19.04.2023 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Je ne veux voir qu’une tête
Comitologie. De retour de la 12e World conference of science journalists à Medellin en Colombie, nous ne sommes pas revenus les mains vides et, non, ce n’est peut-être pas ce que vous pensez.
Un pour tous. Outre des dialogues avec des journalistes du monde entier, on y a rencontré Rémi Quirion, le Scientifique en chef du Québec. Ce neuroscientifique a tout plaqué en 2011 pour occuper cette fonction originale du point de vue hexagonal.
C’est pour hier. Interlocuteur direct des politiques et visage connu du grand public, il est la voix de la science en cas d’interrogations de ces derniers. Avec la difficulté manifeste de représenter toutes les disciplines, notamment en temps de crise, comme lors du Covid.
Dépanneur. La France ne manque pas d’experts ad hoc, ni d’académies en tous genres mais ils et elles gravitent autour d’un pouvoir qui les ignorent souvent. On a voulu faire le point avec le principal intéressé.
À très vite,
— Laurent de TheMetaNews.
Sommaire
→ INTERVIEW Expert, un jour, expert toujours ? L’avis de Rémi Quirion
→ LA VIE DE L’ESR Ça va bouger à l’Inria, indemnités au CNU…
→ BRÈVES Mensonge ministériel, Galaxie lointaine, déréliction transalpine
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Retour vers le futur des souris
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INTERVIEW
« Devenir expert n’est pas bien vu pour un chercheur »
Rémi Quirion est le Scientifique en chef du Québec. Il a la lourde responsabilité de produire de l’expertise scientifique à destination des politiques et nous détaille les aléas de ce poste sans équivalent en France
↳ Qu’a changé la Covid dans l’exercice de votre fonction, notamment dans les rapports avec les politiques ?
Après dix ans à ce poste en 2011, beaucoup de gouvernants du Québec ont découvert mon existence, comme le ministère de la Justice. De manière générale, la Covid a donné plus de visibilité à celles et ceux chargés de produire du conseil scientifique auprès des gouvernements.
EXPRESS
Pendant ce temps dans la recherche
→ Little big lies. En pleine polémique sur l’islamogauchisme — qu’elle avait en partie initiée —, l’ex ministre de la Recherche Frédérique Vidal s’était avancée dangereusement en promettant une « enquête » sur le sujet au sein de l’ESR en février 2021. Non seulement l’enquête n’a jamais eu lieu mais elle n’a même jamais été demandée, révèle Le Monde suite à la saisine du Conseil d’État de six enseignants chercheurs. Deux ans après ce dérapage, si la polémique s’est calmée, l’ombre du soupçon sur les universitaires concernés reste bien présente.
→ Far, far away. La nouvelle campagne de recrutement des enseignants-chercheurs s’est finalement clôturée le 03 avril dernier, avec trois jours de sursis par rapport au calendrier initial, à cause de problèmes de connexion au portail du ministère. La forte affluence (et la procrastination) ont eu raison cette année encore des serveurs du ministère, des soucis de moindre magnitude que l’année dernière néanmoins, quand les sections du CNU avaient dû gérer en plus la première vague de primes du RIPEC (rafraîchissez-vous la mémoire).
→ Comparaison est raison. Devant l’exode des chercheurs de leur pays, trois chercheurs italiens ont, à la demande des présidents d’université transalpins, produit une étude comparative sur la situation des enseignants-chercheurs dans quatre pays européens : l’Italie, donc, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Attractivité en berne, massification de l’enseignement supérieur, irruption récente du New public management, ses conclusions ne vous étonneront peut-être pas mais font réfléchir. Les chercheurs détaillent leur analyse dans University news.
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le Journal officiel au pas de course. À nouvelles missions, nouvelle indemnité pour les membres du Conseil national des universités (CNU), notamment pour l’attribution des primes individuelles (nous vous parlions du Ripec). Son montant est de 27 euros par dossier visé • On recrute trois ingénieurs d’études à l’Institut national d’études démographiques (Ined) • Le montant annuel maximum des indemnités allouées aux personnels mis à disposition ou placés en délégation auprès de l’ANR ainsi qu’aux membres des comités d’évaluation et aux experts non-résidents passe de 12000 euros à 16000 euros •
→ Ils changent leur carte de visite. Yasmine Belkaid a été nommée directrice générale de l’Institut Pasteur par son CA pour un mandat de six ans, elle succède à ce poste à Stewart Cole • C’est officiel, on cherche le successeur de Bruno Sportisse à la tête de l’Inria • Lamine Boubakar est nommé administrateur provisoire de l’ENS Lyon jusqu’à la prise de fonction du prochain président, suite à la démission fracassante de son prédécesseur Yann Ricard • Christophe Poinssot est chargé d’exercer par intérim les fonctions de président du CA du BRGM • Richard Giot est nommé directeur de l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers de l’université de Poitiers, pour un mandat de cinq ans • Est déclaré vacant l’emploi de délégué régional académique adjoint à la recherche et à l’innovation pour la région Grand Est. Intéressé·e ? • On connait la promo 2023 de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie ; Jean-Yves Koch, Dominique Leven, Alain Juillet, Didier Miraton, Sophie Becherel, Isabelle Zablit-Schmitz sont nommés membres de son CA • Cateline Leménager, astronome adjointe à l’université Paris-Saclay, remplace Miho Janvier au Conseil national des astronomes et physiciens • Claire Bordes, Marie Gaille, Anne Gueguen, Karoline Postel Vinay, Étienne Rodary sont nommés membres du CA de l’Institut national des langues et civilisations orientales • De nouveaux professeurs associés à mi-temps, encore une fournée et une dernière plus imposante avec deux radiations pour faire bonne mesure • Jean-François Huchet est renouvelé dans les fonctions de président de l’Institut national des langues et civilisations orientales • On connait les membres des commissions appelées à émettre un avis motivé sur le recrutement de la directrice (ou du directeur) de l’Institut français d’archéologie orientale, de l’École française de Rome et de l’École française d’Athènes •
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Quiproquo. Jean-Marc Jancovici, la superstar des experts en énergie, est-il chercheur ? Objectivement non puisqu’il le dit lui-même sans détours sur son site. C’est pourtant ainsi que le présente cet article du Monde traitant du rapport (au vitriol. mais passons) sur l’indépendance énergétique de la France où il est affublé du titre d’enseignant-chercheur. Notons que le rapport lui-même le présente comme professeur à Mines Paris.
→ Vous avez dit deeptech ? Connaissez-vous Afyren ou Ynsect ? Ces jeunes entreprises font de la deeptech en d’autres termes de l’innovation de rupture grâce à la recherche. Si le terme ne semble pas encore faire florès, le concept a les honneurs d’un article du Monde, détaillant un secteur — celui des startup issues du monde académique — en plein boom grâce aux financements publics.
→ Les Experts Matignon. Hasard éditorial, une volée d’articles traitent des rapports parfois compliqués entre les experts scientifiques et le personnel politique. Un éditorial du Monde s’insurge des récentes prises de position du ministère de l’Agriculture sur les pesticides, un article du Guardian veut établir un cordon sanitaire entre eux, Nature propose un vademecum signé Patrick Vallance, l’équivalent anglais de Jean-François Delfraissy lors de la pandémie de Covid-19. Pour couronner le tout, trois chercheurs pointent dans The Conversation les limites des sciences sociales en terme de prédiction pour des politiques publiques.
→ Transition numérique. Bruno Sportisse, qui connait une fin de mandat houleuse à la tête de l’Inria, publie une tribune dans Le Figaro et appelle à un refinancement de la recherche française, notamment dans le numérique.
BACK TO THE FUTURE
Et pour finir…
Si vous utilisez un ordinateur depuis la nuit des temps (disons le courant des années 90 comme nous), ce site est une incroyable madeleine de Proust.