08.03.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Mon beau miroir
Captain Marvel. Chercheur, chercheuse, voulez-vous sauver le monde ? Votre réponse dépendra certainement de votre discipline. Clairement, je l’avoue sans honte, en tant que physicienne, ça n’a jamais été mon objectif.
Camouflage. La réponse serait certainement différente pour d’autres, notamment pour celles et ceux officiant dans la recherche biomédicale. Or, rappelons-le, « de grands pouvoirs nous donnent de grandes responsabilités ! »
À la loupe. Cette citation (et d’autres) est issue de notre analyse de la semaine : une plongée au sein de l’Inserm grâce à une vaste enquête menée par des sociologues, portant sur l’éthique et l’intégrité.
Bonne lecture,
— Lucile de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE Être intègre à l’Inserm
→ OUTIL Des guides pour ouvrir vos données
→ CHIFFRE Mais où sont passées vos publis ?
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Le chat du chercheur
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ANALYSE
Être intègre à l’Inserm
Une enquête auprès des personnels de l’institut de recherche médicale détaille les avancées et les défis à relever au sein de cet organisme en pointe sur la question.
↳ Confiaaaance. Si les Français société sont régulièrement interrogés sur leur vision de la science – c’était notamment l’objet de l’enquête Sapiens en 2022, les scientifiques sont moins sollicités. De fait, « interroger les personnels de l’Inserm sur la science est inédit », se félicite Ghislaine Filliatreau, référente intégrité scientifique de l’organisme. (…)
OUTIL
Des guides pour ouvrir vos données
Vos données s’il vous plaît. Le Comité pour la science ouverte du ministère de la Recherche publie une nouvelle déclinaison spéciale données de son passeport pour la science ouverte pour les doctorants. Toujours pour ces derniers, Sorbonne Université partage sa formation sur la gestion, le stockage et l’ouverture des données. Sous quelle licence publier ses données, quel format pour les métadonnées et comment gérer leur diffusion ? La communauté des scientifiques du climat a réalisé quant à elle un guide des meilleures pratiques pour partager vos résultats.
EXPRESS
Pendant ce temps dans les labos
● Deep question. En pleine effervescence des concours, une question vous taraude peut-être : peut-on écrire en anglais la présentation analytique de ses travaux pour les postes de maître de conférences ? Deux décrets se contredisent coup sur coup, celui du 6 février 2023 qui exige une traduction en français et celui du 8 mars 2023 levant cette obligation. Une membre du Conseil national des universités (CNU) nous répond que les dossiers en anglais sont autorisés mais que le jury voudra évaluer votre maîtrise du français, cruciale notamment pour les enseignements. Notre conseil ? Prendre contact avec les personnes indiquées sur les profils de poste. Retrouvez ici l’intégralité de notre série sur les concours en libre accès.
● Mains engluées. Six Scientifiques en rébellion comparaissaient ce mardi 5 mars devant les tribunaux allemands suite aux actions menées contre les entreprises BlackRock et BMW en octobre 2022 – moment où nous avions publié deux articles à leur sujet. Risquant une amende totale de près de 13 000 euros, une nouvelle audience aura lieu à l’automne. On signale les portraits de deux d’entre eux dans la presse régionale : Hugo Raquet dans la Nouvelle République et Marceau Minot dans Paris Normandie.
● ChatObvious. ChatGPT peut-il aider à la rédaction d’articles de review ? Une étude publiée dans Current Osteoporosis Reports compare trois méthodes : humain seul, IA seule ou combinaison des deux – tous les papiers étant édités et vérifiés. Conclusions : l’IA diminue le temps d’écriture mais augmente celui de vérification : 70% des références étaient erronées ! Autre inconvénient : la littérature sortie après septembre 2021 n’est pas prise en compte par ChatGPT et doit être ajoutée à la main.
● Le bon cheval. Qu’auriez-vous parié suite au changement au sein de la revue eLife ? Pour rappel, tous les articles relus sont publiés, ainsi que les avis des reviewers, qu’ils soient positifs ou négatifs. Résultats des courses : le nombre de soumission reste stable et le processus de publication s’est accéléré.
Mais aussi… Temps relativement ensoleillé pour la science ouverte : 65% des publis parues en 2022 sont en accès ouvert, communique le ministère ● Suite à l’arrêt du Mag de la santé et d’autres émissions scientifiques, l’association des journalistes scientifiques (AJSPI) interpelle la présidente de France Télévisions ● Un nouveau prix pour les femmes dans les technologies : 250 000 dollars décernés par le géant Sony en collaboration avec Nature. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 31 mai 2024 ● Mais d’où vient le clivage historique entre sciences et lettres ? Une journée d’étude s’organise le 6 juin prochain et vous pouvez y contribuer ● Une journée sur l’éthique dans le domaine du traitement automatique du langage aura lieu à Nancy le 2 avril ●
CHIFFRE
Deux millions
Deux millions de publications seraient introuvables sur le net, révèle une étude publiée dans le Journal of Librarianship and Scholarly Communication. L’auteur et chercheur à l’University of London Martin Paul Eve a sélectionné aléatoirement 7,5 millions de publications parmi les revues membres de Crossref et plus d’un quart n’apparaît plus via son digital object identifier (DOI), délivré justement par Crossref – on en parlait ici. Une situation préoccupante pour l’organisme : un tiers de ses membres n’auraient pas de système d’archivage. Et non, obtenir un DOI pour votre papier ne signifie malheureusement pas qu’il sera toujours derrière l’URL associée, comme le mentionne le chercheur finlandais Mikael Laakso pour Nature. Quid de vos publis dans 100 ans ?
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Crash test. Les chiffres du doctorat sont en baisse, met en lumière une dépêche AEF du fil data : -18% sur les inscrits en première année ↯. Mais toutes les disciplines sont loin d’être logées à la même enseigne : la chute est vertigineuse pour les SHS, alors que la physique progresse. Ça vous intéresse ? Nous y reviendrons.
→ Bifurqueur. Un parcours qui entre en résonance avec l’édito de ce numéro : le neuroscientifique américain Adam Aron a rendu l’argent de sa “grant” et a complètement réorienté ses recherches avec un objectif clair : renforcer la mobilisation sociale et stopper le soutien des pouvoirs publics aux énergies fossiles. Voici son interview dans Nature.
→ Demi-tour. De la Covid à l’écologie, les constats convergent pour le chercheur CNRS François Graner : la recherche est bien le moteur d’une croissance économique destructrice. Le physicien appelle à la décroissance ↯ dans une tribune au Monde. Faut-il arrêter la recherche ? Nous posions la question dans cette analyse il y a quelques mois.
→ Argent contre tous. On vous annonçait la semaine dernière la création du Scientific Integrity Fund par Elisabeth Bik et d’autres. L’initiative vient de récolter un million de dollars de la part d’un investisseur de la Silicon Valley. L’occasion pour le magazine Science de revenir sur les objectifs : soutenir financièrement les lanceurs d’alerte.
→ Sans appel. L’enseignant-chercheur suspendu pour cinq ans par l’Université de Bourgogne pour des faits de harcèlement sexuel les conteste toujours mais ne fera pas appel de la décision disciplinaire ↯, informe Le Bien Public qui avait en janvier sorti tout un dossier sur l’affaire. Ce ne sera donc pas l’objet de notre prochain Comparutions, qui traite des affaires jugées au Cneser en appel… mais vous pouvez tout de même relire le dernier épisode.
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LE CHAT DU CHERCHEUR
Et pour finir…
Le célèbre dessinateur Joann Sfar n’a pas terminé sa thèse… mais l’a transformée en BD.