Ils et elles ont abandonné leur poste

24.03.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Avec mon p’tit carton sous l’bras

Scotch & cutter. Faire ses cartons, dire adieu à ses collègues de bureau… on l’a tous fait une ou plusieurs fois dans notre carrière. Quelle que soit la raison de notre départ, un pincement au cœur nous saisit toujours au moment fatidique.

Nostalgie. Partir, c’est l’occasion de nettoyer ce clavier d’ordinateur qui aura tout subi – café et miettes de gâteau – durant nos longues heures de travail acharnées. C’est aussi l’occasion de se remémorer tous les bons moments passés à cet endroit.

Le doute s’installe. On peut flancher et oublier les raisons qui nous ont poussé à faire le choix de partir. Mais comme l’a si bien dit une des mes interviewées cette semaine : « On me dit que j’ai du courage de partir… mais ce sont ceux qui restent qui ont du courage ».

Au fond des tripes. Car parfois, changer de cadre et aller voir ailleurs est un besoin pressant. Même lorsqu’on a enfin obtenu ce que d’autres désespèrent un jour d’avoir : un poste permanent. Mais qui sont ces fous qui osent quitter la recherche académique ? Lisez leurs témoignages.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE  Ils ont quitté leur poste dans l’académique
→  UN CHIFFRE  Le harcèlement sexuel toujours bien présent
→  UN OUTIL Créez votre revue
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR En apesanteur

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Ils ont quitté leur poste permanent, ils expliquent pourquoi

Après tant d’efforts pour obtenir le Graal – un poste permanent – ils sont une poignée de chercheurs à quitter la recherche académique. Trois d’entre eux témoignent.

   ↳ Patron de plusieurs entreprises en informatique, Sylvain Peyronnet continue à faire de la recherche. Il n’est pourtant plus enseignant-chercheur depuis maintenant plus de dix ans. Pur produit de l’université, il avait obtenu sans difficulté un poste de maître de conférences en 2007 puis un poste de professeur en 2012. Deux ans plus tard, à 37 ans, il décide de se lancer dans l’entrepreneuriat, en demandant une disponibilité – plus pour rassurer ses proches qu’avec l’intention de revenir (…)

UN CHIFFRE

1 sur 2

Une scientifique sur deux affirme avoir subi une forme de harcèlement sexuel sur son lieu de travail. C’est un des résultats de l’enquête réalisée par la Fondation l’Oréal sur plus de 5200 scientifiques dans une centaine de pays. Et le mouvement #MeToo de 2017 ne semble pas avoir résolu le problème : la moitié des faits ont eu lieu ces cinq dernières années. L’omerta reste malheureusement de mise, comme le dénonçait une lettre ouverte signée par quelque 400 personnels de recherche. Avec des conséquences pour les chercheuses victimes de harcèlement sexuel : pour 65% d’entre elles, ces situations ont eu un impact négatif sur leur engagement dans la science et leur carrière.

UN OUTIL

Ma revue à moi

Vous pensez à lancer votre propre revue en sciences humaines et sociales ? Première étape : la création d’une association à but d’édition scientifique. La Maison des sciences de l’homme Mondes vous propose un guide de rédaction de statuts d’associations. Autre étape importante : le référencement. Deux chercheurs bordelais proposent un guide sur les outils disponibles, ainsi que sur les enjeux et modalités pour faire référencer sa revue en Arts, Lettres, Langues, Sciences humaines et sociales.

EXPRESS

Des infos en passant

● Nettoyage de printemps. Plus de 50 revues ont été retirées de Web of science, la plateforme mondiale indexant publications et revues de toutes disciplines, annonce l’entreprise Clarivate. Des revues qui ne répondaient plus au standard de l’intégrité scientifique ? Le géant de l’information scientifique reste avare en détails, mais près de vingt revues éditées par Hindawi seraient concernées d’après Retraction Watch, ainsi qu’une revue phare de MDPI, International Journal of Environmental Research and Public Health. Conséquences ? Des revues qui perdent leur impact factor et leur gage de qualité et pour les chercheurs, la fin d’une voie de publication facile, comme l’analyse Pablo Crosetto sur Twitter.

● Avis de tempête ou beau fixe ? Deux initiatives lancent leur baromètre sur l’état de l’ESR : le site de la Conférence des praticiens de l’enseignement supérieur et de la recherche (CPESR) – des chercheurs qui aiment les données – vous proposent de répondre à quelques questions sur vos conditions de travail, tandis que l’agence de presse AEF et la Fédération nationale des structures d’action sociale, culturelle et sportive dans les établissements d’enseignement supérieur – vous la découvrez ? nous aussi – lancent leur questionnaire annuel sur le bien-être au travail et dans les études. Les deux baromètres annonceront-ils la même météo ?

EXPRESS

Votre revue de presse

→ D’un extrême à l’autre. L’Argentin Luis Caffarelli a remporté le prix Abel, équivalent du Nobel en maths. Surnommé le Messi des mathématiques par The Guardian, il est le premier sud américain lauréat de ce prix prestigieux, comme le souligne Nature. Autre mathématicien au sort beaucoup plus préoccupant : le russe Azat Miftakhov, emprisonné depuis deux ans et torturé par les services russes souhaitant faire de son dossier celui d’un terroriste, rapporte Mediapart.

→ Petits secrets. La Chine n’aurait pas révélé toutes ces données permettant de tracer l’origine du virus de la Covid et pour l’Organisation mondiale de la santé, c’est inexcusable, rapporte le magazine Science. Pourtant, celles-ci corroborent la thèse d’une transmission par des animaux sur un marché, de quoi repousser l’hypothèse de la fuite d’un labo. Ce, malgré les inquiétudes actuelles provenant de labos sous haute sécurité – toujours à lire dans Science.

→ La foule et le peuple. Le distanciel, « un outil redoutable » pour contrer la mobilisation contre la réforme des retraites à l’université ? C’est l’avis des deux chercheurs à l’origine de recours devant le tribunal administratif, Luc Pélissier et Noé Wagener, interviewés par Mediapart. La bataille juridique ne fait que commencer.

→ Nouveau départ. Sylvie Pommier, directrice du réseau national des collèges doctoraux (RNCD) et Bertrand Granado, directeur du collège doctoral de Sorbonne Université, publient dans The Conversation un texte sur le serment des docteurs, symbole selon eux d’une nouvelle relation entre science et société. Retour historique, extraits de témoignages de docteurs – relire notre analyse – et résultats de l’enquête du RNCD sont au menu.

→ Choisissez votre arme. Scientifiques en rébellion, Valérie Masson-Delmotte… À l’occasion de la sortie de la dernière publication du Giec, Reporterre propose une série de papier sur la révolte des scientifiques face à la crise climatique. Le Monde, quant à lui, profite de l’instant pour dénoncer le « solutionnisme technologique » qui, sous couvert de résoudre des problèmes, empêcherait un réel changement.

→ Étudier, contester. C’est un sujet qui aurait pu être abordé dans les questions liées au climat mais qui, mobilisation contre la réforme des retraites oblige, se transpose aux chercheurs en sciences sociales : la neutralité des scientifiques. Pour le sociologue Alessio Motta, « l’engagement peut servir de support, voire d’appui théorique » aux mouvements sociaux – à lire dans les colonnes d’AOC. Un thème qui sera également à l’honneur du prochain TMN mercredi.

EN APESANTEUR

Et pour finir…

Il est fou de voir comment notre cerveau interprète les images… comme celle-ci.