tu la vague C déferler ? Une pétition adossée à cette tribune à l’initiative de l’Assemblée des directions de laboratoires (ADL) entend lutter contre la bureaucratie du Hcéres. Nous y reviendrons dans un prochain numéro ////////// L’Observatoire de l’édition scientifique a été créé fin décembre dernier pour une durée de cinq ans, il succède au comité de suivi de l’édition scientifique et est présidé par Christine Cherbut ////////// L’Inserm lance sa campagne chercheurs 2022 et ouvre 67 postes ! Vous avez jusqu’au 24 janvier pour vous candidater en cliquant ici //////////

Trois questions (ou plus) à… José Miguel Sanchez Perez
« J’ai candidaté en citoyen libre »
Cet hydrogéologue brigue la présidence du CNRS, il détaille son programme.

Si vous avez raté le début. Candidat déclaré à la présidence du CNRS avec Olivier Coutard et Antoine Petit, il a été présélectionné et auditionné par le ministère de la Recherche avant un éventuel passage sur le gril devant les parlementaires mi janvier. Tout le processus devra être bouclé pour fin janvier, date de fin de mandat d’Antoine Petit. Tic, tac…

Pourquoi avoir tenté le coup d’une candidature à la présidence du CNRS ?
J’ai candidaté en citoyen libre, je suis un chercheur au CNRS d’origine étrangère — comme 18% de mes collègues. C’est pour moi le meilleur centre de recherche au monde. Il offre aux chercheurs la sécurité de l’emploi certes mais, comme les artistes, nous avons besoin de liberté et de moyens. J’ai passé dix ans dans les conseils scientifiques, j’ai participé à la vie de ma profession : cette candidature est l’occasion de s’exprimer au nom de mes collègues et de proposer plusieurs axes de réforme.

Quels sont-ils ?
Nous pouvons collectivement faire mieux en remettant les chercheurs au centre du système grâce à son assouplissement [Lire sa profession de foi, NDLR]. Au niveau international, je veux assumer le positionnement central du CNRS en créant un centre européen de la recherche. La décentralisation, enfin : notre structure n’est pas mise à profit comme elle devrait l’être. Il faut notamment permettre une plus grande réactivité en accordant plus de pouvoirs aux délégations régionales.

Comment vous situez-vous par rapport à la candidature d’Antoine Petit ?
Antoine Petit a assumé sa présidence dans la continuité de celle d’Alain Fuchs, il est temps maintenant d’ajouter du sang neuf dans le système. Si je suis élu, je ne renouvellerai pas mon mandat et quitterai le poste de président du CNRS pour redevenir chercheur, car je souhaite seulement rendre ce système plus ambitieux et plus novateur.

La question de la politique d’innovation du CNRS vous a été posée lors de votre audition, qu’avez-vous répondu ?
L’objectif principal du CNRS est de créer de la connaissance, pas de créer des entreprises, ou de déposer des brevets. On a pu le constater lors de la crise de la Covid que nous avons traversée, il est illusoire de demander que toutes les recherches donnent des résultats immédiats, certaines découvertes utiles aujourd’hui ont été faites il y a vingt ans.

Le Journal officiel au pas de course Un mot avant de se lancer : de nombreux textes suite à la loi Recherche sont sortis ces dernières semaines (dont celui sur les chaires de professeur junior). Nous prendrons le temps de les analyser dans un prochain numéro /////// Douze postes en droit public, un en histoire du droit, seize en sciences de gestion sont offerts à l’agrégation pour le recrutement de professeurs d’université /////// Une bonne trentaine de nominations en tant que professeurs d’université dans l’Ouest et à peu près autant à Paris, à Tours et Orléans mais aussi au Muséum d’histoire naturelle, à l’Ecole des chartes (entre autres), à l’EHESS ou dans diverses universités. Voilà quelques radiations pour faire bonne mesure /////// On connait les membres habilités à émettre un avis motivé pour le recrutement d’un directeur·rice pour l’Ecole française de l’Extrême orient. Idem pour l’Ecole normale supérieure (il y a des huiles) /////// Sept emplois d’astronomes et de physiciens sont à pourvoir /////// Hasard du calendrier (lire « La bataille de Paris » plus haut), on signale la naissance de l’Université Paris Panthéon Assas /////// L’université confédérale Léonard de Vinci est dissoute /////// On recrute à l’Inria : deux ingénieurs d’études de classe normale, un ingénieur de recherche de seconde classe, trois assistants ingénieurs, huit ingénieurs d’études de classe normale, quatorze ingénieurs de recherche de seconde classe, quatre techniciens de recherche de classe supérieure /////// Cette mesure un peu technique concernant les directeurs d’unité au CNRS permet de moduler la durée de leur mandat /////// Deux cahiers des charges concernant le spatial et Corimer ont été publiés /////// On recrute un chercheur à l’Institut national d’études démographiques /////// L’Institut de France est autorisé à accepter la donation qui lui a été consentie par Boehringer Ingelheim Animal Health France, tout comme celle de Thérèse Lefoulon ou de la société Biomérieux /////// 19 postes de bibliothécaires hors classe sont offerts à l’avancement pour l’année 2022 ///////

Ils refont leur carte de visite Catherine Larroche nommée déléguée régionale du CNRS de la délégation Ile-de-France Meudon /////// Guillaume Gelle, président de l’université de Reims, est nommé membre du conseil d’administration de l’Inserm en qualité de suppléant de Christine Clerici /////// Deux nominations à l’Académie nationale de médecine et une à l’Académie des sciences morales et politiques en la personne de Serge Sur /////// Laurent Bigué et Marilena Maniaci ont été nommés au collège du Hcéres /////// Ernest Pignon Ernest est élu à l’Académie des beaux arts en section peinture /////// Pierre-Alain Duc est renouvelé dans ses fonctions de directeur de l’Observatoire astronomique de Strasbourg /////// Blanche Léridon n’est plus en charge des relations parlementaires au cabinet de Frédérique Vidal depuis le du 31 décembre /////// Toujours au cabinet de Frédérique Vidal : exit Jean-Michel Jolion, bonjour Erwan Paitel, en charge de la formation et des politiques de site et Alain Asquin en charge de l’innovation et des entreprises /////// Dimitri Lague est nommé directeur de l’Observatoire des sciences de l’univers de Rennes /////// Christine Neau-Leduc, présidente de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est nommée membre du conseil d’administration de l’Institut national d’histoire de l’art ///////

Votre revue de presse express

Un sou est un sou. Faut-il libéraliser la recherche, notamment par le biais de startup ? A cette question, le physicochimiste Vincent Ball répond “non” dans une interview donnée au site Sciences critiques.
Anémiés. Le mensuel Alternatives économiques revient dans une analyse données à l’appui sur le sous investissement dans l’enseignement supérieur (et pourquoi c’est une très mauvaise nouvelle).
Code quantum. Le CNRS « obère-t-il les chances de l’Europe » dans la grande course aux standards de cryptographie ? Le chercheur Damien Stehlé le pense et s’en explique dans une interview à La Recherche.

Ils ont rejoint la légion (d’honneur) On a décortiqué pour vous la livraison des promus 2022 parmi vos collègues (consultable ici)
🎖🎖🎖🎖Les grand’croix tout d’abord : Claude Griscelli, Michelle Perrot, Michel Zink.
🎖🎖🎖 Les commandeurs : Jean-François Delfraissy (infectiologue, on ne le présente plus), Pierre Léna (astrophysicien), Jean-Hervé Lorenzi (économiste), Philippe Contamine (historien médiéviste).
🎖🎖 On continue avec les officiers : Jean-Laurent Casanova (pédiatre), Franck Chauvin (professeur de santé publique), Arnaud Fontanet (épidémiologiste), Sandra Lavorel (DR en écologie fonctionnelle), Albert Benhamou (professeur de médecine), Bruno Lina (professeur de médecine), Claude Soussy (professeur de médecine), Olivier Faron (historien), Françoise Forges (économiste), Claudine Thiercelin (philosophe)
🎖 Les chevaliers, enfin : Simon Cauchemez (épidémiologiste), Pierre Gibelin (professeur hospitalier), Marie-Aleth Richard (professeur hospitalier), Séverine Sigrist (biologiste et dirigeante), Catherine Billard (neuropédiatre), Gilles Favre (biochimiste), François Genêt (professeur de médecine), Gérard Lalande (médecin chercheur en Thaïlande), Nicole Ngo Giang Huong (immunologiste), Sophie Dubuisson-Quellier (DR en sociologie économique), Pierre Veltz (professeur émérite), Joëlle Zask (philosophe), Nadine Halberstadt (physicienne), Pascale Nouchi (physicienne), Serge Planes (DR CNRS sur les coraux), Luba Jurgenson (études slaves), Pap Ndiaye (historien), Zahia Rahmani (historienne de l’art), Frédéric Batteux (professeur de médecine), Lila Bouadma (professeur de médecine), Emmanuel Chartier-Kastler (professeur de médecine), Victoire Dor de Lastours (professeure de médecine), Marie-Claude Frénisy (psychologue), Denis Malvy (professeur de médecine), Angèle Manesse-Consoli (professeure de médecine), Jacques Mangin (professeur de médecine), Sophie Matheron (professeur de médecine), Jean-François Payen de la Garanderie (professeur de médecine), Christian Rabaud (professeur de médecine), Amélie Servettaz (professeure de médecine), Béatrice Vergier (professeur de médecine), Yazdan Yazdanpanah (professeur de médecine, infectiologue), Pascal Aquien (vice-doyen recherche de Sorbonne U), Laetitia Atlani-Duault (anthropologue), Daniel Benamouzig (sociologue), Marc Chaussidon (géologue), Brigitte Escourou (MC en médecine générale), Patrick Flandrin (physicien, président de l’Académie des sciences), Catherine Gaullier-Bougassas (médiéviste), Nathalie Huret (directrice de l’observatoire de physique du globe), Maryse Lebrun (parasitologue, Inserm), Marie Ledentu (doyenne Jean-Moulin Lyon 3), Anne Lehoërff (archéologue), Jean-Louis Nahon (biologiste, DR CNRS), Nathalie Payelle (économiste Rennes 1), Henri Rousseau (historien CNRS), Jean-François Sautereau (ancient président Toulouse 3), Yann Toma (arts plastiques), Muriel Touaty (responsable recherche), Sylviane Valdois (psychologue CNRS), Jean-Michel Verdier (biologiste, président de l’EPHE), Marie-Hélène Verlhac (biologiste CNRS), Dominique Grandjean (enseignant chercheur vétérinaire), Thierry Lefrançois (agronomie), Sophie Nicklaus (DR alimentation durable), Yves François (ancien PU).

Et pour finir

—
On a trouvé ce mème qui se passerait bien de commentaire même s’il faut avoir quelques notions de statistiques pour le comprendre. Sinon, c’est l’occasion de faire preuve d’interdisciplinarité en allant toquer chez un matheux.

Retour aux archives