Un serment mais pour quoi faire ?

20.01.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Micro calé, magnéto ON

Confirmation. À l’heure où vous lirez ces lignes, Laurent et moi serons face à Sylvie Retailleau, ministre de l’Éducation supérieure et de la Recherche. Merci encore à toutes celles et ceux qui nous ont envoyé leurs questions.

Deux fois deux. C’est la deuxième fois que nous interrogeons une ministre – après Frédérique Vidal en 2020 –, la deuxième fois également que nous rencontrons Sylvie Retailleau, ancienne présidente de Paris Saclay.

Sortie imminente. Éventuelle réattribution des rôles entre organismes et universités, financement de la recherche, intégrité scientifique… vous pourrez lire ses réponses dès mercredi dans TMN.

Troisième couche. Pour vous faire patienter, je vous ai concocté une petite analyse sur le serment des docteurs. « Encore ?! », vous entends-je bougonner ? Oui, mais certains aspects pourraient bien vous intéresser : son caractère facultatif et sa potentielle utilité pour les docteurs.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

PS. Nous sommes fiers de vous annoncer être à 45% de l’objectif de notre campagne « Demain, ouvrir TMN » ! N’oubliez pas : à 100%, on lève le paywall.

Sommaire

→  ANALYSE  Le serment des docteurs : juste un symbole ?
→  UN CHIFFRE  Être femme et éditeur, ça ne coule pas de source
→  UN OUTIL Premiers pas en reviewing
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Houdan-de-la-mer

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Le serment des docteurs : juste un symbole ?


Prêter serment va devenir monnaie courante : au-delà de l’engagement moral se pose aujourd’hui la question de son obligation et de son utilité.

↳ « En présence de mes pairs. Parvenu(e) à l’issue de mon doctorat… » Si vous avez récemment soutenu votre doctorat ou participé à un jury de thèse, vous avez peut-être assisté aux toutes premières prestations de serment doctoral. Si cette disposition de la loi Recherche a été initialement portée par le sénateur et historien Pierre Ouzoulias (…)

UN CHIFFRE

14%

C’est la proportion de femmes éditrices dans des revues scientifiques (8% pour les éditeurs en chef), bien inférieure à la part de femmes auteures de papier qui est de 26% – seulement. L’étude publiée dans Nature Human behavior a analysé le genre de plus de 80 000 éditeurs dans 15 disciplines différentes et alerte au passage sur le phénomène non négligeable d’auto-publication : 12% des chercheurs font passer un sur cinq de leurs propres manuscrits dans la revue pour laquelle ils œuvrent comme éditeurs – le plus souvent de manière bénévole, relire notre analyse.

UN OUTIL

Premiers pas en reviewing

Accompagnez vos doctorants et postdocs dans la relecture d’articles, clame dans les colonnes de Nature Richard Server, biologiste et cofondateur de bioRxiv et medRxiv. Tâche incontournable dans le métier de chercheur mais qu’il est aussi utile de maîtriser pour d’autres carrières, le reviewing peut être dans un premier temps fait de manière spontanée sur des preprints de son choix et valorisé sur des plateformes telles que preLights. Cette dernière, spécialement conçue pour les jeunes chercheurs en biologie, permet la publication du rapport de peer review, auquel est assigné un DOI et qui peut-être lié au profil Orcid du reviewer. Le plus ? Une véritable reconnaissance du travail effectué. Le moins ? Pas d’anonymisation, mais les jeunes reviewers choisiront certainement des preprints qu’ils pourront relire de manière constructive sans prendre trop de risques !

EXPRESS

Des infos en passant


● La bourse et la transition. Le programme de financement de thèse par l’Ademe cherche des candidatures jusqu’au 30 mars. Environ 50 nouveaux doctorants sur 200 candidats en moyenne sont sélectionnés chaque année pour des recherches accompagnant la transition énergétique et écologique et en lien avec les actions de l’Agence – recherches fondamentales s’abstenir.

● Comptez-moi. Plus de 1700 scientifiques ont adressé une lettre ouverte au président du National Science Foundation (NSF) pour déplorer son refus de collecter les données sur l’orientation sexuelle. Un refus interprété comme un manque de soutien à la communauté scientifique LGBTQ+ sous-représentée. Nature et ScienceMag en parlent. 

● Vos papiers, SVP. Suite à une interpellation préventive en amont d’une manifestation qui constituait son terrain d’enquête, le doctorant en sociologie Samuel Legris avait passé 24h en garde à vue en décembre dernier. Hier jeudi 19 janvier, son avocat – rien de moins que Raphaël Kempf – et lui-même ne se sont pas rendus à la convocation pour un plaidé-coupable du délégué du procureur à Montpellier. Ce dernier devra donc décider entre un classement sans suite ou un procès en bonne et due forme. Alors que l’Université de Pau et des Pays de l’Adour n’a toujours pas accordé la protection fonctionnelle à son doctorant, ses collègues se mobilisent via une tribune de soutien ayant déjà récolté 1600 signatures. 

● Deux pour le prix d’un. De l’autre côté de l’Atlantique, les licenciements fusent en ce début 2023. Le premier est celui d’une historienne au motif d’avoir montré en cours une peinture jugée islamophobe par ses étudiants. Une cinquantaine de chercheurs ont rédigé une tribune de soutien publiée dans Le Monde. Le second est celui de la climatologue Rose Abramoff, virée du Oak Ridge National Laboratory pour avoir brandi une banderole dans une conférence appelant ses pairs à rejoindre le mouvement Scientists Rebellion, explique-t-elle dans le New-York Times. Anciennement postdoc en France au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, la chercheuse est soutenue par ses anciens collègues, dont Philippe Ciais à l’initiative d’une lettre de soutien atteignant près de 1000 signatures. Contacté par TheMetaNews, ce dernier estime que la réaction de l’institut – l’équivalent américain du CEA – ainsi que celle de l’American Geophysical Union, ayant effacé toute trace du travail qu’elle avait soumis à la conférence, « est complètement disproportionnée ».

EXPRESS

Votre revue de presse

→ De l’eau de roche. On vous en avait déjà parlé dans TMN il y a peu, le président de Stanford est sujet à une enquête pour méconduite scientifique. Cinq chercheurs de renom, dont un Prix Nobel et d’anciens directeurs d’Harvard et de Princeton, participent à l’examen de ces allégations, rapporte le Washington Post. Une transparence sur l’identité des examinateurs qui manque peut-être à la France.

→ On en est loin… La parité homme-femme dans le milieu de la recherche ? Pas pour tout de suite, rapporte le média La Dépêche. Selon une étude américaine menée sur près de 5,5 millions d’articles scientifiques, malgré une actuelle augmentation du nombre de femmes auteures de recherches, certains domaines n’atteindront pas l’équité entre les sexes avant plus de 100 ans. 

→ Le juste prix. L’inflation touche aussi les bancs des laboratoires et le coût des matériels ne cesse d’augmenter. De l’ajustement de leurs habitudes d’achat à la modification des expériences, certains chercheurs se voient obligés de faire des choix difficiles pour éviter de dépasser leur budget, explique Nature.

→ Reviewer hors-pairs. Un post critique sur la plate-forme Reddit a mené à la rétraction d’un article de la revue PlosOne sur l’influence de Trump dans la diffusion de fausses informations sur le vaccin pour la Covid, explique le site Retraction Watch. En cause, un problème de méthode qui n’avait pas été repéré lors de l’examen par les pairs avant publication.

→ Méfiance. Alors que l’entreprise Cassava est suspectée de s’être basée sur des articles frauduleux – Elisabeth Bik nous avait parlé de cet affaire – elle a décidé de poursuivre en justice les dénonciateurs des faits pour conflit d’intérêts, rapporte Nature. La revue ayant publié les articles incriminés propose quant à elle une déclaration d’intérêt pour les lanceurs d’alerte.

— Revue de presse réalisée par Noémie Berroir

HOUDAN-DE-LA-MER

Et pour finir…


Si les eaux étaient montés au point que l’Île-de-France devienne une île, voici à quoi elle ressemblerait.