Pourquoi tant D'ANR ?




26 février 2020 /// L’actu de la profession


Pourquoi
tant d’ANR ?

Sous dotée, mal aimée (la moitié des chercheurs souhaitent sa disparition), l’Agence nationale de la recherche (ANR) va pourtant sortir renforcée dans les mois à venir.
On analyse avec un témoignage exclusif et une interview fouillée l’extension du domaine de la lutte pour les « financements compétitifs ».
Bonne lecture,
Laurent de TheMetaNews


Matilda s’appelle aujourd’hui Adèle Combes. Adèle vous racontera son histoire (un peu) mais surtout celles qu’on lui a confiées. En particulier une : la descente aux enfers d’une doctorante brillante. 


A partir d’ici 4′ de lecture pas normée



Et si on se passait de l’ANR ?


Plus grand monde ne veut la disparition de l’Agence nationale de la recherche, nous assurait Antoine Petit, le PDG du CNRS dans notre interview parue le 24 janvier dernier (allez, relisons-la). Et bien si, lui rappelle Christophe Blondel, chercheur au laboratoire de physique des plasmas et trésorier national du SNCS-FSU, qui lui rappelle (et nous apprend) que sa suppression a été mise sur le tapis par au moins deux syndicats de chercheurs lors des travaux préparatoires à la Loi recherche il y a quelques mois… mais que cette proposition ne figure pas dans les rapports. Aux dernières nouvelles, les préversions de la loi Recherche en circulation proposent de doubler le taux de réussite aux appels à projet, le passant à 30%. On vous en reparlera, bien sûr.


Lire l’intégralité de son témoignage


Des infos en passant //////// BPIFrance et PhDTalent lancent une enquête sur l’entrepreneuriat chez les jeunes chercheurs, ça dure 10 minutes (ou 15 maximum) //////// Le PhD développe « la créativité, la ténacité voire l’humilité » : ce n’est pas nous qui le disons mais Frédéric Thiriez dans son rapport sur la haute fonction publique //////// On ne vous pas encore beaucoup parlé du coronavirus, pourtant l’épidémie a un impact non négligeable sur la science, nous apprend University news //////// A grands pouvoirs, grandes responsabilités : la nomination récente des recteurs ESRI est analysée finement par Jean-Michel Catin sur son blog //////// 


C’est son analyse, elle vous la livre


« Seuls certains obtiennent encore davantage »


Clémentine Gozlan est chercheuse au centre de sociologie des organisations de Science po. Elle analyse la colère contre le financement sur appels à projet.




La mise en concurrence des allocations de recherche a-t-elle toujours existé ? La concurrence n’est pas une nouveauté dans le système de recherche. Selon les premiers sociologues des sciences, c’est même l’un des piliers de son fonctionnement. Cependant, les conditions de mise en compétition ont beaucoup changé entre les années 1950 et aujourd’hui.
De quelle manière ? La systématisation d’un discours politique sur la nécessaire concentration des ressources et le « darwinisme » en science – selon lequel seul.e.s les meilleur.e.s survivront dans la course aux crédits scientifiques –,  dont on trouve des traces en France dès les années 1990 voire un peu avant, accentue vraisemblablement l’effet Mathieu déjà observé de longue date : ceux et celles qui sont déjà consacrés obtiennent encore davantage de ressources.
La création de l’ANR a-t-elle entraîné une accentuation des inégalités ? Il faut d’abord y voir une conséquence de la baisse des crédits récurrents des laboratoires. L’accroissement des inégalités résulte aussi de l’alignement progressif de l’ensemble des appels à projets sur des critères identiques. Une même définition de la qualité scientifique profite alors aux mêmes chercheurs et aux mêmes établissements, disqualifiant certaines thématiques de recherche ou disciplines.


La suite, c’est sur notre site

Deux semaines de Journal officiel, ça prend de la place. //////// On signale de nombreux avis de vacances et recrutement à des postes de praticiens hospitaliers (PU ou MC) //////// Des nominations en tant que professeur des universités (bravo aux intéressés) dans diverses universités //////// Des nominations également en qualité de directeur d’études de l’Ecole des hautes études en sciences sociales //////// Valérie Verdier a été nommée présidente de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) //////// Toujours au rayon IRD, ce sont pas moins de 36 concours ( et ) qui ont été ouverts pour des chargés de recherche de classe “normale” //////// Le CNRS (on ne décline pas) ouvre divers concours pour des adjoints techniques, des techniciens de recherche, des assistants ingénieurs, des ingénieurs d’étude et des ingénieurs de recherche /////////// Idem à l’Inserm, avec l’ouverture de concours d’ingénieurs de recherche, d’ingénieurs d’études, d’assistants ingénieurs, de techniciens et d’adjoints techniques //////// Concours, toujours. Du côté de l’Inrae, cette fois avec des adjoints techniques, des techniciens de recherche, des ingénieurs d’étude, des ingénieurs de recherche, des assistants ingénieurs //////// On approche de la fin avec des nominations en tant que professeurs associés dans diverses universités //////// La date de clôture des concours récemment ouverts à l’Inria est repoussée au 3 mars prochain //////// Les critères du ministère pour accorder le grade de licence ou de master ont évolué //////// Les candidats passant l’examen d’ingénieur sont tenus de s’acquitter de 610 euros de droits d’inscription auprès de l’école //////// Et on finit ce marathon par des nominations au Conseil national des universités pour les disciplines de santé ////////


Les appels à projets
de la semaine



Et pour finir


Et si la politique des petits pas du gouvernement en matière de recherche n’était qu’un long continuum ? Cette illusion d’optique en serait l’illustration, puisque les deux rectangles avancent en réalité sans s’arrêter.