Cry for me, Argentina

03.04.2024 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Tango conflictuel

Star du net. La vidéo a fait le tour du monde : Javier Milei, élu président d’Argentine il y a quelques mois, criant « ¡ Afuera ! (Dehors !) » en arrachant des étiquettes sur lesquelles sont inscrits les noms de ministères qui devraient, selon lui, disparaître. Le ministère de la recherche en était.

Programme chargé. Surfant sur la situation économique catastrophique du pays, ce politicien d’extrême droite aux opinions très controversées — surnommé El loco ou le Trump de la Pampa — prévoit coupes budgétaires et réformes de l’État, avec la recherche dans le viseur (mais pas que).

Bilan de santé. Quelles sont les répercussions d’une politique de droite radicale sur le système universitaire et scientifique d’un pays ? C’est le sujet de notre analyse du jour qui fait le point sur la situation argentine, quelques mois après l’arrivée de Javier Milei à la présidence.

Bonne lecture, 

— Noémie de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE La recherche argentine clouée au pilori
 BRÈVES Saclay suite (et pas fin), des nouvelles en vrac
→  LA VIE DE L’ESR Des concours à la pelle et des nominations à l’envi
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR And our winner is…

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 8 MINUTES

℗ Contenu réservé à nos abonné·es

ANALYSE

La recherche argentine clouée au pilori


Quelques mois après l’élection du président d’extrême droite argentin Javier Milei, les universités et instituts de recherche du pays sont en situation de crise. On vous explique.

Dans les rues. « La science n’est pas chère, c’est l’ignorance qui l’est », peut-on lire sur les pancartes brandies par les chercheurs devant le Polo Cientifico [le ministère de la Recherche, NDLR] le 14 février dernier à Buenos Aires, en Argentine. Depuis quelques mois, les manifestations s’enchaînent (…)

BRÈVES

Pendant ce temps dans la recherche


→  Spoiler alert. Le feuilleton institutionnel se poursuit à l’Université Paris-Saclay — relire notre analyse. La réunion de concertation du 22 mars dernier a duré près de 12h, témoignant « des dysfonctionnements des statuts et règlements de notre université et de sa gouvernance », ont déclaré les élu·es au CA des listes syndicales. Si ces derniers « n’ont pas vu leurs revendications complètement aboutir », la liste des personnalités qualifiées extérieures (PQE) a finalement été validée le 28 mars. Le CA de l’établissement maintenant complet, les élections de la nouvelle présidence de l’université devraient avoir lieu le 30 avril 2024.

→ Infos en vitesse. Deux annonces pour les LabCom de l’Agence nationale de la recherche pour officialiser des pratiques déjà en cours : un “fast track” pour les thèses CIFRE et l’accessibilité du programme aux start-up  Le Programme d’équipement prioritaire de recherche (PEPR) sur l’intelligence artificielle a été officiellement lancé à Grenoble, lundi 25 mars, par l’Inria, le CNRS et le CEA. Un projet doté de 73 millions d’euros, annonce le ministère • 432 projets de rénovation énergétique relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ont remporté l’appel à projets 2024 de la Direction de l’immobilier de l’État, annonce toujours le ministère 

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


→ Le JO au pas de course. Ça y est, on connait le cahier des charges de l’appel à manifestation d’intérêt « Programmes de recherche en sciences humaines et sociales » du plan France 2030 • C’est l’heure des concours de recrutement des personnels non chercheurs dans les universités et écoles dépendant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : deux ingénieurs de recherche hors classe, 139 ingénieurs de recherche (un pour les personnes handicapées à Paris Nanterre), 522 ingénieurs d’étude (et 10 pour personnes handicapées dans divers établissements), 421 assistants ingénieurs (12 pour personnes handicapées dans divers établissements), 11 techniciens de recherche et de formation de classe supérieure, 884 techniciens de recherche et de formation de classe normale (32 postes pour personnes handicapées dans divers établissements et un à Paris Est Créteil), 698 adjoints techniques principaux de recherche et de formation de 2e classe, 145 adjoints techniques de recherche et de formation (dont deux pour personnes en situation de handicap à Aix-Marseille et à l’université de Limoges), des adjoints techniques de recherche et formation, 84 avancements au grade d’ingénieur de recherche hors classe, 170 avancements au grade de technicien de recherche et de formation de classe exceptionnelle, 416 avancements au grade de technicien de recherche et de formation de classe supérieure, 292 avancements au grade d’adjoint technique principal de recherche et de formation de 2e classe mais aussi l’ouverture d’une sélection professionnelle pour l’accès au corps des ingénieurs de recherche , ainsi que pour les ingénieurs d’études et, enfin, l’ouverture d’examens professionnels pour le recrutement d’assistants ingénieurs •  

→ Ils réimpriment leur carte de visite. On signale des nominations au Bureau des longitudes (une académie composée d’astronomes, de géophysiciens et de physiciens) : Noël Dimarcq, président, Jacques Laskar, vice-président et Isabelle Panet, secrétaire, pour l’année 2024 • Pierre-Yves Manach est renouvelé à son poste de délégué régional académique à la recherche et à l’innovation pour la région Pays de la Loire • Jean-Marc Vital est élu membre titulaire de l’Académie nationale de médecine • 

EXPRESS

Votre revue de presse


↯ : articles protégés par un paywall

Sigaps, suite. Le journaliste Victor Garcia revient dans L’Express sur un sujet qui nous préoccupe également  (puisque nous en traitions la semaine dernière) : l’avenir du score Sigaps, cet indice bibliométrique qui régule à outrance la vie et la carrière des chercheurs hospitalo-universitaires. Sera-t-il réformé un jour ?

→ Secret défense. La liberté académique est-elle menacée en France ? France Culture revient dans une chronique sur le sujet, suite à la visite inopinée du premier ministre Gabriel Attal au sein d’une réunion de la Fondation nationale de sciences politiques à Sciences po Paris (qui avait fait réagir le chercheur Olivier Beaud ↯ dans Le Monde) sur fond de soupçons d’antisémitisme au sein de l’institution parisienne.

→ Doux rêveur. Le neurobiologiste et académicien Alain Proschiantz plaide dans une interview au Point ↯ pour le temps long, la rêverie, l’erreur… et au final la liberté dans la recherche, à l’occasion de la sortie de son ouvrage Accident (Ed. Odile Jacob).

→ Autoentrepreneur. L’hebdomadaire régional La Liberté (relayé par Actu.fr) relate le recours d’un chercheur CNRS devant le tribunal administratif de Caen. Fait rare, il y conteste une suspension disciplinaire de six mois de l’organisme pour des activités rémunérées en autoentreprise. L’occasion de vous dire que notre série Comparutions sur les auditions au Cneser (relire le dernier numéro) revient bientôt. 

Docteur, docteur. Le sujet est en passe de devenir malheureusement un classique des tribunes : la dévalorisation du diplôme de doctorat en France, comparativement à d’autres pays, comme l’Allemagne évidemment. Cette fois, c’est le docteur en droit privé Martial Pernet qui s’y colle dans Le Monde .

À l’Est, rien de nouveau. Suite aux élections en Russie, 39 prix Nobel dont la Française Francoise Barré-Sinoussi signent une lettre ouverte appelant les dirigeants du monde entier à prendre la mesure du conflit en Ukraine et à ne pas reconnaître Vladimir Poutine comme un président légitime. Une tribune publiée par le site d’information en ligne T-Invariant, que nous a conseillé Carole Sigman – interviewée en 2022 sur la délivrance de visas pour vos homologues ukrainiens.

AND THE WINNER IS…

Et pour finir…


On a fait une sélection parmi les lauréats du World Nature photography award et voici notre gagnant.