Frédérique Vidal a annoncé le 6 juillet dernier le lancement du 2e plan national pour la science ouverte (PNSO), avec un triplement des budgets sur la période. Marin Dacos, le « monsieur Open science » au ministère de la Recherche, fait le point pour TMN. Comment évolue le budget de la science ouverte avec le nouveau plan ? La transformation induite par la science ouverte passe par tous les étages de la machine et a commencé par l’édition, avec le Fonds national pour la science ouverte. Cette ambition de porter le budget à 15 millions d’euros par an représente bien plus : elle permettra par effet de levier la percolation de la science ouverte dans les usages et les pratiques. Cette somme ne finance donc pas la science ouverte stricto sensu mais tout simplement la transformation d’un système obsolète, qui n’est que l’ombre portée de ce qui a été inventé au 17e siècle, réinventé dans les années 1950 et 60… et qui n’a pas changé depuis. Pour quelle raison ? Nous vivons dans un système d’édition et de gestion des données obsolète car pensé pour le papier. Nous sommes à l’heure du numérique et du Web, le paradigme a donc changé mais nous avons souvent continué à travailler comme avant. C’est logique, d’une certaine manière : le système a tendance à poursuivre sur sa lancée. Quand les chemins de fer ont été inventés, on a commencé par mettre des calèches sur les rails. Il faut maintenant passer à autre chose. La science ouverte est-elle acceptée par tous les chercheurs ? Il y a un avis par chercheur sur le sujet de la science ouverte ou au moins un avis par famille disciplinaire : pour certains l’expression “science ouverte” est déjà un pléonasme, d’autres découvrent la science ouverte qui pourrait en réalité transformer leur métier si il était appliqué. C’est dans leur intérêt : une publication ouverte est une publication plus visible, or la mission du chercheur est de faire circuler le savoir. Quand on a goûté à l’accès ouvert, on ne revient plus en arrière. Les publications sont une chose, les données en sont une autre… Peu de disciplines partagent nativement les données, comme la sismologie, l’astronomie ou la génétique. Dans d’autres disciplines, elles ne sont pas pensées comme partageables au-delà du chercheur ou du labo. On ne peut tout simplement pas claquer des doigts et demander à tous d’ouvrir ses données. C’est une des avancées du plan : proposer des chapitres d’appropriation thématiques. Nous devons maintenant travailler avec les établissements qui ont signé Dora [mais qui est Dora ?, NDLR] pour le rendre concret, sans avoir recours à des obligations ou à des décisions descendantes. |
Cléo Collomb : « Et si les chercheurs n’étaient plus que des travailleurs du clic ? »
Crédit photo : CPU-CNRS La science est-elle en danger ? Si oui qui (ou quoi) la menace ? La science est évidemment plus ou moins en danger selon qui nous gouverne. Mais notre projet SPREADS s’intéresse non pas aux menaces en provenance du monde politique mais à...