08.07.2022 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
La sensibilité du mathématicien
La question qui tue. Devons-nous arrêter la recherche ? La question peut paraître marginale – et elle l’est certainement si l’on compte ceux qui la considèrent sérieusement – mais elle n’est pas ridicule. Ou qui peut faire vivre. Car elle nous amène très vite à d’autres questions, notamment sur l’innocuité ou la finalité de la recherche, souvent bien vite cachée sous le tapis. La science est souvent belle et fascine. Les défis intellectuels qu’elle nous lance nous procurent beaucoup de satisfaction lorsqu’on les relève. Conscience. Mais il est important de ne pas perdre de vue l’impact des découvertes scientifiques. Si l’on peut espérer qu’elles participent à nous faire vivre dans un monde meilleur, ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Avant-gardiste. Un chercheur que cette question hantait a fini par tout arrêter pour vivre en ermite dans les montagnes des Pyrénées – vous aurez reconnu Alexandre Grothendieck. (Re)lisez ses textes en complément de notre analyse et discutons-en. Le sujet n’est plus tabou. |
A très vite,
— Lucile de TheMetaNews.
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Sommaire
→ ANALYSE Ils veulent arrêter la recherche
→ UN CHIFFRE La science ouverte mal évaluée
→ OUTILS Doctorat, modes d’emploi
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR L’effet cravate
TEMPS DE LECTURE : 3 ou 7 MINUTES |
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ANALYSE
Ils veulent arrêter la recherche
La recherche fait-elle plus de mal que de bien ? Historiquement restée marginale, cette question se pose aujourd’hui pour de plus en plus de scientifiques..
« Même la science la plus désintéressée qui se fait dans le contexte actuel, même la plus éloignée de l’application pratique, a un impact négatif. » Voici la conclusion sans détours, dans un contexte de guerre froide et de menace nucléaire qui résonne étrangement avec l’actualité, du mathématicien Alexandre Grothendieck en 1972 (…) |
UN CHIFFRE
Un sur quatre
Moins d’un quart des rapports d’évaluation produits ces douze dernières années mentionnent la science ouverte, montre le travail de Frédérique Bordignon et Chérifa Boukacem-Zeghmouri, deux chercheuses spécialistes de l’information scientifique, bien connues de TMN. Pour arriver à cette conclusion, elles ont épluché plus de 4000 rapports des agences d’évaluation de la recherche (Aeres puis Hcéres) entre 2009 et 2021. Et ça ne s’arrange pas avec le temps. La création du Hcéres en 2013 marque une rupture bien visible avec ses rapports beaucoup plus courts qui laissent moins de place à ce qui est encore malheureusement considéré comme un à-côté de la recherche, concluent les auteurs de l’étude..
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Clap de fin. Alors que le nombre de postes dans les universités a dégringolé pendant la Covid, heurtant de plein fouet les jeunes chercheurs en recherche d’un emploi stable, la colère gronde. La situation peut-elle s’améliorer ? Tour d’Europe par Times Higher Education.
→ Dans l’ombre. La presse a forcément beaucoup parlé d’Hugo Duminil-Copin, mathématicien français lauréat de la médaille Fields, mais parmi les trois autres se trouve une femme, Maryna Viazovska. Nature tire le portrait de la chercheuse ukrainienne travaillant en Suisse.
→ Hall of shame. Le sujet de la rétractation des publications deviendrait presque tendance ! Le Monde revient sur une publication d’avril dernier montrant qu’elles reçoivent plus d’attention que les autres sur Twitter (on vous en parlait déjà) et que les discussions portent plus sur le processus de rétractation que sur le fond des résultats.
→ À rebours. Peu de place sont laissées aux théories en marge dans le monde scientifique. C’est ce dont Katalin Kariko, pionnière du vaccin à ARN messager, témoigne pour Le Monde. Mais sa ténacité l’a finalement menée à de grands résultats.