Ils veulent sauver PubMed

27.06.2025 • N° 516 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Publis en danger

FOMO. Quand j’étais postdoc, je consultais tous les matins les nouveaux preprints qui paraissaient sur arXiv dans mon domaine de la physique. Vous faites peut-être de même dans votre discipline, épluchant des plateformes comme bioRxiv, PubPeer, Peer Community In ou SocArXiv…

Update. Se maintenir à jour est évidemment crucial, on ne vous l’apprendra pas. C’est pourquoi les chercheurs en biologie et santé sont si inquiets au sujet de PubMed. Or cette base de référence opérée par une agence fédérale états-unienne est en danger.

Filet de secours. Quels sont exactement les risques, ont-ils été déjà observés et comment sauver PubMed ? Nous avons interrogé des bibliothécaires français et allemands : nous vous livrons leur analyse (et la nôtre).

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  PubMed, une base à sauver
→  OUTIL  Communiquer sur vos conférences
→  EXPRESS  Intégrité, transparence en expé animale et égalité H/F
→  CHIFFRE  Ces revues qui perdent leur facteur d’impact
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Juste une illusion

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Il faut sauver le soldat PubMed

Face aux risques planant sur la plus grande base de publications en biologie et santé, l’idée de recréer un PubMed en Europe fait son chemin. On fait le point.


     ↳ Fin avril, en rentrant de sa course à pied saturnale, l’idée s’est imposée à Miriam Albers, directrice du département des bibliothèques au sein de la ZB MED, structure nationale allemande pour l’information scientifique en santé : il était temps d’agir pour sauver PubMed. Développée et maintenue par les National Institutes of Health (NIH) états-uniens, cette base de référence mondiale pour explorer la littérature en biologie et en santé PubMed est en danger depuis l’arrivée de Donald Trump (…)

 

OUTIL

Communiquer sur vos conférences

Dédoublement. Vous organisez des conférences ? Communiquer clairement sur le programme n’est pas toujours chose aisée, surtout lorsque les sessions parallèles se multiplient… Fichier PDF, Excel, calendrier partagé, aucune solution n’était satisfaisante aux yeux du chercheur Hendrik Erz qui a développé un planning interactif à insérer sur votre site web et voici le résultat. Il vous explique comment faire de même sur son blog.

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Incertains. Une enquête auprès de plus de 1700 chercheurs et étudiants chinois révèle une connaissance limitée des règles d’autorat des publications et une difficulté à identifier les services frauduleux (comme l’achat de papier ou de citations). Fruit du travail commun entre Taylor&Francis et l’Académie des sciences chinoise, l’étude publiée dans le Journal of Data and Information Science conclut à un besoin criant de formation sur le sujet. La Chine arrive en tête des rétractations en biologie et santé, révèle une étude publiée dans International Journal for Educational Integrity.

● N+2. Intégrité scientifique toujours mais pas que : après le CNRS et l’Inserm, les sociologues Michel Dubois et Catherine Guaspare se penchent sur le CEA. Lors d’un séminaire en petit comité, ils dévoilaient les résultats de près de 25 entretiens menés auprès de chercheurs – ou plutôt d’ingénieurs-chercheurs – faisant notamment ressortir la forte dimension hiérarchique au sein de l’établissement, plutôt perçue de manière positive. Un travail préparatoire au questionnaire qui récoltera l’avis de l’ensemble des personnels du CEA fin 2025, nous vous en reparlerons.

● Modest Mouse. Une décision historique pour les militants de la transparence sur l’expérimentation animale a été rendue par le Conseil d’État : les rapports d’inspection des établissements sont jugés communicables au grand public. Ces établissements ne doivent en revanche pas être identifiables au motif de « risques avérés d’actions violentes », ce que déplore l’Observatoire de l’expérimentation animale : aucune action violente n’aurait été recensée en France ces vingt dernières années – nous vous en parlions.

  Mais aussi…  Une table ronde sur les femmes et la science a eu lieu au Sénat hier jeudi 25 juin Les inégalités (de salaire) existent également chez les éditeurs (et surtout chez Elsevier), montre une étude publiée dans Plos Global Public Health Une toute nouvelle plateforme nommée Preprint Watch promet de repérer les articles qui vont marquer la science avant même qu’ils soient cités ou même rewievés « Science in the gray zone », une série de podcast sur la correction de la science (disponible sur toutes les plateformes, ici Spotify)

CHIFFRE

20

Vingt revues ont perdu leur facteur d’impact cette année, a révélé la nouvelle édition du Journal Impact Factor publiée par la société Clarivate, souligne Retraction Watch. La raison ? Un comportement anormal en termes de citation ou d’autocitation à l’échelle d’une revue ou d’une revue vers une autre. Pour rappel, le facteur d’impact correspond à la somme des citations reçues sur l’ensemble des articles publiés dans la revue divisé par le nombre total d’articles. Chaque année, quelques-unes des 22 000 revues sont déclassées, dont certaines de maisons d’édition bien connues comme Elsevier, Springer Nature, Wiley ou Sage.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Micro-soft power. C’est en lien direct avec notre analyse du jour : les bases de données en santé sont également menacées par les coupes budgétaires de l’administration Trump mais des mécènes comme la fondation Gates les sauveront peut-être, explique Nature.

→ Tacle. États-Unis, encore : le ministre de la Santé Robert F. Kennedy Jr. déclarait fin mai que les prestigieuses revues en médecine telles que The Lancet, New England Journal of Medicine, JAMA étaient tout simplement corrompues et que les agences fédérales allaient créer leurs propres revues. L’occasion pour le chercheur Robert Kaplan de critiquer le système des frais de publication dans The Chronicle of Higher Education. De son côté, Radio Canada traite des usines à papier ou paper mills – relire notre interview de la spécialiste Anna Abalkina.

→ Come on. Les publications issues de travaux financés par les NIH états-uniens devront être en accès ouvert à partir du 1er juillet – une obligation qui existe déjà en France et en Europe. Science revient sur les implications de publier ses résultats sous licence CC-BY.

→ Ciseaux rouillés. Ironie du sort : la personne chargée de l’intégrité au sein du comité d’éthique des éditeurs scientifiques voit un de ses articles rétractés pour des retouches d’image qui ne seraient pas acceptables aujourd’hui, rapporte Retraction Watch. Les standards auraient-ils changé ? L’historien des sciences Alexandre Hocquet nous en parlait.

→ Baillon. Le docteur en informatique Solal Pirelli comparait pour diffamation après avoir signalé des irrégularités dans les travaux d’un collègue jordanien. L’ex-directeur de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) Martin Vetterli – nous l’avions interviewé – soutient le lanceur d’alerte, rapporte le quotidien suisse 24 heures.

→ Bac philo. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme… L’émission Avec philosophie sur France Culture consacre une série sur les défis éthiques auxquels la science est aujourd’hui confrontée avec notamment un épisode sur la place des femmes dans la recherche. Philo toujours, le magazine Sciences humaines republie un article qui va sûrement vous parler en tant que chercheur : A-t-on besoin de la vérité ?

→ Anti-sèche. ChatGPT sera-t-il bientôt considéré comme une aide pour les examens au même titre que la calculatrice ? Dans Nature physics, un physicien explique comment il laisse les étudiants s’en aider lors des rattrapages. Une étude montre dans le même temps que l’usage de ChatGPT réduirait les capacités d’apprentissage, rapporte le Time.

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JUSTE UNE ILLUSION

Et pour finir…

Voici une illusion d’optique qui va vous apprendre quelque chose sur vous.