La montagne, ça vous gagne

21.07.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Sous la blouse, le baudrier

Rite de passage. Je dois vous l’avouer, moi aussi je fais de l’escalade. Et devinez qui m’y a initiée ? Un chercheur – mon chef lors de mon premier postdoc.

Récréation musclée. Rares sont les sports si intenses et demandant tant de concentration qu’ils permettent d’oublier toute une journée parfois frustrante en quelques minutes.

Énigme verticale. Depuis mes débuts dans la recherche, je croise des grimpeurs-chercheurs partout. Dans mon groupe d’escalade, presque un tiers a un doctorat. Coïncidence ?

Vide sous vos pieds. Peu d’études existent sur le lien entre activités scientifiques et de montagne. Pourtant, les histoires à ce sujet ne manquent pas, vos collègues en témoignent.

Marche d’approche. Alors avant de partir en congés, on a décidé de vous les raconter dans un sujet un peu plus léger que d’habitude : ces chercheurs qui aiment la montagne, que ce soit juste un loisir ou une composante de leur travail.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  Quand les chercheurs s’en vont grimper
→  OUTIL  Un manuel pour jeunes recrutés
CHIFFRE La barrière de la langue
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Tranquillité bien méritée

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Pitons, piolets, pipettes et publis

Simple loisir pour une déconnexion totale, passion complémentaire à la recherche ou compétence utile… beaucoup de chercheurs aiment la montagne et elle le leur rend bien.

   ↳ Tout est affaire de symbole : durant l’été 2015, six scientifiques gravissaient le Mont Blanc pour y faire flotter la banderole d’un collectif de chercheurs. L’occasion de concilier leur amour de la science et leur passion de l’alpinisme était trop belle : « Après tout, tant la recherche scientifique que l’alpinisme nécessitent le goût de l’effort et du dépassement de soi », témoignaient-ils (…) 

OUTIL

Manuel pour jeunes recrutés

Vous venez d’être admis·e comme maître·sse de conférences ? Félicitations ! Malheureusement, le plus dur n’est pas forcément derrière vous. Devez-vous déménager ? Comment valider son année de stage ? Combien d’heures d’enseignement ? Quelles primes ? Un collectif vient de sortir un petit manuel de survie pour les néo-MCF (à télécharger ici) très complet et utile même après quelques années d’exercice ou en amont des candidatures.

CHIFFRE

2,5

Les chercheurs non anglophones – du moins nativement – ont 2,5 fois plus de chance de voir leur papier rejeté à cause de leur maîtrise limitée de l’anglais, estime une étude publiée dans PLOS Biology. Les résultats de cette enquête menée auprès de 900 chercheurs en sciences de l’environnement à travers le monde montrent que les activités scientifiques demandent beaucoup plus d’efforts à ceux dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, particulièrement les jeunes. Il leur faut jusqu’à deux fois plus de temps pour lire un article ou préparer une présentation. Certains s’auto-censurent : 30% évitent les conférences internationales et 50% les présentations orales. Face à cette véritable barrière de la langue, les auteurs de l’étude proposent des solutions, comme le mentorat, des guides pour la rédaction en anglais, ainsi que la multiplication des abstracts et des présentations multilingues.

EXPRESS

Des infos en passant

● Droits et devoirs. Le comité d’éthique du CNRS (Comets) vient de publier un avis sur l’engagement des chercheurs. En résumé du résumé : vous avez la liberté de vous engager mais il faut le faire de manière responsable. On note que le Comets invite le CNRS à élaborer avec ses personnels un guide de l’engagement public, en donnant quelques préconisations quant à l’attitude du CNRS envers ses agents : ne pas condamner ni pénaliser des actes militants – on pense aux Scientifiques en rébellion – sauf s’ils sont contraires à la déontologie – on pense évidemment à l’affaire Mucchielli – et soutenir celles et ceux qui subissent des procédures baillons. De plus en plus prégnant depuis ces dernières années, le sujet est en lien avec le colloque organisé par l’Office français de l’intégrité scientifique (Ofis) en juin 2022 – on en parlait dans notre édito – dont une restitution écrite est maintenant disponible.

● Réunionite aiguë. La nouvelle mouture des comités de suivi individuel (CSI) pour les doctorants instaurée dans l’arrêté d’août 2022 ne ravit pas tout le monde. Certains de vos collègues littéraires se plaignent de la présence obligatoire du directeur de thèse ainsi que de la tenue d’un CSI avant toute inscription en deuxième année. La pétition en ligne pour l’allègement des CSI, lancée il y a tout juste un mois, atteint près de 1000 signatures.

● Les dix commandements. Le Code de conduite européen pour l’intégrité scientifique vient d’être mis à jour. L’édition 2023 tient compte des nouvelles politiques en termes de science ouverte, de données personnelles et de leur gestion… Publié par ALLEA, la Fédération européenne des académies nationales des sciences et humanités, le document détaille en une dizaine de pages les principes et les bonnes conduites mais aussi les méconduites.

● Génération spontannée. Nouveau cas d’usurpation d’identité, cette fois-ci chez Frontiers : une jeune biologiste, Carolin Wendling, a réalisé qu’un éditorial avait été publié dans la revue Frontiers in microbiology la citant comme dernier auteur, sans qu’elle n’ait été impliquée d’aucune manière dans la rédaction, comme elle en attestait sur Twitter. La détective Elisabeth Bik – relire notre interview – l’a signalé sur Pubpeer et la chercheuse a écrit à la revue, malheureusement sans effet. Un mois plus tard, elle figure toujours dans les auteurs. Frontiers, un éditeur de la zone grise, comme MDPI… Nous y reviendrons à la rentrée. Vous avez envie de témoigner à ce sujet ? N’hésitez pas à nous écrire.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Recherche d’emplois. En 2020, le radiotélescope de l’observatoire d’Arecibo sur l’île de Porto-Rico s’effondrait et avec lui la carrière d’une cinquantaine de chercheurs qui se voient dans l’obligation de trouver un nouvel emploi, explique le magazine Science. Le propriétaire du site a en effet décidé de le transformer en établissement d’enseignement et de fermer toute activité scientifique.

→ Détecteur de mensonge. Ivan Oransky est le fondateur du site d’information Retraction Watch, spécialisé dans l’intégrité scientifique. Il revient sur le besoin d’informer sur ces sujets et affirme que le système actuel d’évaluation de la recherche encourage ces mauvaises pratiques dans une interview au Monde. Dans la même veine, voici le portrait d’un chasseur de fraude publié dans le Monde, le premier d’une série de l’été.

→ En lutte. L’activisme scientifique est en plein essor et les actions se font de plus en plus nombreuses, entraînant un véritable changement de culture au sein de la communauté scientifique, expliquent deux sociologues pour le média The Conversation. Le Comité d’éthique du CNRS a d’ailleurs rendu un avis sur le sujet, que nous vous détaillons un peu plus haut dans ce numéro.

→ L’IA limitée. Confidentialité, exactitude, originalité de la pensée… Ce sont pour toutes ces raisons que les agences de financements américains ont interdit l’utilisation de ChatGPT ou tout autre intelligence artificielle pour le reviewing d’articles, explique Science. L’IA continue d’accaparer les discussions, ayant récemment permis à un groupe de scientifiques de générer un article entier, rapporte de son côté Nature.

→ Inspection approfondie. Combien d’études portant sur des essais cliniques dans les revues médicales sont fausses ou fatalement erronées ? Au moins un quart d’après l’anesthésiste britannique John Carlisle, explique la revue Nature. Sur le même sujet, la Conférence des doyens de médecine et le Conseil national des universités pour les disciplines de santé (CNU Santé) ont publié une liste de plus de 3000 revues non prédatrices, explique Le Monde.

→ La bombe au cinéma. Le très attendu Oppenheimer est sorti en salle ce mercredi. Alors que le réalisateur Christopher Nolan met en scène dans un film explosif l’implication du physicien dans le projet Manhattan, le magazine Science en profite pour revenir sur le parcours et les travaux de Robert Oppenheimer dans un interview avec le physicien et historien américain David C. Cassidy.

— Revue de presse rédigée par Noémie Berroir

TRANQUILLITÉ BIEN MÉRITÉE

Et pour finir…

C’est les vacances ! Le moment parfait pour… enfin faire de la recherche.