Should I stay or should I go?

10.11.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Courage, fuyons X

Marronnier geek. Les réseaux sociaux… soit on adore, soit on déteste – et parfois les deux à la fois. X/Twitter est rapidement devenu un vrai outil de travail, entre veille et autopromo, tant pour vous chercheurs que pour nous journalistes.

Inflammable en un clic. Mais qui dit social dit aussi addiction : combien de like, combien de retweet, qui a commenté mon post ? Chacun des 280 caractères doit être longuement pesé pour éviter tout malentendu ou controverse.

Sauve qui peut. Aujourd’hui indispensable, l’outil peut se révéler extrêmement chronophage mais aussi, depuis peu, dangereux. Que vous ayez suivi ou non les derniers rebondissements de la plateforme aux mains d’Elon Musk, lisez notre analyse sur les chercheurs et les institutions qui fuient X/Twitter.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews

PS Notre campagne « Demain, ouvrir TMN » bat son plein. Toutes les infos.

Sommaire

→  ANALYSE  Faut-il quitter Twitter ?
→  OUTIL  Publier en anglais, mode d’emploi
→  CHIFFRE  L’empreinte carbone des voyages en avion
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR J’me présente, je m’appelle Henri

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Faut-il quitter Twitter ?

Si beaucoup se prennent à détester la cage à hyènes qu’est devenu X (ex-Twitter), les alternatives peinent à émerger, notamment dans la recherche.

   ↳ Mais comment en est-on arrivé là ? La situation ne fait que s’aggraver depuis le rachat de Twitter en octobre 2022 par Elon Musk, rebaptisé X entre temps. Des milliers de scientifiques ont déjà quitté la plateforme selon Nature ; d’après une étude publiée par des chercheurs américains, la moitié des utilisateurs partageant des contenus liés à l’environnement ont fui la plateforme et des universités suspendent leur compte officiel…

OUTIL

Publier en anglais, mode d’emploi

Comment rédiger en anglais ? Suite à notre analyse de la semaine passée, vous vous interrogez peut-être. Pour répondre à certaines de vos questions, voici le blog Publier en anglais de Miriam Périer, responsable éditoriale au Centre de Recherches Internationales (CERI) sous tutelle de Sciences Po et du CNRS. Premier indice : que ce soit un abstract, un article ou un chapitre de livre, on n’envisage évidemment pas l’écriture dans la langue de Shakespeare comme dans celle de Bourdieu.

EXPRESS

Des infos en passant

● Le Père Noël n’est pas une ordure. Confirmation de cette info d’importance qu’on vous livrait il y a quelques semaines : la campagne des concours chercheurs au CNRS s’ouvrira le 10 janvier pour un rendu des dossiers le 9 février 2024. Des dossiers qui seront l’objet du prochain épisode de notre série les concours.

● Envol éditorial. Vous faites partie du comité éditorial d’une revue et voulez dire ciao à la grosse maison d’édition qui la publie ? Candidatez au programme du MIT Press shift+OPEN qui financera la transition vers un modèle en open access. Vous pourriez ainsi suivre la voie de revues comme Quantitative Science Studies ou Imaging Neuroscience, lancée en avril 2023 par des éditeurs ayant claqué la porte d’Elsevier – relire notre article au sujet des épirevues. Les conditions ? Publier depuis au moins depuis trois ans et en anglais.

● Ouvert mais exigent. Face à la multiplication des special issues (notamment par les éditeurs de la zone grise comme MDPI) qui suscitent de vives inquiétudes dans la communauté, le DOAJ – qui liste aujourd’hui 20 000 revues – annonce l’addition de nouveaux critères pour y voir son titre figurer. Quelques pratiques qui renforcent le contrôle de l’activité des guests editors par la revue et par la même occasion sa responsabilité éditoriale.

CHIFFRE

+96%

L’avion représente 96% des gaz à effet de serre (GES) émis par les voyages académiques, montre un preprint déposé sur eartharxiv. Les auteurs, dont la cofondatrice du collectif Labos 1point5 Tamara Ben-Ari – relire notre interview d’elle –, ont analysé 130 000 déplacements (car, train ou avion) dans 159 labos en France. Les voyages intercontinentaux représentent un déplacement sur dix mais dominent les émissions (64%). À l’opposé, les trajets domestiques ou continentaux sont les plus courants mais la réduction potentielle est limitée. Seul diminuer en fréquence et en distance les trajets permettra de diminuer l’empreinte carbone, concluent les auteurs. C’était également une des conclusions de notre analyse plus journalistique du printemps dernier.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Pointeur-hochet. Venir en conf avec son bébé ? Pourquoi pas si une garderie est proposée. Le problème se pose notamment pour les conférences se tenant le weekend – une pratique largement critiquée mais malheureusement difficile à modifier –, les chercheuses ne voulant pas faire reposer toute la charge sur leur conjoint. Nature fait le tour de plusieurs initiatives en biologie et santé, de l’Espagne aux États-Unis.

→ Relativisme local. Ses opinions le rendent-il incompétent pour évaluer des articles scientifiques ? L’ex-éditeur en chef de la revue eLife Michael Eisen, remercié suite à ses propos jugés inappropriés sur le conflit israélo-palestinien, regrette le gâchis engendré. Tentant d’éteindre la controverse, la revue n’a fait que la raviver ↯, analyse le Monde. Mais tout cela n’est rien en regard de ce qui se passe au Moyen-Orient, relativise le biologiste.

→ Tout-terrain. Sa condition de chercheuse, Fariba Adelkhah aurait pu la mettre de côté devant la gravité de sa situation. Au contraire, elle ne semble l’avoir jamais quittée durant ses durant quatre ans et demi d’emprisonnement en Iran. Comme elle en témoigne sur France Culture, l’anthropologue a pris ses codétenues comme objet d’étude

→ Sur les ondes. Représentativité des femmes dans la recherche et sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles ? Les choses bougent… mais lentement, considère May Morris, chercheuse CNRS à Montpellier et représentante locale de l’association Femmes & Sciences. France 3 Occitanie accompagne le lancement d’une série de podcast par l’IRD et Radio Campus Montpellier. Consentement, stratégies d’évitement et sexisme bienveillant seront au programme.

→ Sous les pavés. Mai 68. Alors que le siège du CNRS est occupé, des chercheurs à tendance maoïste ou écolo distribuent des fanzines d’autocritique de la science. Aujourd’hui, d’autres les collectionnent, les numérisent, les étudient. La maîtresse de conférence à AgroParisTech Céline Pessis et le professeur à l’université Paris Cité Igor Babou le racontent dans l’émission de Mediapart Science Friction.

↯ : articles protégés par un paywall

J’ME PRÉSENTE, JE M’APPELLE HENRI

Et pour finir…

Vous savez chanter, vous n’avez pas peur des caméras ? Ça peut rapporter gros, comme le prouve ce doctorant en mathématique.