Maltraité·e par son postdoc

24.11.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


C’est arrivé près de chez vous

Rapport TGV. Chose promise, chose due, voici quelques mots sur le workshop sur l’encadrement doctoral à laquelle j’ai participé jeudi dernier à Strasbourg et qui a réuni des directeurs et gestionnaires d’écoles doctorales, ainsi que quelques chercheurs et doctorants.

Travaux dirigés. Avec des préoccupations très pratiques : composer les comités de suivi, organiser les journées d’accueil des doctorants ? Je suis certaine que vous avez un avis sur la question (écrivez-nous en répondant à cet email).

Nerf de la guerre. La question sensible de la durée du doctorat n’est pas revenue sur le tapis, laissant la place à celle des doctorats non financés. Faudrait-il les interdire ? Si quelques retraité·es profitent de l’opportunité pour assouvir leur soif de connaissance, dans le contexte de crise actuel, on retrouve des doctorant·es à la banque alimentaire…

Effet miroir. Nous reviendrons certainement sur le sujet mais renversons les rôles un instant : et si les encadrants (de doctorants ou de postdocs) pouvaient être maltraités par ces derniers ? Deux d’entre eux témoignent cette semaine et c’est assez poignant.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews

PS Notre campagne « Demain, ouvrir TMN » bat son plein. Toutes les infos.

Sommaire

→  ANALYSE  Maltraité·es par leur postdoc, ils racontent
→  OUTIL  Services centraux de l’open
→  CHIFFRE  Les fausses publis des “paper mills”
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Test de personnalité

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

℗ Contenu réservé à nos abonné·es

ANALYSE

Maltraité·es par leur postdoc

Quand la relation de travail entre un encadrant et “son” postdoc dérape : voici deux témoignages sur ce sujet sensible.

   ↳ La vie des labos. Des doctorants maltraités par leur directeur ou directrice de thèse, Adèle Combes le racontait dans son ouvrage Comment l’université broie les jeunes chercheurs, faisant un tollé dans la communauté et au-delà. L’inverse existerait-il ? Pablo, directeur de recherche en biologie, l’a vécu venant de son postdoc (…)

OUTIL

Services centraux de l’open

Effet portail. Au cas où vous ne l’auriez pas vu passer, Inrae a récemment lancé son portail dédié à la science ouverte avec moult ressources pour publier en accès ouvert, partager ses données ou mener des recherches participatives. Fiches d’information, bonnes pratiques mais aussi accès directs vers les services pertinents (Inrae ou nationaux) sont au menu.

EXPRESS

Des infos en passant

● Aller plus loin. Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hceres) a rendu sa copie très attendue quant à l’évaluation du CNRS. Laurent vous en reparlera plus longuement mercredi mais voici un petit focus sur l’intégrité (p.39 pour les curieux). Si le comité d’évaluation se montre satisfait des améliorations en termes d’organisation et d’actions de la mission créée en 2018, il recommande aussi d’aller plus loin. Notamment en termes de transparence, à la fois pour les victimes mais aussi pour « diffuser dans l’ensemble de l’organisation une culture de tolérance zéro à l’égard des inconduites ». Définir une échelle de sanction et élargir le périmètre aux relations avec le privé, au dialogue avec société et à l’expertise scientifique figurent également dans la liste des courses.

● Médaillées. Les Prix Irène Joliot-Curie ont été annoncés et récompensent cette année pour leur 22ème édition : Anne Canteaut (directrice de recherche à Inria, que nous avions interviewée dans le cadre de notre série sur les concours) comme « Femme scientifique de l’année », Marilena Radoiu (directrice de recherche en Génie Chimique et Environnement et fondatrice de l’entreprise Microwave Technologies Consulting SASU) dans la catégorie « Femme, recherche et entreprise » et enfin trois « Jeunes femmes scientifiques » : Virginie Galland Ehrlacher (École nationale des ponts et chaussées), Claire de March (CNRS) et Laurette Piani (CNRS). Bravo à elles !

● Consentants. Vous ne vous sentez pas assez soutenu·es pour le partage de vos données, révèle une étude déposée sur Figshare, fruit d’une collaboration entre Digital Science, Figshare et Springer Nature. Plus des trois quarts des 7 000 répondants dans le monde le pensent. Springer Nature propose un zoom sur l’Hexagone où le principal obstacle serait… le manque de temps (tiens tiens, étonnant) ! Les chercheurs français semblent savoir où déposer leurs données mais se questionnent plutôt sur les conditions légales et administratives (plan de gestion de données, licences…). Vous semblez également plus favorables que vos homologues étrangers (76% contre 63%) à une obligation nationale de partage des données – c’est en tous cas ma traduction de national mandate.

CHIFFRE

400 000

Ce serait le nombre de fausses publis moulinées par des “paper mills”, ces entreprises qui vous vendent des articles, souvent des copier-coller de publis existantes et acceptés par des éditeurs peu scrupuleux. 70 000 auraient été publiées sur la seule année 2022, soit entre 1,5 et 2% de la littérature scientifique. Fruit d’une analyse partagée en exclusivité à Nature mais non encore publiée, ces chiffres paraissent à Elisabeth Bik, experte en la matière, bigrement élevés mais malheureusement plausibles. 

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Orange de la pampa. Souvent comparé à Donald Trump ou Jair Bolsonaro, Javier Milei est sorti victorieux du second tour des élections en Argentine, suscitant la plus vive inquiétude chez les scientifiques, qu’il accuse d’« écrire des choses stupides ». Si l’avenir de l’équivalent argentin du CNRS reste incertain, les mots du nouveau président resteront dans les esprits durant tout son mandat, rapporte Science Mag.

→ Gratifiant. Lâcher la recherche pour l’enseignement (secondaire), la pratique est relativement courante en France mais qu’en est-il outre-Atlantique ? Nature y consacre un papier, interrogeant des enseignants épanouis après leur reconversion et qui témoignent du plus que leur apporte le doctorat dans leur nouvelle mission.

→ À la barre. Presque une trentaine de personnels de l’université de Zagreb ont été arrêtés, suspectés de fraudes impliquant des fonds européens, rapporte Science Business. Le parquet européen traite actuellement trois affaires mettant en cause des universités d’Europe centrales ou de l’Est. Silence radio du côté des universités et du gouvernement croate, alors que Blaženka Divjak, professeur à l’université de Zagreb et ancienne ministre, appelle à une indispensable réaction.

→ Chauvinisme. Virage à 180 degrés dans la politique chinoise : les chercheurs en sciences sociales doivent désormais publier un tiers de leurs articles dans des revues nationales. Avec des bénéfices certains comme le traitement de questions spécifiquement chinoises mais aussi le risque de s’enfermer dans une doctrine imposée, explique le chercheur Qiang Zha dans les colonnes de University World News. Nous analysions justement le versant francophone de cette question récemment.

→ Jeux de mains… Plus de 1000 chercheurs ont été exclus de la fameuse liste des Highly Cited Researchers qui récompense de son cachet près de 7000 chercheurs et organisations chaque année. Listes d’auteurs à rallonge, trop d’autocitation ou d’arrangements du type “je te cite, tu me cites”… Clarivate devient plus exigeant dans ses critères, rapporte Times Higher Education.

→ Contre-sommet. Les Scientifiques en rébellion organisent une COP alternative à Bordeaux du 30 novembre au 3 décembre et des “mini COP28” un peu partout en France. Le collectif a prévu tables rondes, débats et prises de parole engagées, raporte le HuffPost. Avec peut-être aussi quelques actions de désobéissance civile ?

↯ : articles protégés par un paywall

TEST DE PERSONNALITÉ

Et pour finir…

Dis-moi comment tu réagis face à un nuage de points, je te dirai qui tu es