25.01.2023 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Au son des canons
Plus et plus vite. Le précédent gouvernement s’est longuement échiné à convaincre la communauté scientifique de l’importance des investissements de la loi Recherche : 25 milliards jusqu’à 2030, un délai que nombreux auraient bien vu ramené à 2027.
Maginot. Si certaines de ces mesures sont d’ores et déjà en application, notamment les revalorisations des primes des chercheurs ou celle du traitement des doctorants, le réinvestissement « massif » promis se heurte à la réalité nationale de l’inflation… et à celle, internationale, de la guerre en Ukraine.
Des sous kakis. Avec une loi de programmation militaire forte de 413 milliards d’euros sur sept ans (près d’un tiers de plus que la précédente), annoncée il y a quelques jours par le “PR”, un choix clair a été fait : réarmer la France. Difficile dans ces conditions de défendre l’accélération de la loi Recherche. Une ministre ne peut pas tout, surtout à face à Bercy.
Service avant vente. Vous nous avez posé de nombreuses questions pour la Sylvie Retailleau : merci à vous. Vous trouverez certaines réponses dans la première partie de l’interview publiée dans ce numéro. La suite vendredi prochain ainsi que dans le prochain TMN mercredi sur certains points non abordés dans l’interview.
À très vite,
— Laurent de TheMetaNews.
Sommaire
→ INTERVIEW La recherche selon Sylvie Retailleau
→ LA VIE DE L’ESR Un Journal officiel plus riquiqui que d’habitude
→ BRÈVES De la propagande par mail, un correctif RIPEC et l’Inserm !
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Microcosmos à pâte dure
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INTERVIEW
« Les chercheurs sont fatigués des révolutions »
Voici le premier volet de notre entretien consacré à la politique de recherche avec Sylvie Retailleau, en direct de la montagne Sainte-Geneviève.
↳ Les établissements et les chercheurs ressentent une grande fatigue des appels à projets, vous partagez cette analyse ?
La réponse est évidemment oui. Ce qui fatigue est de chercher du sens au coup par coup. Ce qui permet d’en apporter est une vision pluriannuelle et une cohérence d’ensemble. Il faut arrêter d’aller “au guichet” mais raisonner par projet (…)
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le Journal officiel au pas de course. 20 postes sont dispos suite au concours d’entrée en première année à l’École nationale des chartes • Une livraison d’embauches au CNRS : 72 ingénieurs de recherche de 2nde classe, 123 ingénieurs d’étude de classe normale, 88 assistants ingénieurs, 2 techniciens de recherche de classe normale, un adjoint technique principal de seconde classe •
→ Ils changent leur carte de visite. On connait la composition finale du conseil scientifique de l’École nationale des chartes • On signale les démissions de Daphné Bavelier et de Pap Ndiaye de leur mandat de membre du conseil scientifique de l’ENS Ulm, Annabel Desgrées du Loû et Felwine Sarr leur succèdent • Étienne Gayat est nommé conseiller spécial santé au cabinet de Sylvie Retailleau • Les fonctions de directrice (ou -teur) de l’Observatoire Midi-Pyrénées (OMP) sont vacantes •
EXPRESS
Pendant ce temps dans la recherche
→ L’Inserm scrutée. C’est ce jeudi que le possible futur nouveau président de l’Inserm Didier Samuel sera auditionné par les parlementaires. En attendant que cette nomination surprise soit entérinée, si elle l’est, la Cour des comptes est venue déposer un paquet dans sa boîte aux lettres, sous la forme d’un rapport sur l’organisme de recherche. Et, comme c’est la tradition avec la Cour, celui-ci n’est pas tendre même s’il pointe une recherche de qualité (en terme bibliométrique, n’est-ce pas) rattrapée par des faiblesses, notamment en recherche clinique. Les dix années à venir seront-elles celles du changement ?
→ CORRECTIF. Quelques réactions suite à notre enquête sur le RIPEC. Nous sommes allés un peu vite en besogne en déclarant dans l’encadré que le CNRS octroyait « 3500 euros à tous ses ouailles ». En réalité, d’après ses lignes directrices de gestion, le même montant était effectivement accordé à toutes celles et ceux qui ont eu droit à la prime (ce qui fait une différence) sauf à certain d’entre eux (5% maximum) gratifiés d’un montant supérieur, sur décision de la présidence. Merci à Anne et Armel pour leur vigilance et une pensée pour celles et ceux à qui le RIPEC n’était pas destiné : vacataires, ingénieurs, ATER, contractuels, chercheurs en EPIC…
→ Propagande propagée. À l’avant-veille de la dernière journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites du 19 janvier, de nombreux personnels (dont CNRS) ont eu le droit à un rappel de la vision gouvernementale grâce à un mail signé du secrétariat général des ministères concernés (Éducation, Sports, Recherche…) et in fine relayé en interne, comportant notamment le dossier de presse. Réitèreront-ils avant la prochaine journée du 31 janvier ? N’hésitez pas à nous le signaler.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Deux poids, deux mesures. Prix ou quantité : le clivage persiste entre économistes et physiciens en matière climatique, rapporte Le Monde. D’un côté, un raisonnement simple : en augmentant les prix, la consommation diminuerait. De l’autre, un argument physique : l’épuisement des ressources naturelles appelle nécessairement à des changements de comportements. Deux méthodes qui charrient chacune leur lot de critiques.
→ Complètement toqué. Dans le fil de vidéos infini du réseau social Tik Tok, difficile de mettre en lumière les sujets scientifiques. Mais face à la montée du complotisme sur la plateforme, de plus en plus de comptes — personnels ou institutionnels — publient des vidéos à visée pédagogique, explique le Parisien. Parmi les rares institutions scientifiques à s’impliquer sur le réseau, le Cnes compte plus de 5000 abonnées.
→ Zéro pointé. Tout le système universitaire britannique a été examiné par une vingtaine d’experts du climat afin de déterminer la totalité des émissions carbone générées par les universités, explique le Times Higher Education. Le résultat de l’étude constitue le rapport le plus complet, à l’heure actuelle, sur l’état du secteur au Royaume-Uni, suivi de recommandations pour atteindre l’objectif d’une émission carbone quasi-nulle.
→ Allô maman bobo. Financements insuffisants et compliqués à obtenir, course à la publication, manque d’effectif… Le médecin et président de l’Académie des Sciences, Alain Fischer, revient sur l’état préoccupant de la recherche médicale française dans un interview pour Le Monde.
→ Qui veut donner des millions ? Malgré une légère diminution par rapport au record de l’année 2021, les investissements européens de 2022 dans les start-up de la deep-tech restent très bons, selon le média Sifted. L’occasion, en ce début de nouvelle année, de connaître le classement des fonds européens ayant financé le plus de start-up depuis début 2022 : la France est en bonne position.
— Revue de presse réalisée par Noémie Berroir
MICROCOSMOS À PÂTE DURE
Et pour finir…
La prochaine fois que vous croquerez dans un morceau de mimolette, sachez que vous n’êtes pas seul·e.