Un député chercheur à la manœuvre

23.11.2022 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


En faire (ou pas)

Verbatims. Fields ou Nobel en poche, les sollicitations sont nombreuses : journalistiques (mea culpa), politiques… Reste pour les récipiendaires à trouver leur voix dans un système qui mendie la légitimité (réelle ou supposée) de leur parole.

Micros tendus. C’est ainsi qu’Alain Aspect, Nobel en poche et membre de l’Académie des sciences, a enchainé les rencontres publiques et les analyses politiques, notamment sur la loi Recherche ou la situation des jeunes chercheurs, comme nombre de ses prédécesseurs. Privilège de l’expérience.

Missi dominici. Hugo Duminil-Copin, titulaire de la médaille Fields, veut lui s’écarter de la politique pure et dure. En assurant de sa neutralité, il a néanmoins accepté une mission d’ambassadeur auprès du ministre de l’Éducation nationale pour réenchanter les mathématiques.

Dans les travées. Changeons de sujet maintenant : ni Nobel, ni Fields, lisez cette semaine l’interview d’Hendrik Davi, nouvellement député et chercheur de son état, à propos de sa vision du financement de la recherche.


À très vite, 
— Laurent de TheMetaNews.

Sommaire

→  INTERVIEW La LPR sera-t-elle “reloaded” à l’Assemblée ?
→  LA VIE DE L’ESR De nouveaux profs, des mouvements à Normale Sup
→  BRÈVES Une charte, de l’Académie, une visite quantique
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Desserts pasteurisés

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ANALYSE

« Nous avons besoin d’une nouvelle loi sur l’ESR »


Ancien syndicaliste et chercheur à l’Inrae, le député Nupes Hendrick Davi détaille ses priorités pour le mandat à venir.

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Quelle est votre analyse de l’extension des appels d’offres depuis le début des années 2000 ?

   ↳ Cette vision de la recherche qui veut que l’on doive annoncer au financeur ce qu’on va découvrir avant de l’avoir découvert a été portée par des gens qui n’en ont certainement jamais fait. Appels à projets, crédits récurrents, il faut probablement les deux mais actuellement le système est dystrophié (…) 

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


→ Le Journal officiel au pas de course.  On connait les modalités de l’élection du conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité • L’Inserm vient de bénéficier de 10 millions d’euros de la part de l’Assurance maladie pour financer le programme stratégique de recherche collaborative en santé • Les dates des examens d’avancement de grade des personnels des bibliothèques ouverts pour 2023 sont repoussées au 2 décembre ( et ) • Voici les listes de fonctions pouvant ouvrir droit à l’attribution d’une concession de logement pour nécessité absolue de service • Voici les conditions d’admission des élèves à l’ENS de Paris Saclay •

 → Ils changent leur carte de visite.  Quelques radiations du corps des professeurs des universités : Alexander BockmayrSandrine Vieillard et Antoine Aiello, ce dernier devient directeur de recherche. Le dernier cas est plus atypique, il s’agit de Anders Meibom, radié du Museum d’histoire naturelle, un scientifique au profil original• Pour faire bonne mesure, une palanquée de nominations en tant que professeur des universités • Philippe Burdet est renouvelé dans ses fonctions de sous-directeur du financement au sein de la DGESIP au ministère de la Recherche • Pierre RobionNatacha Ephimoff et Leila Chabane ont été nommés au conseil d’administration du BRGM • Les fonctions de président de l’École normale supérieure de Lyon sont vacantes • Dominique Mulliez a été élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres • Amine Amar est nommé commissaire du gouvernement à « France Université Numérique » • Michel Paulin (directeur général d’OVH) est nommé membre du conseil d’administration de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) • Glen Nédélec (session 2014) est exclu définitivement de l’École normale supérieure de Lyon • Éric de Labarre et Pierre Collignon sont nommés membres du comité consultatif pour l’enseignement supérieur privé • Les fonctions de directeur de l’École polytechnique universitaire de l’université d’Orléans sont déclarées vacantes, idem pour celle de directeur de l’École nationale supérieure d’électricité et de mécanique •

EXPRESS

Pendant ce temps dans la recherche


→ Du côté du quai Conti. Le comité pour la science ouverte de l’Académie des sciences se penche sur l’évaluation “ouverte” des chercheurs et propose une série de recommandations (dont certaines sont déjà en gestation) en mettant l’accent sur une “narration” : quelques publis notables plutôt qu’un inventaire à la Prévert, la mise en avant d’actions comme la création de start-up, des brevets, la vulgarisation, le partage des données… Un pas de côté supplémentaire par rapport à la bibliométrie bête et méchante.

→ Bicéphalie. France 2030 a fêté sa première année en grandes pompes, sous la houlette de la première ministre Elisabeth Borne et en présence du prix Nobel Alain Aspect au laboratoire Charles Fabry (Paris Saclay). Ils ont notamment visité la start-up Pasqal, cofondée par ce dernier. On attend maintenant la publication de tous les lauréats de France 2030, cet instrument de financement majeur de la recherche française, notamment au travers des Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR), à hauteur de 8,4 milliards d’euros.

→ Science avec conscience. Le ministère de la Recherche a publié une Charte de l’innovation responsable en neurotechnologies le 17 novembre dernier, que vous pouvez consulter ici. Cosignée par l’Inserm, l’Inria, l’IRD et une douzaine de start-up et d’acteurs du secteur privé (Inclusive brain, Artha, Braintale…), elle rappelle le cadre éthique qui doit présider à ces recherches, histoire peut-être d’éviter le sensationnalisme, comme un certain Elon Musk avec son projet Neuralink.

EXPRESS

Votre revue de presse


→ Deux pour le prix d’une. Dans une première tribune au Monde, les économistes Philippe Aghion — dont TMN vous avait déjà parlé ici — et Céline Antonin déplorent la faiblesse des financements et des rémunérations dans la recherche française. Dans une deuxième tribune, toujours au Monde, Jean-Claude Lehmann, président honoraire de l’Académie des technologies, appelle lui aussi à un nouveau modèle de financements. Dans les deux cas, on en parle sur Twitter.

→ Prestige oblige. Les entretiens d’embauche sont-ils déterminants dans la recherche ? Pas dans le milieu universitaire aux États-Unis, explique University World News. Selon une étude publiée dans le journal Nature, la réputation de l’université dans laquelle le candidat a obtenu son doctorat aurait une influence plus grande sur le recrutement que la série d’entretiens.

→ Marque déposée. Cet été, Sylvie Retailleau avait accordé le statut d’Institut d’Études Politiques (IEP) à l’École internationale d’études politiques de Fontainenbleau, créée par l’université Paris-Est Créteil (UPEC). Un problème pour la fameuse IEP de Paris — ou « Science Po » Paris —, qui refuse à l’établissement l’usage de sa marque, selon le Monde. L’IEP de Fontainebleau renonce donc pour le moment à s’appeler Science Po mais n’a pas donné son dernier mot.

→ Top Chrono. Les universités du continent africain ont dix ans pour former environ 100 000 docteurs, explique University World News. C’est en tout cas l’objectif préconisé par la Banque mondiale. Le but ? Développer la recherche pour faire face à de nombreux défis (changement climatique, maladies, sécurité alimentaire…).

→ Intelligence collective. Faut-il se méfier de l’intelligence artificielle (IA) ? Dans une tribune au Huffington Post, le sénateur Pierre Ouzoulias, le mathématicien et ancien député Cédric Villani et le député Emmanuel Maurel, appellent à l’ouverture du débat sur la régulation de l’IA sans délai.

— Revue de presse réalisée par Noémie Berroir

FAUX JUMEAUX

Et pour finir…


Quand une océanographe se lance dans l’étude des desserts de la cantine de l’institut Pasteur