Sylvie Retailleau a d’autres choses à vous dire

27.01.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


« Et pourtant, j’étais le même ! »

Dans le texte. « Il y a quelques semaines, j’avais faim et j’étais en haillons… et pourtant, j’étais le même ! » Si vous avez lu Martin Eden, le roman-phare de Jack London, paraît-il un brin autobiographique, cette phrase vous a peut-être comme moi marquée.

Effet de foule. Alors que le héros, écrivain passionné, devient enfin célèbre après des années de misère, il ne peut croire à ce phénomène irrationnel qu’est le succès. Il était bien le même un an auparavant.

Version chercheur. Un peu comme si après des années de galère en postdoc, vous étiez enfin classé pour un poste permanent. La publication de votre dernier papier aurait-elle fait de vous un être supérieur ?

Retour rue Descartes. Justement, le nombre d’années de postdoc, la ministre Sylvie Retailleau veut le réduire et nous le confiait vendredi dernier. C’est à lire dans le second volet de son interview publié cette semaine. 

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

PS. Nous sommes fiers de vous annoncer être à 45% de l’objectif de notre campagne « Demain, ouvrir TMN » ! N’oubliez pas : à 100%, on lève le paywall.

Sommaire

→  INTERVIEW  Sylvie Retailleau parle fraude, évaluation et postdocs
→  UN CHIFFRE  De l’usage des librairies pirates
→  UN OUTIL Données bien ordonnées commencent par soi-même
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Techno-folie

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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INTERVIEW

« Prendre son temps n’est jamais du temps perdu »


Second volet de notre entretien avec la ministre de la Recherche où il sera question de fraude, d’évaluation et de la situation des postdocs.

Le mal est profond : pour les chercheurs et les doctorants, il faut publier et avoir un Nature absolument. Comment inverser la tendance ? Est-ce qu’il ne faudrait pas récompenser les chercheurs autrement ?

  ↳ Cela bouge déjà du côté des institutions avec la signature de la charte DORA : les critères changent pour devenir plus qualitatifs dans les fiches de poste, dans les promotions… mais la mise en pratique est compliquée car il faut trouver d’autres indicateurs que le nombre de publications – facile à utiliser, reconnaissons-le (…)

UN CHIFFRE

1 sur 2

Plus de la moitié d’entre vous a déjà utilisé un site pirate pour accéder à une publication scientifique, révèle un preprint déposée sur Arxiv par trois chercheurs espagnols et basé sur un sondage auprès de plus de 3000 scientifiques du monde entier à propos de leurs habitudes de contournement des paywalls des maisons d’éditions. Si la recherche d’une version en open access semble rester le premier réflexe, le recours aux librairies pirates n’est pas négligeable et assez hétérogène : il est moins fréquent dans les pays riches, chez les chercheurs plus âgés, en biomédical et en sciences sociales.

UN OUTIL

Données bien gérées

Comment gérer vos données ? Le sujet n’est pas anodin : récemment, Boris Barbour de PubPeer – relire notre interview – insistait sur l’importance de généraliser un accès ouvert aux données et témoignait de l’effort nécessaire dans son organisation pour ce faire. Prêt·es à vous lancer ? Voici qui devrait vous aider : un guide de bonnes pratiques sur la gestion des données vient d’être publié par l’Atelier Données du CNRS, issu d’un travail collaboratif. De quoi répondre à vos questions dans le moindre détail.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Chantage et pipettes. Depuis plusieurs années au sein du prestigieux Collège de France, un des personnels aurait épié ses collègues – notamment féminines – grâce à des caméras installées jusque dans les toilettes et envoyé anonymement des photos dérobées sur des ordinateurs, révèle Libération.

→ Thèse en toc. Interrogé par Times Higher Education, le collectif allemand VroniPlag Wiki qui examine les thèses de doctorat et signale aux universités les cas de plagiat, dénonce leur propension à ne pas retirer le diplôme mais d’uniquement réprimander les auteurs.

→ La malle de luxe. Après Total, c’est LVMH qui abandonne son projet de centre de recherche sur le campus de Polytechnique. À la tête du géant du luxe, le nouvel homme le plus riche de la planète Bernard Arnault n’en révèle pas vraiment les raisons profondes. Le Monde a interrogé un administrateur de l’X : malgré un vote positif au CA, le projet scientifique était loin de faire l’unanimité parmi les chercheurs.

→ Sagacité. La justice peut-elle comprendre le fonctionnement de la recherche ? Oui, comme l’a montré la juge américaine qui vient de réduire au minimum la peine du chercheur Franklin Tao,  suspecté d’espionnage scientifique. S’opposant à la chasse aux sorcières organisée par le gouvernement Trump, la magistrate a largement décrit les conditions de travail du professeur né en Chine, rapporte Science.

TECHNO-FOLIE

Et pour finir…


Qui aurait pu prédire que nous marcherions tous un jour les yeux rivés sur nos écrans de poche ?