29.03.2023 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Devenir un bon client
Vulgus de choc. Quand il s’agit d’aller répondre aux questions des journalistes, qui s’y colle ? Le plus souvent toujours les mêmes, au grand dam de l’audience et parfois des chercheurs. Ce n’est pourtant pas une fatalité.
Facilités. Intellectuels multicarte, experts à 360°… les journalistes font souvent le choix de la sécurité, avec un impératif : que l’intéressé·e sache parler clairement. D’où l’omniprésence de ces bons clients sur les antennes et les ondes.
Chacun son tour. Alors qui pour les remplacer ? Vous, peut-être ? Les apports du savoir académique, souvent négligés en France, sont pourtant indispensables. Il suffit parfois de se lancer.
Au menu. C’est pourquoi nous avons choisi aujourd’hui d’interviewer le politiste Bruno Palier, qui vous livre aujourd’hui « sa » stratégie de présence médiatique, sur fond de réforme des retraites.
À très vite,
— Laurent de TheMetaNews.
Sommaire
→ INTERVIEW Une interview vaut-elle plus qu’une publi ?
→ LA VIE DE L’ESR Ça recrute encore et du disciplinaire
→ BRÈVES Inriacrimonies, contrats à la pelle, IRSN toujours
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR 20 000 lieues selon les syndicats
TEMPS DE LECTURE : 4 ou 8 MINUTES |
℗ Contenu réservé à nos abonné·es
INTERVIEW
« Un politique sera toujours plus impressionné par une interview que par une publication »
Les débats autour de la réforme des retraites n’ont pas eu lieu qu’à l’Assemblée ou dans la rue. Et certains chercheurs, comme Michael Zemmour, y ont pris leur part. De quoi en tirer quelques leçons avec Bruno Palier (Sciences Po).
↳ Les médias agissent-ils comme un relais de crédibilité pour les chercheurs ?
Être présent dans les médias envoie un message de “vérité” aux politiques, qui s’en trouvent convaincus. Ce travail de présence médiatique est conditionné au fait de ne pas aller “faire le buzz” mais d’avoir le temps — même trois minutes — de développer ne serait-ce qu’un argument.
EXPRESS
Pendant ce temps dans la recherche
→ Gestion de crises. À trois mois de la fin du mandat de Bruno Sportisse à la tête de l’Inria, institut au cœur d’une tempête sociale depuis plusieurs mois (voire années), les choses s’accélèrent. Sylvie Retailleau a d’une part reçu l’intéressé au ministère le 20 mars dernier, son cabinet a reçu l’intersyndicale de l’institut trois jours après pour faire le point, notamment sur cette pétition, aujourd’hui close après avoir reçu plusieurs centaines de signatures, dénonçant les travers de gestion et de stratégie de l’Inria.
→ Ressources humaines. Si vous aimez les chiffres (on sait que oui), l’état de l’emploi scientifique vient de paraître. Faisons un focus sur les nouveaux contrats mis en place par la Loi de programmation de la recherche avec la remarque liminaire que les portent sur 2021 : 438 contrats doctoraux de droit privé ont été signé (nous vous en parlions) ainsi que 35 contrats postdoctoraux (nous vous en parlions aussi). Quant aux « contrats de projets », pourtant vantés comme une avancée majeure par Emmanuel Macron himself il y a quatre ans… un seul a été signé. Vous le connaissez ?
→ Dans le mille. C’est avec un sens du timing suraigü que le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) vient de publier son rapport sur l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), dont la disparition est — pour le moment — écartée. Il distille (page 32) les points forts et points faibles de l’établissement de recherche, notamment un difficile équilibre budgétaire et un manque d’attractivité chez les jeunes chercheurs, dû à son côté “entre deux chaises”, entre expertise et recherche (le commentaire est de nous).
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le Journal officiel au pas de course. On recrute quatre conservateurs stagiaires, élèves de l’Enssib • Ça recrute également à l’Université Gustave Eiffel : quatre techniciens de la recherche de classe normale, quatre assistants ingénieurs, trois ingénieurs d’études de classe normale, quatre ingénieurs de recherche • Mais aussi 60 ingénieurs d’études de classe normale à l’Inrae • Quelques aménagements dans l’élection des membres du Conseil national des universités (CNU) • Des vacances d’emploi de PU-PH, de MCU-PH, de professeurs des universités de médecine générale, de maîtres de conférences des universités de médecine générale • Des jugements de sanction disciplinaire au Cneser dont une décision concernant un jeu de mot • On connait les orientations de la politique de prévention des risques professionnels dans l’ESR •
→ Ils changent leur carte de visite. Élise Belaidi-Corsat et Nicolas Pinsault sont nommé·es professeurs des universités • Olivier Peyret, François Houllier, Elsa Cortijo, Judith Sausse, Hélène Hébert sont nommé·es au conseil d’administration de l’Institut de physique du globe de Paris • Claire Giry, actuelle Directrice générale de la recherche et de l’innovation au Ministère, est nommée au CA de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, Guilhem de Robillard est son suppléant • Régine Weber-Rozenbaum est nommée directrice de l’École polytechnique de l’université d’Orléans • Nathalie Sevilla est nommée directrice de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de l’académie de Nancy-Metz • L’emploi de délégué régional académique à la recherche et à l’innovation pour la région Bretagne est vacant •
EXPRESS
Votre revue de presse
→ À revoir. Dans le milieu hyper compétitif de la recherche, les chercheurs sont poussés à la publication afin d’obtenir financements ou postes permanents, explique la chercheuse Rima-Maria Rahal dans une tribune au Monde. Elle appelle à la réforme de ce système, notamment par le biais d’une augmentation générale du financement public, qui permettrait de respecter de bonnes pratiques de recherche.
→ Libertés menacées. Après la libération il y a quelques semaines de la chercheuse iranienne Fariba Adelkhah arrêtée il y a trois ans pour atteinte à la sécurité nationale, le politiste Jérôme Heurtaux s’inquiète de voir les libertés académiques de plus en plus remises en cause dans certains pays et revient sur l’enjeu de faire de la science un bien public, dans le média Analyse Opinion Critique.
→ Santé revisitée. Armée d’un budget de 2,5 millions de budget, l’agence de projets de recherche avancée pour la santé (ARPA-H), inaugurée il y a un an par Joe Biden aux États-Unis, a lancé son premier appel à projets de recherche. Sa directrice, la biologiste Renee Wegrzyn revient sur l’organisation de l’institution et sur son futur dans une interview pour la revue Nature.
→ À couteau tiré. Le week-end dernier, Cécile Hussherr-Poisson, chercheuse à l’université Gustave Eiffel et «sentinelle intégrité » de la faculté, a été assassinée par son ex-mari, président et cofondateur d’une start-up d’IA , en plein cœur de Paris, rapporte Médiapart. Tous les deux anciens élèves de l’École normale supérieure, ce drame rappelle que les féminicides touchent toutes les catégories sociales.
→ Émancipation universitaire. En réaction au rapport sur l’autonomie des universités de l’Association européenne des universités publié la semaine dernière, le directeur de l’Hceres Thierry Coulhon regrette de voir la France régresser dans le classement dans une autre tribune au Monde.
20 000 LIEUES SELON LA CGT
Et pour finir…
La contestation contre la réforme des retraites se transporte sous l’eau (un clin d’œil et un merci à notre lecteur Benjamin Guillaume).