L’accord qui valait 33 millions

29.05.2024 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Sésame ouvre toi

Déjà vu. Face au mouvement de science ouverte, les éditeurs scientifiques sont parvenus à s’adapter : ils vous proposent de payer pour publier en open access — des frais de publication de 2 500 euros en moyenne.

Adieu. Bien qu’il soit possible de publier gratuitement en accès ouvert — nous vous parlions de ces chercheurs qui ont créé leurs revues —, une poignée de grands éditeurs (Springer, Elsevier et consorts) dominent toujours le marché, réputation oblige.

En solde. Afin de contrôler les dépenses, le consortium Couperin s’engage périodiquement, au nom des établissements français, dans des négociations musclées avec ces maisons d’édition.  

Addition salée. Un des derniers en date : l’accord national signé avec le géant Elsevier pour la somme de… 33 millions d’euros par an. On vous dit tout (ou presque) dans ce numéro !

Bonne lecture, 

— Noémie de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE Elsevier se la joue open
 BRÈVES Encore et toujours Saclay, rénovation du biomédical
→  LA VIE DE L’ESR Des ouvertures de concours et de postes 
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Cherche, Forrest

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 8 MINUTES

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ANALYSE

Elsevier se la joue open


Premier du genre mais troisième de la série, l’accord signé avec le géant de l’édition pour la modique somme de 33 millions d’euros marque un tournant.

Tour de magie. Si l’un de vos articles a été accepté dans une des revues d’Elsevier depuis le début de l’année 2024, vous avez peut-être remarqué la mention “To Pay : 0 €” apparaître à côté de l’option de publication en libre accès. Les frais de publication (Article Processing Charges) avoisinant d’habitude les 2 500 euros en moyenne ont disparu… Un miracle ? Pas tout à fait (…)

BRÈVES

Pendant ce temps dans la recherche


→  Retourné acrobatique. Nouveaux rebondissements du côté de l’Université Paris-Saclay après l’échec de la procédure électorale du ou de la nouvelle présidente. Le 22 mai, dans un message adressé aux personnels et aux étudiants, la présidente sortante Estelle Iacona a annoncé retirer sa candidature « pour contribuer à la sortie de crise » (nous vous en parlions). Si pour l’heure, seul le candidat soutenu par les syndicats FSU et la CGT, Yves Bernard reste en lice en vue des élections du 11 juin, la situation pourrait bien évoluer. Au lendemain du retrait d’Estelle Iacona, Camille Galap, jusqu’alors administrateur provisoire de l’établissement, a également annoncé sa démission « pour des raisons personnelles et professionnelles ». De quoi présager sa prochaine candidature ? 

→ Santé d’abord. Tant attendu par celles et ceux qui l’attendaient (on en faisait partie), le rapport d’Anne-Marie Armanteras et Manuel Tunon de Lara sobrement intitulé Plan de rénovation de la recherche biomédicale a été rendu le 23 mai dernier aux ministres de tutelle lors du salon Santexpo. L’Inserm est évidemment concerné : les auteurs du rapport préconise de faire évoluer l’institut vers une « agence de programmation et de financement » en s’appuyant sur l’exemple américain (NIH) et, en contrepartie, de le délester au profit des universités de la gestion locale des unités de recherche. Universités qui devront avoir fait leurs preuves sur ce point dans les 18 mois, afin de respecter l’engagement présidentiel (nous vous en parlions). Les auteurs réclament également une perfusion supplémentaire d’un milliard d’euros dans le secteur. On attend la réponse des ministères — Recherche en tête — sur tous ces sujets.

→ Infos en vitesse. Le collectif de défense des vacataires de l’ESR (nous vous en parlions) a mis en place une campagne de sensibilisation plutôt très originale auprès des députés pour les sensibiliser à leur situation : 800 tablettes de chocolat • Le syndicat Snesup-FSU jette un pavé dans la mare en diffusant un document recensant 23 mesures relatives à l’acte 2 de l’autonomie des universités, appelé de ses vœux par Emmanuel Macron. Parmi elles, selon le syndicat : « permettre le recrutement de maîtres de conférence sans qualification par le CNU ». Nous y reviendrons évidemment dans un prochain numéro 

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


→ Le JO au pas de course. Des ouvertures de concours externes à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) pour le recrutement d’assistants ingénieurd’ingénieurs d’études de classe normaled’ingénieurs de recherche et de techniciens de la recherche de classe normale • On connaît les membres du jury du concours national d’agrégation pour le recrutement de professeurs des universités en droit public pour l’année 2024 • Ouverture de concours pour le recrutement de chargés de recherche de classe normale à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) 

→ Ils réimpriment leur carte de visite. Valérie Brisset, directrice adjointe de la direction de la diplomatie d’influence au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, est nommée en qualité de personnalité qualifiée au Conseil d’administration de l’Institut national des langues et civilisations orientales, en remplacement de Anne Gueguen • Nathalie Mezureux, architecte et urbaniste générale de l’État, est renouvelée dans ses fonctions de déléguée régionale académique à la recherche et à l’innovation pour la région Auvergne-Rhône-Alpes 

→ Et si c’était pour vous ? L’emploi de déléguée régionale académique adjointe ou de délégué régional académique adjoint à la recherche et à l’innovation pour la région Hauts-de-France est déclaré susceptible d’être vacant au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche • Celui de déléguée régionale académique ou délégué régional académique à la recherche et à l’innovation (Drari) pour la région Bretagne est déclaré vacant • 

EXPRESS

Votre revue de presse


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Bis repetita. La chevelure péroxydée de Geert Wilders, à la tête du Parti pour la liberté qui a remporté les législatives aux Pays-Bas, n’annonce rien de bon pour la recherche, analyse Science. Le nouvel homme fort du pays, en pleines négociations pour une coalition gouvernementale, a annoncé des coupes budgetaires pour la recherche, l’environnement ou l’accueil des étudiants étrangers. Par ailleurs, la candidature de Ronald Plasterk en tant que premier ministre de la coalition Wilders a été écartée suite à des soupçons de méconduites scientifiques : ce microbiologiste se serait approprié la paternité d’un brevet, rapporte NL Times.

→ Malouines win. Dans le même ordre d’idée, les universitaires argentins protestent massivement contre la politique de leur président Javier Milei (nous vous en parlions), rapporte AP News. L’intéressé n’a pas fait mystère de ses intentions de mettre la recherche au pas durant son mandat.

→ Influvaleurs. Le géant pétrolier TotalEnergies fête son 100e anniversaire. L’occasion pour Le Monde de revenir sur le passé, le présent et le futur de cette entreprise sous le feu des critiques. Le quotidien passe en revue dans cette enquête les tactiques d’influence de TotalEnergies ↯, à coups de financements de thèses ou de post docs, notamment dans le climat (nous vous en parlions).

Revue de presse rédigée par Laurent Simon

CHERCHE, FORREST

Et pour finir…


Ce collègue pense que la stupidité est un ingrédient indispensable de la recherche. Et vous ?