Votre justice a besoin de moyens

16.10.2024 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Should I stay…

…or should I go. Nous vous en parlions pour la première fois la semaine dernière : le 28 novembre prochain, TheMetaNews organise son premier événement No Future ? L’occasion pour les jeunes chercheurs d’exprimer leurs craintes et espoirs pour l’avenir de la recherche. Cliquez ici pour en savoir plus !

Nouveau venu. Pour aujourd’hui, nous vous emmenons au tribunal des enseignants-chercheurs, le Cneser disciplinaire, dont l’organisation a été bouleversée début 2023. Et pour cause : l’arrivée à sa présidence d’un conseiller d’État dans cette instance jusque-là composée de pairs.

Confidence pour confidence. Après quelques mois d’exercice, son nouveau président Christophe Devys répond à nos questions sur l’évolution et les besoins de l’instance tout en nous décrivant son quotidien de juge.

Bonne lecture, 

— Noémie de TheMetaNews.

Sommaire

→  INTERVIEW Rendre justice, avec quels moyens ? Christophe Devys parle
 BRÈVES Loi immigration, coupes claires et ranking au menu
→  LA VIE DE L’ESR Les nominations vont bon train
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Tout vient-il à point… à qui sait attendre ?

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 8 MINUTES

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INTERVIEW

« C’est un miracle que le Cneser fonctionne avec si peu de moyens »

Le conseiller d’État Christophe Devys préside le Cneser disciplinaire — le tribunal des enseignants-chercheurs — et détaille pour TMN son quotidien de juge, tout particulièrement dans les cas de violences sexistes et sexuelles.

© J-B. Eyguesier / Conseil d’État

Quelles affaires vous ont particulièrement marqué depuis votre arrivée ?

↳ Celles qui nous troublent le plus sont les affaires de harcèlement ou de violences sexuelles. Dans ce genre de cas, nous sommes confrontés à des discours souvent radicalement contradictoires où il est très difficile de faire émerger une vérité absolue. D’autant plus que le jugement du Cneser disciplinaire intervient la plupart du temps avant celui du juge pénal (…)

BRÈVES

Pendant ce temps dans la recherche


→ Bis repetita. La porte parole du gouvernement Maud Brégeon l’a dévoilé sur BFM-TV le 13 octobre dernier, une nouvelle loi immigration serait prévue pour 2025. On se rappelle de la mobilisation massive lors des débats ayant mené au vote de la précédente, notamment pour éviter que les étudiants étrangers — et donc la fréquentation des établissements français — ne soient impactés par des mesures dissuasives comme la caution de retour. La situation avait amené la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche d’alors, Sylvie Retailleau, à présenter sa démission, finalement refusée (nous vous en parlions). Prêt·es pour la saison 2 ?

→ Trompe l’œil. Les détails du projet de loi de finance du gouvernement Barnier ont été dévoilés jeudi dernier. Verdict pour le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : un budget de 26,8 milliards d’euros en 2025, « soit une augmentation de 89 millions d’euros par rapport à 2024 », se félicite le ministère dans ce contexte général « extrêmement contraint ». Dans les faits, sur les 500 millions d’euros initialement prévus pour la nouvelle marche de la Loi de programmation de la recherche (LPR), seul un tiers sera financé en 2025. Le budget de l’ANR est ainsi fixé à 120 millions d’euros — 100 millions d’euros de moins que prévu —, les Chaires de professeur junior en pâtissent aussi… Mais, « il s’agit de moindre dotation pas de baisse » a tenu à souligner le ministère.

→ Le verre à moitié plein. Dans le même ordre d’idée, les résultats du classement des universités produit par Times Higher Education sont parus le 9 octobre. Du côté des institutions françaises, l’appréciation semble bonne, comme en témoignent les analyses de Campus France ou du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les deux se félicitent en effet d’une « meilleure visibilité de la France à l’international » avec l’arrivée de sept nouveaux établissements dans le classement, portant le nombre total à plus de 50. Le son de cloche est tout autre du côté de THE, qui dans un communiqué tire à boulets rouges sur la France : 10 des 50 universités françaises classées réaliseraient « leur pire performance jamais enregistrée », notamment à cause d’un sous investissement et de problèmes de gouvernance. 

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


 → Le JO au pas de course. Le décret relatif aux attributions du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a été publié  L’Institut de France est autorisé à accepter le legs qui lui a été consenti par Manuel Del Aguila • L’Académie des beaux-arts a elle été autorisée à accepter la donation qui lui a été consentie par Max Cauvin 

→ Ils réimpriment leur carte de visite. Sont nommés au cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : Fabrice Larché, comme chef de cabinet, Jules Lobry-Deblyck, comme conseiller diplomatique, Jean-Luc Dumas, comme conseiller spécial santé et enfin Virginie Bonnaillie-Noël, directrice de recherche au CNRS, comme conseillère recherche • Sont nommés au cabinet de la secrétaire d’État Clara Chappaz auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, chargée de l’intelligence artificielle et du numérique : Pierre Bouillon en tant que directeur de cabinet et Edouard Curt en tant que chef de cabinet • Jean-Baptiste Hébraud est nommé directeur général des services (DGS) de l’université de la Polynésie française • Cédric Edart est nommé DGS de l’Insa des Hauts-de-France • Lyasid Hammoud est nommé DGS de l’Insa de Lyon • Sont nommés membres du Cneser au titre des personnalités représentant les grands intérêts nationaux : Moulay-Driss El Alaoui en tant que membre titulaire, Maryline Cosset et Sandra Buteau-Besle en tant que membres suppléants • Vincent-Nicolas Delpech, directeur d’hôpital de classe exceptionnelle, est nommé directeur général du Centre hospitalier universitaire de Bordeaux • Plusieurs nominations au conseil d’administration de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) • D’autres au conseil d’administration du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) • Nathalie Marcerou-Ramel, conservatrice générale des bibliothèques, est nommée directrice de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques en renouvellement de son mandat • Jérôme Masclaux est nommé directeur général par intérim de l’Établissement public d’aménagement universitaire de la région Île-de-France, à compter du 14 octobre 2024 et jusqu’à la nomination d’un nouveau DG • Mariana Caillaud est nommée conseillère industrie, innovation et transition écologique au pôle économie et finances du cabinet de Michel Barnier • Laurent Toulouse est renouvelé dans ses fonctions de sous-directeur de l’enseignement supérieur et de la recherche à la direction de la diplomatie culturelle, éducative, universitaire et scientifique du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères • Hélène Jacquet devient conseillère en charge des relations avec les universités au sein du cabinet de Patrick Hetzel • Le sénateur Stéphane Piednoir est élu président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) et Pierre Henriet est élu premier vice-président • 

→ Et si c’était pour vous ? Un appel à candidature a été (re)publié pour la fonction de président du Hcéres 

EXPRESS

Votre revue de presse


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Première inquiétante. Contesté pour son rapport aux sciences, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Patrick Hetzel est de nouveau sous le feu des critiques. Et pour cause : sa première apparition publique depuis sa nomination s’est faite lors d’une conférence de l’Uni , un syndicat étudiant d’extrême droite dont les militants se retrouvent massivement chez Éric Zemmour, rapporte Libération.

→ Alerte rouge. La directrice générale de l’Institut Pasteur Yasmine Belkaid était l’invitée du Grand entretien de France Inter. L’occasion pour la chercheuse d’alerter sur le manque de financement de la recherche en France : « La France n’investit pas assez dans son écosystème de recherche, il y a très peu de perspectives pour les chercheurs français ».

→ Ô rage, ô désespoir. En Argentine, les grèves s’enchaînent, notamment dans les établissements d’enseignement supérieur subissent de plein fouet les coupes budgétaires  imposées par le gouvernement ultralibéral du président Milei, explique Le Monde. Depuis son élection en décembre 2023 — nous vous en parlions — les recherches du pays se voient paralysées ou ralenties et de plus en plus d’enseignants font le choix de la démission. 

→ Nature peinture. Le professeur d’économie au Collège de France et spécialiste de l’innovation Phillipe Aghion commente sans langue de bois le projet de loi finance 2025 proposé par le gouvernement de Michel Barnier  dans une interview au Point. Pour lui, « en rabotant le budget de la recherche, le gouvernement envoie un très mauvais signal ».

→ Lost in translation. Les trois scientifiques Étienne Ghys, Slim Khalbous et Rémi Quirion plaident dans une tribune au Monde pour le plurilinguisme dans la conversation scientifique . Une diversité qui permettrait de mieux adapter les recherches aux réalités locales et réalisable grâce à la traduction automatique neuronale et à l’intelligence artificielle.

→ Vent en poupe. Lors de leur visite à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), en difficulté financière depuis quelques années, Patrick Hetzel et Fabrice Loher, ministre délégué à la Mer et à la Pêche, se sont voulu rassurants. Ils ont notamment exprimé leur volonté de consolider aussi bien les financements que l’action de l’institut, explique Ouest France.

TOUT VIENT À POINT…

Et pour finir…


Attendre 11 ans avant que son papier soit accepté… Qui dit mieux ?